Revue d’anthropologie des connaissances
Appel à contributions
Dossier Thématique
Les discours scientifiques :
des marques linguistiques aux épistémologies
Numéro coordonné par Francis Grossmann
Lidilem, E.A. 609, Université Stendhal, Grenoble III
Si l’étude de la langue et de la rhétorique scientifique ont déjà fait l’objet de nombreux
travaux, la jonction entre ce versant linguistique et discursif et le versant plus proprement
épistémologique, au cœur des préoccupations de divers courants d’étude de la science, fait
l’objet de travaux peu nombreux. C’est cette jonction que ce dossier de la Revue
d’anthropologie des connaissances se propose d’effectuer. Du point de vue méthodologique,
les contributions de ce dossier prendront appui sur des recherches empiriques qui analyseront
des formes du discours scientifique clairement situées dans leur contexte de production, en
fonction de corpus décrits avec précision. L’expression discours scientifique sera, dans ce
dossier, comprise au sens large, incluant les sciences humaines et sociales.
Même si l’écrit scientifique est mis au centre des investigations du dossier, on pourra
s’intéresser également à des genres oraux, pour peu que l’écrit scientifique apparaisse bien en
arrière-plan et que l’étude apporte des éléments utiles à la compréhension de son statut dans la
communication. On privilégiera les études qui sauront fournir une interprétation fine et
argumentée des faits observés, en ne se limitant pas à comptages d’unités dans les textes ou
les discours analysés. Si d’évidence la linguistique est la première discipline concernée par ce
dossier, nous appelons des contributions d’autres disciplines comme l’histoire, la sociologie
ou l’anthropologie. Les contributions retenues auront en commun de chercher à relier les
formes du discours scientifique et les enjeux de connaissance que ce discours contribue à
construire ; elles s’orienteront autour de quatre problématiques principales :
- le marquage linguistique des enjeux épistémologiques dans le texte scientifique tels que
ceux-ci apparaissent par exemple à travers le positionnement de l’auteur, ou à travers le
marquage de la filiation intellectuelle, la mise en évidence des enjeux théoriques, dans les
sciences expérimentales ou dans les sciences humaines et sociales. ;
- la construction sociale de l’auctorialité scientifique dans ses aspects linguistiques,
sociologiques mais aussi anthropologiques, en tant qu’ils sont reliés à des enjeux de
connaissance ; les différences selon les modèles épistémologiques, les paradigmes,
l’imaginaire scientifique mis en jeu ;
- le raisonnement dans les genres scientifiques ; les relations causales, le système de la
preuve, l'évidentialité (au sens linguistique du terme) ; l'argumentation scientifique, dans sa
dimension linguistique et/ou en fonction des paradigmes épistémologiques sous-jacents ;
- les aspects sémiotiques, sémiographiques, phraséologiques et lexicaux dans les genres
scientifiques (schémas, graphiques, formules, et autres formes de représentation graphique),
en lien avec la construction d’un statut d’auteur scientifique : le rôle des schémas, et comme
emblèmes de scientificité en Sciences humaines, etc. ; les lexiques de la science comme
marqueurs identitaires (selon les disciplines, les épistémologies, les cultures, les genres
scientifiques, les langues).