HEURE SAINTE POUR LE JEUDI SAINT
LES NUITS DE GETHSÉMANI: JÉSUS, ANDRÉ, MOI-ME…
Le Christ, pendant les jours de sa vie mortelle, a présenté avec un grand cri et dans
les larmes sa prière et sa supplication, à Dieu qui pouvait le sauver de la mort; et,
parce qu’il s’est soumis en tout, il a été exaucé. Bien qu’il soit le Fils, il a pourtant
appris l’obéissance par les souffrances de sa passion; et, ainsi conduit à sa
perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel.
(Hébreux 5,7-8)
Seigneur Jésus-Christ, tu es ici présent dans le Saint Sacrement; mais, ce n’est pas ta
seule façon d’être parmi nous. Dans les membres de ton « Corps », tu continues à souffrir
jusqu’à la fin des temps. Ta passion arrivera à terme seulement quand les dernières
larmes auront été versées et qu’aura disparu la dernière douleur; quand la dernière goutte
aura été donnée sur cette terre. Nous ne pourrons pas être tes disciples si ta croix ne
retombe pas aussi sur nous, si ta Passion ne nous touche pas.
Mais, si tu veux continuer à souffrir en nous pour notre salut et celui du monde pour la
gloire du Père, si tu veux compléter avec notre douleur et nos peines ce qui manque
encore à ta Passion, alors, notre vie aura une part petite, pauvre, mais réelle de ta nuit
à Gethsémani.
Durant cette soirée, nous désirons nous souvenir de tes “heures saintes” tout au long de
ta vie, mais aussi de celles de notre fondateur, le père André Coindre. Vos « heures
saintes » nous aideront à accepter les nôtres afin den faire un moment de grâce pour les
personnes qui nous sont proches et qui ont besoin de quelqu’un qui intercède pour elles et
qui les accueille.
Prière d’offrande
Seigneur, nous venons t’offrir cette “Heure sainte”. Nous voici prosternés à tes pieds
comme tu t’es agenouillé aux pieds de tes Apôtres. Nous nous présentons devant toi au
nom de tous nos frères, de tous nos collaborateurs, et, au-delà encore, au nom de toute
l’humanité pour laquelle nous nous considérons que
d’humbles représentants devant toi.
Nous venons prier pour toutes leurs nécessités, nous venons
te prier pour les justes et les pécheurs, pour les croyants et
les incroyants, pour les amis et les ennemis, pour les vivants
et les défunts, pour ceux qui nous sont proches et ceux qui
sont loin... Que nos yeux, qui tant de fois ont beaucoup de
difficulté à te percevoir, sachent découvrir ta présence dans
l’eucharistie. Nous intercédons pour les hommes et les
femmes de tous les temps. (Paroles inspirées d’André
Coindre).
1. JÉSUS SOUFFRE DEVANT L’ABANDON ET LE MÉPRIS
ENVERS LES PLUS PETITS
Le Coeur de Jésus s’est laissé émouvoir quand il a vu les enfants que les disciples
voulaient écarter de sa présence. Cette attitude provoqua en Jésus à la fois l’indignation et
une attitude d’accueil. Pour lui, les plus importants aux yeux de son Père étaient ceux que
les hommes considéraient moins.
On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher; mais les disciples les
écartaient vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants
venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur
ressemblent. Amen, je vous le dis: celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la
manière d’un enfant, n’y entrera pas.» (Mc 10,13-14)
ANDRÉ COINDRE ET LES ENFANTS ABANDONNÉS
La vie d’André Coindre, prédicateur renommé dans la ville de Lyon, changea quand il
rencontra les petites filles et les garçons abandonnés de sa ville, quand il visita les
prisons et les hôpitaux. Chaque rencontre avec ces enfants provoquait chez lui un désir
de proximité avec Jésus qui souffrait dans ces enfants et qui demandait compagnie.
En 1817, Monsieur André Coindre, voyant les hôpitaux et les prisons de Lyon se remplir
de jeunes enfants, résolut d’ouvrir un établissement pour les recueillir en vue de les retirer
du danger. Dans les prisons de Lyon, il rencontra des jeunes qui, après avoir subi une
réclusion plus ou moins longue, ne trouvaient aucun moyen de se placer. Cependant ils
étaient dignes d’un intérêt spécial par les soins particuliers que l’on prenait depuis quelque
temps pour les ramener à leur devoir. « Coupables dans un âge où l’on est plus léger que
méchant, plus étourdi qu’incorrigible, il fallait ne point désespérer de leur changement; il
fallait les environner de secours pour les former au bien, et les séparer, au milieu même
de la prison, de la société contagieuse des criminels qu’elle renfermait. » (Mémoires du F.
Xavier et Prospectus du Pieux-Secours, 1818)
ET MOI? ET NOUS?
Chacun d’entre nous s’est aussi retrouvé, tant de fois, avec ces enfants ou ces jeunes qui
nous demandaient de l’aide. Sommes-nous allés à leur rencontre ou avons-nous fait un
détour comme le prêtre et le lévite de la parabole? Durant cette soirée sainte, nous
voulons nous sentir proches d’eux et leur dire : Nous voici, comptez sur nous.
Seigneur, aide-nous à dépasser nos lâchetés, nos indécisions, nos commodités pour leur
donner une place dans notre cœur. Durant cette nuit, nous voulons prier pour nos élèves,
spécialement pour ceux qui en ont le plus grand besoin; nous désirons prier pour tous
leurs éducateurs, afin qu’ils ne défaillent pas dans leur mission.
2. JÉSUS SOUFFRE DEVANT L’ABANDON DES SIENS
Après avoir entendu le sermon du pain de vie, plusieurs disciples veulent partir parce
qu’ils considèrent ses paroles inacceptables. En réalité, ils se sont rendu compte combien
c’était exigeant de suivre Jésus. Jésus souffre quand il voit son groupe réduit au minimum,
mais il ne recule pas. Il sait que ce n’est pas le nombre qui compte mais la fidélité de son
« petit reste ».
Beaucoup de disciples, qui avaient entendu, s’écrièrent : « Ce qu’il dit est
intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter! » À partir de ce moment,
beaucoup de ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui. Alors
Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi? (Jean 6,60.66-67)
ANDRÉ COINDRE ET L’ABANDON DES FRÈRES DE VALBENOÎTE
Au début les choses ne seront pas faciles pour les Frères du père AndCoindre. Trois
mois ne se sont pas encore écoulés depuis la fondation quand le curé de Valbenoîte
s’érige en directeur absolu de cette Providence. Le père Coindre se voit alors dans
l’obligation douloureuse de renoncer à cette deuxième œuvre et aux cinq frères qui se
trouvent là. Nous pouvons penser que cette affaire a déclenché chez le père André un
moment très douloureux car, il semblait que tous ses rêves s’écroulaient. Néanmoins, il
écrit aux frères qu’il ne faut pas répondre au mal par le mal, « qu’il faut vivre avec eux en
toute charité». (Lettre V)
ET MOI? ET NOUS?
Nous sommes en train de vivre une sérieuse diminution de nos effectifs. Le nombre de
frères diminue. Maintenant nous n’avons plus de jeunes pour occuper les postes vacants.
Si nous pensons à l’avenir, nous pouvons expérimenter un vrai Gethsémani dont nous
entrevoyons une mort plus ou moins proche. Durant cette soirée, Seigneur, nous désirons
t’offrir notre petitesse et en même temps te dire par-dessus tout, que ta volonté soit faite.
Surtout, que nous ne soyons pas la cause qui empêche que cette volonté s’accomplisse.
Ne serait-il pas possible que tu envoies quelque autre ouvrier au champ des Frères du
Sacré-Cœur? Donne-nous d’être prêts à les chercher et à les accueillir.
3. QUAND L’ENNEMI EST DANS LA MAISON
Le rejet de sa famille et des autorités religieuses a été très dur pour sus. Il voulait être
quelqu’un de positif parmi les siens et désirait être un croyant fidèle dans la religion juive
dans laquelle il avait été éduqué et à laquelle il appartenait. Cependant, ses bons souhaits
se heurtèrent à un mur. Sa famille et les dirigeants religieux n’étaient pas de mauvaises
gens, mais ils voulaient défendre les institutions sacrées de la famille et de la religion. Ils
n’ont pas su découvrir Dieu qui se révélait à eux en Jésus.
Jésus entre dans une maison, de nouveau la foule se rassemble, si bien qu’il
n’était même pas possible de manger. Sa famille, l’apprenant, vint pour se saisir de
lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête.» Les scribes, qui étaient descendus de
Jérusalem, disaient : « Ce Jésus est possédé par Béelzéboul; c’est par le chef des
démons qu’il expulse les démons.» (Mc 3, 20-23)
ANDRÉ COINDRE ET L’INCOMPRÉHENSION DES AUTORITÉS ECCLÉSIASTIQUES
DE LYON
Le vicaire général chargé des congrégations religieuses comptait sur la petite
communauté que le père Coindre fondait pour fournir des frères au diocèse; il en avait
formellement exprimé le désir. Mais Monsieur Coindre leur avait répondu que « son œuvre
était une œuvre générale, qu’il ne voulait pas la restreindre à un seul diocèse. Piqués de
cette réponse, ils lui tournèrent le dos en lui disant : Eh bien, vous n’y gagnerez pas, nous
nous tournerons du côté de Monsieur Champagnat. Ce qu’ils firent en effet. C’est pour
cela qu’on fit annoncer dans les retraites pastorales, aux curés qui s’y trouvaient réunis,
que s’ils avaient quelques sujets propres à la vie religieuse, de les envoyer à Monsieur
Champagnat, et qu’à Monsieur Champagnat. Cela dura un certain nombre d’années, et on
refusait tout aux Frères du Sacré-Cœur ». D’autre part, on accusait le père André de
perdre son temps avec ses « petites œuvres » lui enlevant ainsi du temps pour la
prédication. (Mémoires du F. Xavier et Bissardon)
ET MOI? ET NOUS?
Il est pénible pour chacun d’entre nous d’accepter que quelqu’un pose continuellement
des entraves aux projets que nous proposons. Mais, cette douleur augmente quand ceux
qui mettent des obstacles sur notre route sont ceux qui devraient nous accompagner et
nous aider. Il est vrai que nous aussi nous sommes intransigeants et que nous acceptons
seulement les propositions qui coïncident avec ce que nous croyons être le plus pertinent.
Ce soir, nous désirons te prier pour les supérieurs de l’institut, de la province, des
communautés locales. Combien ils ont à souffrir! Ce qu’ils ont à supporter! Et, parfois, eux
aussi font souffrir leurs frères. Puissions-nous voir en eux ce Jésus qui, un jeudi Saint
s’est mis à laver les pieds des « frères de sa communauté »; qu’ils soient dans la
communauté les promoteurs de l’unité offrant le meilleur d’eux-mêmes pour accomplir le
désir de Jésus « que tous soient un ». Que nous soyons obéissants et que nous nous
efforcions tous en communion avec eux, d’unir nos volontés en Jésus-Christ.
4. SAVOIR ÊTRE, SAVOIR SE RETIRER
Jésus qui avait laissé son village et s’était établi à Capharnaüm et qui agissait comme
prophète itinérant, va visiter sa famille, ses amis et ses compatriotes. Il semble qu’il est
bien reçu. Ils l’invitent à parler dans leur synagogue. Apparemment, dans un premier
moment, ses paroles sont bien accueillies, mais… il y a toujours un mais, les choses
changent bientôt de couleur. Les envies propres aux villages et les jalousies face aux
vertus des autres font vite surface : pour qui se prend-il? Nous connaissons tous sa famille
et ils ne sont pas précisément des gens ni spéciaux ni hors de l’ordinaire! Qu’il cesse de
faire des « miracles » partout et qu’il les fasse ici dans son village… Nous sommes les
premiers à en avoir droit!...
Jésus s’en alla bien attristé de son village. C’étaient des bonnes personnes, ils les
aimaient tant… mais quand la jalousie intervient, elle détruit tout. sus savait qu’il était
le temps de partir… sans retour.
Jésus est parti pour son pays, et ses disciples le suivent. Le jour du sabbat, il se mit
à enseigner dans la synagogue. Les nombreux auditeurs, frappés détonnement,
disaient : « D’où cela lui vient-il? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et
ces grands miracles qui se réalisent par ses mains? N’est-il pas le charpentier, le
fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon? Ses sœurs ne
sont-elles pas ici chez-nous? » Et ils étaient profondément choqués à cause de lui.
(Mc 6,1-3)
LE DÉPART DE MONISTROL
Le père André était, par mandat de l’évêque, fondateur et supérieur général des
Missionnaires du Sacré-Cœur. L’évêque décida de confier à quelques-uns des pères les
plus capables, les paroisses les plus importantes de son diocèse et même, de nouvelles
paroisses qu’il commençait à créer. Il est clair que les grandes qualités du père Coindre,
les succès qu’il récoltait provoquèrent de la jalousie. Contrarié par ces circonstances qui
détruisaient l’œuvre qu’il avait créée avec tant d’effort et, désirant éviter des conflits avec
l’autorité épiscopale, il démissionne en tant que supérieur des Missionnaires et reprend le
chemin vers Blois, où l’attend le séminaire, et quelque chose de plus!
ET MOI? ET NOUS ?
Parfois nous pensons être indispensables dans une communauté ou dans un collège.
Mais, quelquefois, à cause du passage du temps, ou par nécessité de la mission
éducative, ou bien encore par des décisions des supérieurs qui dans quelques cas nous
ne comprenons pas trop arrive le moment de laisser une occupation, un travail dans
lequel nous avions donné le meilleur de nous-mêmes et même d’avoir à quitter un lieu. À
l’occasion, notre cœur pleure amèrement, à d’autres moments nous manifestons notre
colère et notre désaccord clairement; à d’autres moments encore nous acceptons avec
joie et disponibilité notre nouveau destin. Aujourd’hui, Seigneur, unis à ta prière dans le
Jardin, nous te demandons cette disponibilité que tu as eue même si elle nous faut
souffrir. Nous te demandons aussi, qu’à mesure que progresse notre vie, nous sachions
aller en diminuant car, c’est notre manière de grandir.
5. LES DIFFICULTÉS DE LA VIE
Personne ne désire la souffrance; ce serait du masochisme. Jésus fut une personne qui
aima profondément la vie et qui ne chercha pas la douleur. Il aimait les fêtes, le partage
d’un bon repas avec les amis, jouir de la nature. Mais plus que tout, il aimait que les
hommes soient heureux et à cause de cela, il eut à souffrir et à pâtir…, parce qu’il semble
bien qu’il plaît à certains le fait que les autres aient des ennuis et qu’ils aient à porter de
lourds fardeaux. Et Jésus, le Jésus joyeux, l’ami de la vie, eut à supporter des angoisses.
Il promit à ses disciples le bonheur des béatitudes… et la croix.
« Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il
reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perd;
celui qui s’en détache la garde pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir,
qu’il me suive; et je suis, aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert,
mon Père l’honorera. Maintenant mon cœur est troublé. Que dirai-je? Dirai-je :
Père, délivre-moi de ce qui va arriver en cette heure? Mais c’est pour cela que je
suis venu, pour passer par cette heure de souffrance.» (Jn 12,24-27)
LA VIE DIFFICILE À BLOIS
La vie à Bois fut franchement difficile pour le père André. Lui, l’homme d’action, eut à
passer beaucoup d’heures collé à la chaise de son bureau. Habitué au contact avec les
enfants et avec les gens dans les missions, tout d’un coup il se voit davantage en relation
avec des livres plutôt qu’avec des personnes. Ainsi il racontait son expérience dans une
lettre aux frères :
Je m'occuperai des règles quand j'aurai un moment pour respirer. Je suis à trimer
comme un malheureux. Il me faudra examiner sur la philosophie et la théologie,
nos séminaristes, et il y a treize ans que je n'ai pas vu ces matières. Ajoutez à cela
l'économie, la correspondance, les discours et instructions à faire chaque semaine,
les diaconales que j'aurai à Pâques et vous jugerez si je peux tout faire. J'ai
envoyé cependant au père Montagnac la règle des missionnaires en dix grandes
pages. (Lettre XX)
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