R-équivalence simultanée de torseurs : un complément `a l`article

R-´equivalence simultan´ee de torseurs : un compl´ement
`a l’article de P. Gille
Laurent Moret-Bailly
IRMAR (Institut de Recherche Math´ematique de Rennes, UMR 6625 du CNRS)
Universit´e de Rennes 1, Campus de Beaulieu, F-35042 Rennes Cedex
http://www.maths.univ-rennes1.fr/˜moret/
esum´e
Si Kest un corps fertile (✭✭ large field ✮✮ )etGun groupe fini, on montre que toute
famille finie de G-torseurs sur K, qui sont R-´equivalents, s’obtient par sp´ecialisation `a
partir d’un G-torseur g´eom´etriquement irr´eductible sur un ouvert de P1
K. Ceci r´epond
notamment `a une question de P. Gille [Gi]. Les ´enonc´es sont ensuite reformul´es en
termes de R-´equivalence de points rationnels sur les vari´et´es de la forme GLr,K /G.
Abstract
If Kis a “large” field and Gis a finite group, we show that any finite family
of R-equivalent G-torsors over Kis obtained by specialization from a geometrically
irreducible G-torsor over an open subset of P1
K. This answers a question of P. Gille
[Gi]. The results are also stated in terms of R-equivalence of rational points on
varieties of the form GLr,K /G.
AMS 2000 subject classification: 11S15, 11S25, 12G05, 12E30, 14H30.
Accepted for publication in Journal of Number Theory as of January 23, 2001.
L’auteur est membre du r´eseau TMR ✭✭ Arithmetic Algebraic Geometry ✮✮ (contrat ERB FMRX 960006).
1
Si Kest un corps local non archim´edien, `a corps r´esiduel fini, et si Gest un groupe fini
d’ordre premier `a la caract´eristique r´esiduelle de K, alors P. Gille montre dans [Gi] que
tout G-troseur Xsur Kest R-´equivalent au torseur trivial, et demande si deux G-torseurs
quelconques sont ´el´ementairement R-´equivalents, i.e. proviennent par sp´ecialisation d’un
G-torseur sur un ouvert de P1
K. Nous allons montrer qu’il en est bien ainsi, et que l’on
obtient mˆeme ainsi tous les G-torseurs simultan´ement :
Th´
eor`
eme 1 Soit Kun corps local non archim´edien, `a corps r´esiduel fini de carac-
eristique p, et soit Gun groupe fini d’ordre non divisible par p. Alors il existe un ouvert
Ude P1
Ket un G-torseur VU, avec Veom´etriquement irr´eductible sur K, tels que
l’application naturelle
U(K)−→ H1(K, G)
eduite de Vsoit surjective.
De fa¸con plus g´en´erale, un corps Kest dit fertile si, pour tout K-sch´ema lisse connexe
X, l’ensemble X(K) est vide ou dense dans X. Cette notion a ´et´e introduite par F. Pop
sous le nom de ✭✭ large field ✮✮ ; voir [CT] et [MB] pour des exemples et des applications. Il
est imm´ediat que, sous les hypoth`eses du th´eor`eme 1, Kest fertile ; d’autre part H1(K, G)
est fini. Compte tenu du th´eor`eme 1 de [Gi], cit´e plus haut, notre th´eor`eme1r´esulte donc
du
Th´
eor`
eme 2 Soient Kun corps fertile, Gun K-sch´ema en groupes fini ´etale, nN,
et X1, ..., Xndes G-torseurs sur Kqui sont R-´equivalents entre eux. Alors il existe un
ouvert Ude P1
K,unGU-torseur f:VU,o`uVest eom´etriquement irr´eductible sur
K, et des points rationnels x1, ..., xnU(K)tels que, pour chaque i,leG-torseur Xisoit
isomorphe `a f1(xi).
emonstration. Quitte `a augmenter non peut supposer que, pour chaque in1, les
torseurs Xiet Xi+1 sont ´el´ementairement R-´equivalents : il existe donc un G-revˆetement
(ramifi´e) fi:CiΓi=P1
Kinduisant Xien0etXi+1 en ,o`uCiest une K-courbe
projective normale et g´en´eriquement lisse. De plus, d’apr`es [MB], th´eor`eme 1.1 (ou [CT],
Theorem 1, si Kest de caract´eristique nulle et Gconstant), on sait qu’il existe fn:CnP1
K
induisant Xnen 0, avec Cnlisse g´eom´etriquement irr´eductible. On construit alors une
courbe Γ0de genre 0 `a singularit´es ordinaires en identifiant le point de Γiau point 0
de Γi+1 (1 in1), et un G-revˆetement f0:C0Γ0par recollement des Ci(via les
isomorphismes f1
i()
Xi+1
f1
i+1(0)). Noter que chaque Xiapparaˆıt comme fibre de
f0en un point lisse εiΓ0(K) (il apparaˆıt une infinit´e de fois comme fibre de fi, puisque
Kest fertile). De plus C0est g´eom´etriquement connexe puisque sa composante Cnl’est,
et qu’elle est connect´ee `a toutes les autres.
Par d´eformation on construit alors un diagramme, `a carr´e commutatif, de K-sch´emas
eduits de type fini
2
sS
UΓ
VC
−→
−→
ei(1in)
ffU
dans lequel :
(i) Sest une courbe affine lisse connexe sur K,etsS(K);
(ii) Γ et Csont des S-courbes projectives et plates, et fest un morphisme fini et plat ;
(iii) Gop`ere sur Cpar Γ-automorphismes ;
(iv) le K-morphisme fs:CsΓsest isomorphe (avec l’action de G)`af0:C0Γ0
construit ci-dessus ;
(v) Uest un ouvert de Γ dense dans chaque fibre ;
(vi) V=f1(U), et Vest un G-torseur au-dessus de U;
(vii) Γ est lisse au-dessus de S−{s};
(viii) les ei(1 in) sont des sections de Usur S,etei(s)=εi;
(ix) si xest un point singulier de Cs,lesch´ema Spec (OC,x)−{x}est r´egulier.
Pour cela on proc`ede d’abord comme dans [MB], §5 (reposant sur les r´esultats de
[H-S]) pour obtenir un diagramme similaire o`u Sest remplac´e par Spec K[[t]] ; on invoque
ensuite le th´eor`eme d’approximation d’Artin, comme dans le th´eor`eme 2.7 de [MB]. Comme
le lecteur le constatera, la seule diff´erence — qui n’affecte pas la construction — avec la
situation de [MB] est qu’ici les courbes normales Cine sont pas n´ecessairement lisses aux
points de ramification de f0, de sorte que C0n’est pas une ✭✭ courbe nodale ✮✮ au sens de
loc. cit.
Les conditions ci-dessus impliquent que les fibres de Γ sur S−{s}sont des droites projec-
tives (elles sont de genre 0 et ont un point rationnel) et que celles de Csont g´eom´etriquement
connexes (puisque C0l’est). De plus la condition (ix) s’´etend `a tous les points ferm´es xde
Cs: en effet, si xest un point r´egulier dans Cs, alors Csinduit au voisinage de xun diviseur
de Cartier r´egulier, donc xest un point r´egulier de C.Ilenr´esulte que la fibre g´en´erique de
Csur Sest eguli`ere, et donc eom´etriquement irr´eductible : elle est irr´eductible puisque
connexe et r´eguli`ere, et elle conserve ces propri´et´es par extension s´eparable du corps de
base, ce qui suffit. Quitte `a restreindre S, on peut donc supposer que les fibres de C, sauf
Cs, sont g´eom´etriquement irr´eductibles. En particulier, pour tout tS(K) distinct de s,
Vtest g´eom´etriquement irr´eductible sur K(et lisse, car ´etale sur Ut).
Pour chaque ion dispose, par restriction de f`a la section ei, d’un G-torseur TiS
qui induit Xiau point s. Comme Kest fertile il existe donc tS(K), distinct de s, tel
que pour chaque ila fibre de Tien tsoit isomorphe `a Xi.LeG-torseur Vt→U
tepond `a
la question.
Les corollaires suivants nous ont ´et´e signal´es par Jean-Louis Colliot-Th´el`ene ; le premier
n’est qu’une reformulation du th´eor`eme 1 en termes de R-´equivalence sur certains espaces
homog`enes :
3
Corollaire 1 Sous les hypoth`eses du th´eor`eme 1, soient rNet GGLr,K un
morphisme injectif. Notons Xle K-sch´ema quotient GLr,K /G. Alors il existe une courbe
(affine) K-rationnelle UXtelle que l’application
GLr(K)×U(K)X(K)
eduite de l’action de GLr,K sur Xsoit surjective.
Sur les corps fertiles, on d´eduit du th´eor`eme2un´enonc´ede✭✭ R-´equivalence ´el´ementaire
simultan´ee ✮✮ dans les espaces homog`enes de la forme GLr/G :
Corollaire 2 Soient Kun corps fertile, net rN,etGun sous-groupe fini ´etale de
GLr,K . Notons Xle K-sch´ema quotient GLr,K /G. Soient P1,... ,P
nX(K). Supposons
que P1,... ,P
nsoient R-´equivalents dans X. Alors il existe un ouvert Ude P1
Ket un
morphisme ϕ:UXtels que tous les Piappartiennent `a ϕ(U(K)).
emonstration. Remarquons d’abord que si Test un K-sch´ema, la donn´ee d’un ´el´ement
de X(Tequivaut `a celle (`a isomorphisme pr`es) d’un G-torseur TTmuni d’une trivia-
lisation du GLr,T -torseur T×GGLr.
Les donn´ees fournissent donc en particulier des G-torseurs X1,... ,X
nsur K, qui sont
R-´equivalents vu l’hypoth`ese sur les Pi.Leth´eor`eme 2 fournit donc un G-torseur Vsur
un ouvert Ude P1
K, induisant les Xien des points Qide P1(K). Le GLr,U -torseur W:=
V×GGLrUest en outre muni d’un point rationnel Riau-dessus de chaque Qi,etle
probl`eme consiste simplement `a trouver, quitte `a restreindre U, une section de Wpassant
par les Ri, ce qui est ´el´ementaire puisque West trivial sur l’anneau semi-local des Qiet
que GLr,K est un ouvert d’espace affine.
L’auteur remercie Jean-Louis Colliot-Th´el`ene et Philippe Gille pour leurs remarques.
ef´erences
[CT] J.-L. Colliot-Th´
el`
ene,Rational connectedness and Galois covers of the projec-
tive line, Ann. of Math. 151 (2000), 359-373.
[Gi] P. Gille,R-´equivalence sur les G-revˆetements sur les corps locaux non archim´e-
diens, J. Number Theory (2001).
[H-S] D. Harbater et K. F. Stevenson,Patching and Thickening Problems, J. Algebra
212 (1999), 272-304.
[MB] L. Moret-Bailly,Construction de revˆetements de courbes poinees, J. of Algebra
(2001) (`a paraˆıtre).
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