Le Rapport Blanc sur la scolarisation des enfants avec un handicap (mai 2011) confirme
statistiquement cette observation, mais il n’émet que des hypothèses sur l’augmentation des
troubles des apprentissages et des troubles sévères du développement sans interroger la
dimension sociale du phénomène, qui semblerait étrangement provenir d’une soudaine épidémie
de troubles
puisque les facteurs environnementaux ne sont pas considérés.
Aucune évaluation épidémiologique n’est réalisée à ce jour sur l’évolution des profils des
enfants et des adultes accueillis en établissement spécialisés sous le registre du handicap. Cette
absence de dispositif épidémiologique est significative d’un manque de volonté d’évaluer les
résultats d’une politique de scolarisation dans ses aspects contradictoires, mais bien plus
généralement aussi de la question sociale qui traverse la question du handicap.
Récemment, Andicat
s’est inquiété d’une évolution des publics accueillis dans ce type
d’établissement : certes des problématiques psychiques lourdes, consécutives à la réduction des
moyens dans le secteur de la psychiatrie, mais aussi des problématiques sociales associées à des
difficultés psychologiques, qui témoignent de l’arrivée dans les CDAPH de publics adultes
précarisés désormais inscrits sur le registre du handicap.
De même les CAMSP, dont la vocation initiale est la prévention du sur-handicap par
l’accompagnement précoce de handicaps d’origine organique, voient leur file d’attente augmenter
significativement parce qu’ils accueillent une part significative de problématiques qui comportent
une dimension sociale.
Définition du handicap
La loi du 11 février 2005 qui promeut l’égalité des chances énonce la définition suivante du
handicap : « Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d'activité ou
restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en
raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques,
sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé
invalidant. »
Au regard de cette définition, qu’en est-il de la déficience intellectuelle acquise et associée à
un trouble comportemental et du trouble psychique actuellement qualifié de déficience mentale par
distinction de la déficience intellectuelle ?
Reprenons les termes de déficience, limitation, handicap, pour nous distancier des
représentations qui nous agissent, dont nous risquons de participer au détriment des jeunes
accompagnés. Comment être suffisamment au fait de ce qui se joue sociétalement pour ne pas
être vecteur d’un processus d’inégalité sociale, sans se dissimuler que nous en relevons.
La déficience est un manque. Certains prétendent que c’est une simple différence. Ils ignorent
alors que nous vivons dans un système de normes. La déficience d’une fonction est un manque au
regard d’un système de représentations sociales, représentations de ce qu’est l’humain. Etre
Pour exemple, le caractère exponentiel des annonces relatives à l’autisme, avec des formulations visant à frapper l’opinion
publique telles que « On évalue à 440 000 le nombre de personnes autistes en France, soit l’équivalent de la ville de Lyon ! »). Le
taux de prévalence passerait ainsi de 1 enfant sur 156 en 2003 : un sur 110 en 2009 et un sur 88 en 2012 ! (Le Quotidien du
Médecin, France 24)
Le public des établissements et services d’aide par le travail (ESAT) serait-il en train de changer ? Dans un courrier adressé le
24 avril à Sabine Fourcade, directrice générale de la cohésion sociale (DGCS), Andicat (Association nationale des directeurs et
cadres d’établissements et services d’aide par le travail) s’inquiète de l’orientation en ESAT de personnes faiblement handicapées.
Selon l’association, en Basse-Normandie, 10 % des personnes orientées dans ces structures relèvent d’un taux d’invalidité de moins
de 50 %.
« En principe, les usagers des ESAT présentent un taux d’incapacité d’environ 80 % », indique Gérard Zribi, président d’Andicat, qui
déplore assister au remplacement de personnes handicapées par des populations socialement précaires. Selon lui, les maisons
départementales des personnes handicapées (MDPH) « sont un peu démunies face à certaines situations de précarité pour
lesquelles elles n’ont pas de solution », ce qui les conduirait à opter pour une orientation en ESAT.