II/ La publicité, modèle économique dominant
Nous allons maintenant voir ce qui a rendu Google riche : la publicité. En effet, la
célébrité de Google a entrainé une affluence de plus en plus importante. Dès lors, la publicité
a senti que ça pouvait être un bon filon que de siéger sur ce nouveau média. Ainsi, deux
algorithmes ont été mis en place : Adwords (en 2000) et Adsense (en 2003).
Le premier, Adwords, est un système d’enchère, adressé aux entreprises, pour l’achat de mots.
Autrement dit, une entreprise peut acheter des mots clefs en lien avec ce qu’elle produit et
pourra espérer jouir d’une meilleure visibilité sur le MdR au moment où ces mots là seront
utilisés par l’internaute lors de sa recherche. L’affichage de ces publicités peut se faire sous
différentes formes (textes, images, liens URL) et apparaît toujours en amont des résultats de
recherche.
Le second, Adsense, mesure la pertinence des publicités en fonction du nombre de clics sur
ces annonces publicitaires. La facturation, pour les entreprises, s’effectue au clic sur un lien et
non pas à l’affichage.
Depuis, Frédéric Kaplan, dans un article paru sur le monde diplomatique, nous apprend qu’il
existe un nouveau système d’enchère se faisant en trois étapes :
- le calcul du prix d’un mot : l’entreprise définit un prix maximum qu’elle serait prête
à mettre pour un mot clef spécifique
- le calcul du score de la publicité : Il va de 1 à 10 et est fonction de trois items, à
savoir la pertinence du texte par rapport à la requête ; la qualité de la page mesurée
entre autre par le temps de chargement ; et enfin le nombre moyen de clics sur la
publicité.
- Le calcul du rang : il détermine l’ordre dans lequel la publicité va apparaître sur
Google et il est définit par un calcul simple : rang = enchère * score
Ainsi, on a pu voir des mots, à l’instar de titres boursiers, qui pouvaient perdre ou prendre de
la valeur selon des évènements politiques, des catastrophes naturelles ou simplement des
changements de saison ; par exemple en hiver les mots « ski » et « vêtements de montagne »
ont une valeur marchande (décidée par l’enchère) plus importante qu’en été, et inversement
pour les mots tels que « bikini » ou « crème solaire ».
Enfin, Google, depuis peu, a mis en place des « outils » de corrections. Et cela rentre tout à
fait dans une dimension économique. Naifs nous serons de penser que ce MdR le fait pour
nous rendre service ou nous améliorer en grammaire ou en orthographe. En effet, quand
Google, lors d’une faute de frappe ou d’une faute d’orthographe que l’on peut faire dans la
barre de recherche, nous propose d’effectuer la recherche avec la correction, c’est simplement
qu’il transforme un matériau sans grande valeur en une ressource économique très rentable
pour lui et pour l’entreprise qui a fait enchère sur cet ensemble de mots. De même, quand
l’internaute commence une phrase dans la barre de recherche et que Google lui « propose » la
suite, ce n’est pas pour nous faire gagner du temps mais bel et bien pour nous « proposer »
(ici, imposer) de nous ramener dans un chemin économique et linguistique tracé par les
entreprises et les autres internautes. Ainsi, F. Kaplan nous dit qu’il ne s’agit pas en premier
lieu d’outils de corrections mais avant tout d’outils économiques et linguistiques, voire même
d’outils d’économie de la linguistique. Le risque est que cela amène à une uniformisation du
langage, de la langue, et donc, par corolaire, de la façon de penser.