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RÉALITÉS FAMILIALES - 2001
“Les maladies rares empêchent de respirer, de bouger, de voir, d’entendre, de comprendre, de résister aux infections. Elles attaquent
souvent dès la naissance ou attendent 5, 15 ou 45 ans pour éclater, telle une bombe à retardement. Maladies rares, mais elles sont plus
de 5 000 et touchent 4 millions de Français. Elles peuvent décimer des familles et rendre angoissante chaque grossesse. Elles peuvent
aussi surgir à l’improviste sans que rien ne permette de les prévoir. Elles ont, pendant des siècles, été oubliées de la Médecine et de la
Science. Il n’existe pas de traitement pour la plupart d’entre elles. Elles ont une prédilection pour les enfants. Des premiers coups très forts
ont été portés grâce à l’extraordinaire rassemblement des Français pour le Téléthon.Comme les premiers enfants traités avec succès, les
malades sont sortis de leur bulle et de leur isolement. Ils sont allés frapper aux portes des hôpitaux et des laboratoires, ils se sont concertés
entre eux, ils ont eu le courage de s’allier, regroupant 70 associations différentes. Ils viennent à 3 000 de faire une grande marche à travers
Paris. Bienvenue à l’Alliance Maladies Rares.”
C’est par ces mots que Richard Bohringer accueillait la Marche des maladies rares le 9 décembre
2000, sur le plateau de France 2, lors du Téléthon.
Quelle reconnaissance pour ce collectif d’associations, né quelque 10 mois auparavant, le 24 février
2000, qui a, notamment, pour ambition d’être un porte-parole national reconnu, capable de porter les
revendications des associations de malades et celles des malades isolés, “orphelins” d’association, et d’influer
sur les politiques les concernant !
L’Alliance Maladies Rares est née de la volonté commune d’une poignée d’associations de maladies
rares qui prenaient conscience de leur isolement. Chacune d’elles représentait trop peu de malades pour
intéresser le grand public, les Pouvoirs publics, l’industrie pharmaceutique. Partant d’un principe, qui a
prouvé en bien des occasions son efficacité, “l’union fait la force”, elles se sont retrouvées 40 lors de la
création de l’Alliance, le 24 février 2000, puis 70 en décembre de la même année, entraînant avec elles,
pour une marche à travers Paris, malades, familles et amis réunis sous une même bannière, solidaires dans
leur combat contre ces maladies qui tuent, qui blessent, qui handicapent. Aujourd’hui, 83 associations ont
rejoint l’Alliance et demain elles seront encore beaucoup plus, pour faire entendre leur voix et dire que, si
les maladies sont rares, les malades, eux, sont nombreux et qu’ils ne doivent plus être les oubliés de la
recherche et de la médecine.
Certes, le contexte change et une reconnaissance, encore timide, des problèmes de ces maladies, se fait
jour. L’environnement devient plus favorable et l’AFM, jusqu’ici bien seule dans sa démarche en faveur des
maladies rares, se voit rejointe par des organismes publics comme l’Inserm et l’AP-HP. Les ministères de la
Recherche et de la Santé sont en train de réfléchir sur des actions à mener ensemble, pour qu’existe en France
une véritable politique en faveur des maladies rares. L’environnement européen évolue également avec
l’application du règlement sur les médicaments orphelins, adopté en décembre 1999, et le plan d’action commu-
nautaire en faveur des maladies rares. Le Comité des médicaments orphelins, opérationnel depuis avril 2000,
permet l’émergence de médicaments pour certaines maladies.
Certes, les avancées spectaculaires de la recherche génétique suscitent un immense espoir pour les malades,
comme l’a montré le traitement d’enfants, jusqu’alors contraints de vivre dans une “bulle”.
Il reste cependant un long travail à accomplir et, pour la plupart des maladies rares, les traitements
sont encore très loin. En attendant, il faut gagner du temps, jour après jour, et vivre avec la maladie,
ses souffrances et ses angoisses.
Merci à l’UNAF d’avoir consacré ce numéro spécial aux maladies rares et contribué ainsi à une
meilleure connaissance de ces maladies et montré, par les nombreux témoignages recueillis, la vie
quotidienne douloureuse et difficile des malades et des familles. Ce numéro de Réalités familiales aura
aussi permis de faire le point sur la problématique des maladies rares et de constater que, même si tout
n’est pas parfait, il y a des raisons d’espérer.
PROPOS
avant-
Françoise Antonini
Déléguée générale
Alliance Maladies Rares
Des raisons d’espérer