Appel à contribution – Ouvrage collectif
Penser l’obscurantisme aujourd’hui
Formes anciennes et nouvelles d’une notion controversée
Date limite de proposition : 15 septembre 2007
Disciplines concernées : philosophie, science politique, sociologie
Editeur : L’Harmattan
Coordination : Jean Zaganiaris, Erwan Sommerer
Le terme obscurantisme revient régulièrement aujourd’hui dans un contexte où l’on parle beaucoup de
terrorisme, d’extrémisme religieux, où l’on parle aussi depuis le 11 septembre de « choc des
civilisations », de « barbarie » et de « guerre des religions ». Si l’usage de ce mot sert parfois à
désigner les actes chargés de violences physiques ou symboliques qui refusent l’autonomie de la
société civile par rapport aux transcendances religieuses, il est également associé bien souvent sur le
mode de l’allant-de-soi avec la religion.
Or, cette association entre « obscurantisme » et « religion » ne se préoccupe ni des pratiques
religieuses multiples, hétérogènes et variantes des individus, ni d’autres phénomènes qui ne sont pas
forcément liés à la religion et qui pourraient également être qualifiés d’obscurantistes : le sexisme, le
colonialisme, le paternalisme, etc. Tout cela mène souvent à des confusions et à des amalgames plus
qu’à des réflexions pertinentes.
Ainsi en vient-on presque à se demander si l’obscurantisme existe vraiment en soi. En effet, tout
comme ce fut le cas autrefois pour la notion d’idéologie, le terme s’inscrit dans un jeu d’accusations
mutuelles où l’on est toujours l’obscurantiste de quelqu’un. Faut-il pour autant s’interdire de l’utiliser et
considérer l’obscurantisme comme un concept vide ?
Penser l’obscurantisme, c’est alors engager une réflexion sur la notion elle-même, sur ses origines,
son opacité ou sa polysémie, définir ses usages ainsi que les stratégies rhétoriques auxquelles elle
renvoie. Mais c’est aussi, à partir de cette réflexion initiale, déterminer s’il est encore possible d’utiliser
l’obscurantisme comme une catégorie opératoire pour définir certaines pratiques, certaines visions du
monde contemporains et de son évolution : ne pas se contenter d’un travail de définition conceptuelle,
mais prendre le risque, ensuite, de désigner ce que peut être l’obscurantisme aujourd’hui.
Le notion d’obscurantisme, tout d’abord, s’inscrit dans une histoire des idées politiques. Il faut donc
commencer par interroger cette histoire et se demander quelle a été la nature des premières attaques
contre les Lumières, la démocratie et l’humanisme. Peut-être faut-il ainsi cesser d’aborder les