1 LES SOINS ANTALGIQUES CONTRE LES DOULEURS INDUITES

LES SOINS ANTALGIQUES
CONTRE LES DOULEURS INDUITES
CHEZ LA PERSONNE ÂGÉE EN INSTITUTION
Ne jamais oublier que la douleur la plus facile à soigner est celle de l’autre.
A cause de leur pratique quotidienne et de la facilité de leur application, ces soins exigent une
continuelle démarche de qualité des soins et une éducation à la santé dirigée vers tout le
personnel soignant, vers le patient et son entourage. L’amélioration de notre pratique passe
par la prise de conscience que tout acte, le plus anodin soit-il, peut être source de douleur
chez un patient âgé. Le maître mot de la prévention, c’est l’anticipation.
Anticiper et bien soigner exigent de la personne soignante une connaissance de l’art
de soigner, une empathie et une dimension humaine.
1-Ecouter le patient et son entourage
L’amélioration de l’écoute des paroles des patients et de leur entourage et savoir leur
expliquer ce que l’on prescrit et pourquoi on le prescrit. Ces moments sont précieux pour la
conduite des soins et leur efficacité.
Même un patient dément doit recevoir des informations. S’il ne saisit pas tout, il pourra être
sensible à l’attention qu’on lui porte et au ton de la voix. Son entourage inquiet sera rassuré
et notre travail de soins valorisé.
Enfin les travaux de nos confrères canadiens confirment la plus grande efficacité des soins et
de la qualité de vie du fait de l’implication de la famille.
2-Rôle du médecin et de l’équipe des soins: le bénéfice pour le patient.
a) développer la culture de l’anticipation et de la prévention
Malgré l’entrée dans les mœurs de la pratique quotidienne des soins contre les douleurs
induites, le médecin doit toujours rester attentif aux conséquences douloureuses des actes
prescrits et les anticiper. L’équipe soignante devient de plus en plus attentive à l’identification
des situations et au bon déroulement des soins.
b) développer la formation continue pour permettre à l’équipe soignante de mieux repérer
les situations de douleurs induites, de comparer le travail accompli par rapport à celui d’autres
équipes, d’assurer du meilleur maniement des antalgiques et ne pas avoir peur de les utiliser.
c) organiser la chaine d’information qui arrive du patient et de son entourage
jusqu’à l’équipe soignante pour développer de nouvelles approches ou techniques de soins
quotidiens (prélèvements, pansements, toilette…).
d) Accepter de renoncer à certains actes ou soins douloureux, si le bénéfice n’est pas
certain pour le patient.
3-Les patients âgés sont particulièrement exposés à une souffrance lorsque les actes
prescrits se passent en dehors de leur cadre habituel de vie. Un simple transport à la radio
peut être une rude épreuve (chaos, secousses, attente, angoisse…). La chaine de soins
antalgiques ne doit pas s’interrompre. Un carnet avec les recommandations antalgiques remis
à l’équipe des ambulanciers permettra de prévenir l’équipe d’accueil arrive le patient à
poursuivre les soins ..
2
Les douleurs induites :
Les personnes âgées constituent une population fragile dans laquelle nous retrouvons des
spécificités au niveau des causes, du traitement et de la prévention des douleurs induites. Ces
dernières sont bien réelles, elles entravent la qualité de vie des patients et altèrent souvent la
relation de soin. Les limites d’âge pour proposer des actes diagnostiques et/ou thérapeutiques
reculent. Une médicalisation plus forte s’installe dans cette tranche d’âge.
Les progrès réalisés dans les soins antalgiques des douleurs induites chez les patients âgés
sont réels. Les douleurs induites par les actes ou les soins sont de mieux en mieux ciblées,
bien soignées et la qualité des soins évolue parallèlement à la qualité de vie des patients. Le
but actuel des différentes équipes est l’amélioration des pratiques du repérage des situations
induisant les douleurs et des soins à proposer.
.
LES SPÉCIFICITÉS GÉRIATRIQUES
1-La difficulté d’évaluer
Il est naturel que les actes de soins douloureux soient réfléchis et bien exposés au patient et à
son entourage. Auparavant l’évaluation sera faite. Elle sera démarrée dès le moment
l’indication est posée.
2-Lorsque les fonctions cognitives sont normales, le patient âgé peut contrôler son
ressenti et éventuellement formuler une plainte “adaptée” à l’acte. Ainsi, les expériences
douloureuses antérieures vont bien sûr modifier la plainte. Une personne âgée ayant un lourd
passé douloureux ou traumatique (maladie grave, handicaps multiples) pourra soit banaliser
les nouvelles douleurs induites Quand on a vécu ce que j’ai vécu… »), soit être totalement
envahie de douleur pour un acte minime qui peut paraître indolore pour tous. Le facteur
psychologique ne doit jamais être négligé. Il est toujours recommandé de réfléchir au patient
dans sa globalité : somatique et psychologique et d’utiliser les échelles d’évaluation
recommandées.
3-Lorsque les fonctions cognitives sont altérées, il faut
- se placer face au patient et lui expliquer les gestes et leurs difficultés mais aussi les
bénéfices attendus pour lui. le patient doit être préparé.
- expliquer les gestes à l’entourage.
- utiliser les échelles d’évaluation
Il faut toujours se poser la question : Comment le patient percevra-t-il le geste ? Le
personnel soignant n’oublie jamais que tout geste peut être vécu par le patient comme une
agression et son comportement réactionnel va paraître inadapté. Un tel comportement peut
entraver le soin et du même coup le rendre plus douloureux. Dès lors, l’évaluation de la
douleur ne sera pas aisée.
Le trouble du comportement peut signifier douleur, mais aussi incompréhension. À nous de
savoir proposer des stratégies de traitement, s’il y a suspicion de douleur. Les échelles
d’hétéro-évaluation de la douleur vont nous servir à identifier un comportement possiblement
douloureux.
4-La présence et/ou la participation de la famille est recommandée dans un cas
comme dans l’autre.
3
La population institutionnalisée : éducation à la santé
Les institutions accueillant des personnes âgées dépendantes sont de mieux en mieux
médicalisées. Ce séjour en institution favorise le développement d’une relation humaine et de
de soins. Le personnel soignant avec l’aide de l’entourage du patient, a pour but d’améliorer la
qualité de vie des résidents. Il faut apprendre au patient à mieux exprimer sa ou ses
douleurs : verbalisation, utilisation des échelles…, le patient apprendra, avec son entourage,
peu à peu que la douleur n’est pas une fatalité et qu’il faut savoir mieux l’exprimer que de la
taire. Il apprendra qu’en institution, les soins viennent à lui et qu’il faut savoir utiliser ce mode
de communication pour garder une bonne qualité de vie.
L’effet institution doit devenir favorable au patient et à l’équipe soignante car en développant
une éducation aux soins, le patient et le personnel soignant mettent en route une stratégie
productive pour lutter contre les douleurs. L’éducation aux soins comprend la réflexion sur les
douleurs induites. La réflexion est plurielle : médecin, patient, entourage, infirmiers, personnel
soignant, psychologue, kiné…. Les actes prescrits doivent être légitimes et productifs.
Si les fonctions cognitives sont altérées, le soin doit être clairement expliqué au patient et à
son entourage.
Quelles sont les douleurs induites le plus fréquemment rencontrées ?
Les actes diagnostiques et/ou thérapeutiques
la douleur la plus facile à soigner est celle de l’autre.
Il s’agit ci-dessous d’une liste des situations les plus fréquentes. Il est conseillé d’en
établir un tableau qui servira de « check-up » à vérifier pour chaque patient.
La répétition d’actes (qui pris séparément sont supportables) peut engendrer de la douleur et
particulièrement de l’anticipation anxieuse qui peut être mal interprétée par des soignants non
formés. « On ne l’a pas encore touché qu’elle crie ! « Cela ne peut pas être de la
douleur… »
1-ponctions veineuses ou artérielles, lombaires, articulaires, pleurales, osseuses ;
endoscopies bronchiques, digestives ; biopsies mammaires, prostatiques, hépatiques, ostéo-
médullaires pour ne citer que les plus fréquentes.
2-les infiltrations dont la réalisation sans préparation sont douloureuses. Il faut avertir
l’équipe qui accueille le patient pour ce geste et de son devoir de remplir le document de soins
préparé par l’institution à ce sujet. Pour les actes ambulatoires (hopital de jour), les patients
arrivent avec une perfusion de néfopam qui doit se poursuivre en post-opératoire.
3-Les retours des patients résidents après chirurgie ambulatoire sont souvent à
l’origine de douleurs parfois intenses. Les soins antalgiques sont obligatoirement
programmés et ciblés par le personnel soignant. Les soins démarrent par la lecture de la fiche
de transmission, par l’interrogatoire et l’évaluation des douleurs. Souvent le médecin
anesthésiste conseille l’utilisation de l’association du néfopam et d’un AINS ou du néfopam
associé ou non à un morphinique respectant l’immunosenescence pour contrôler les douleurs
4-Les soins infirmiers : soins d’escarres et pansements. Nous citons ces deux situations
jadis très douloureuses et actuellement bien « protocolisées », ciblées et bien soignées.
Actuellement, chaque unité dispose d’un programme de soins adaptés à chacune de ces
situations, il faut entrer en contact avec l’unité et travailler en harmonie en pré comme en
post-interventionnel.
4
5- la kinésithérapie postopératoire précoce ou plus tardive entre dans le cadre du
traitement des douleurs induites.
6-les gestes en radio-interventionnelle : (infiltrations, embolisations diverses, ….) ne
peuvent pas toujours bénéficier de la présence d’anesthésistes. Actuellement, chaque unité
dispose d’un programme de soins adapté à chacune de ces situations, il faut entrer en contact
avec l’unité et travailler en harmonie en pré comme en post-interventionnel.
7- Le myélogramme est très douloureux ; la ponction lombaire ; le prélèvement sanguin
artériel et la pose de perfusion intraveineuse sont moins douloureuses mais exigent une
préparation antalgique. Actuellement, chaque unidispose d’un programme de soins adapté
à chacune de ces situations, il faut entrer en contact avec l’uniet travailler en harmonie en
pré comme en post-interventionnel.
8-L’enchaînement d’actes multiples peut-être source de douleur, la personne âgée fragile
ne pouvant “récupérer” entre deux examens. Il faut savoir programmer les examens pour
éviter le rapprochement des actes d’antalgie contre les douleurs induites et favoriser la
récupération du patient.
9- Les soins des différents types de plaies : les plaies évoluant sur un mode chronique
sont fréquentes dans la population âgée : ulcères variqueux, plaies des extrémités dans le
cadre d’une artérite, escarres de décubitus.
Il faut noter les bons résultats obtenus par les soins et qui ont conduits à la raréfaction des
lésions cutanées du siège ou des organes génitaux externes dans le cadre de mycoses. Grâce
à l’amélioration des pratiques, les lésions dues aux phénomènes de macération n’existent
plus..
10-Les soins de bouche : malgré bien des efforts, peu de patients sont adressés pour
des soins dentaires. Ces soins sont d’autant plus exigés que le patient est porteur
d’un appareil.
Une attention particulière doit être portée pour les patients en fin de vie, et dès lors,
l’alimentation, la prise de boissons ou de traitements, pourront être source d’inconfort.
11-Les soins d’hygiène, des soins quotidiens comme : la toilette, l’habillage et la mise au
fauteuil (toujours non adapté) jadis à l’origine de douleurs sont actuellement bien ciblés et les
antalgiques bien utilisés.
Enfin notre attention doit être portée sur les inconvénients de certains transferts en
ambulance, d’épisodes de jeûne, de répétition des examensqui peuvent perturber les
mécanismes d’autocontrôle du patient.
Au total, les causes des douleurs induites sont multiples chez les personnes âgées. Depuis
près d’une décennie notre attention et nos actes de soins sont devenus plus performants.
Meilleur ciblage, meilleure connaissance de la physiopathologie, des soins antalgiques et une
grande place pour l’empathie.
ponctions veineuses
ou artérielles
soins d’hygiène
lombaires,
soins de bouche,
articulaires,
soins des différents
types de plaies
5
osseuses ;
Transferts en
ambulance
pleurales,
Enchaînement
rapide d’actes
multiples
endoscopies
bronchiques,
myélogramme
hépatiques,
kinésithérapie
digestives ;
Sortie -promenade
prostatiques,
Pose sonde vésicale
biopsies mammaires,
Ablation de fils
opératoire
ostéo-médullaires
Ablation de drains,
de sonde
soins d’escarres,
pansements
gestes en radio-
interventionnelle
TRAITEMENT DES DOULEURS INDUITES
Tous les actes ponctuels douloureux bénéficient obligatoirement d’une explication claire et
d’un traitement dont on évalue continuellement l’efficacité afin d’ajuster le traitement dans le
cadre de l’amélioration continue de la qualité des soins.
Dans le cas d’un soin, le traitement ne pourra être conduit sans l’étape fondamentale que
constitue l’évaluation des conséquences du geste et du statut anxieux du patient..
L’évaluation : avant et après le geste
À quel moment survient la douleur?
Malgré nos connaissances, il est primordial d’observer le déroulement complet d’un soin pour
déterminer ce qui fait mal afin d’améliorer la qualité du soin.
Exemples :
1- Le patient a-t-il mal avant qu’on le touche malgré notre explication?
C’est le signe de l’anticipation douloureuse et signe non pas un patient qui “en rajoute”, mais
un patient qui a mal et chez qui la douleur est mémorisée (conditionnement).
La participation anxieuse peut également induire ou majorer ce type de réaction.
Facilement, nous comprenons l’importance d’une nouvelle explication et de la participation de
la psychologue dans cette approche.
2- La douleur est-elle induite par les mobilisations nécessaires pour le soin ?
observation fréquente lors des transports, en salle de radio-interventionnelle. Il faut savoir
faire le geste sous couverture antalgique. La transmission des signes et symptômes ressentis
par le patient améliorera la pratique de nos soins.
3- Le patient a-t-il mal quand on enlève le pansement ?
1 / 11 100%

1 LES SOINS ANTALGIQUES CONTRE LES DOULEURS INDUITES

La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !