1 LES PREMIERS CONFLITS (1419–1423) 2
1.2 La guerre contre Venise
Oubliant les rancoeurs familiales, Albert V prend la d´ecision p´enible de
rejoindre l’alliance hongroise, comprenant aussi la Boh`eme et le duch´e de
Luxembourg. il s’agit de rompre l’isolement diplomatique de l’Autriche et
de parvenir `a terme `a faire ´elire un Habsbourg `a la tˆete des Etats magyars
et tch`eques. D`es le d´ebut des pourparlers, Albert s’aper¸coit que cette al-
liance a d´ej`a d´eclar´e la guerre `a Venise. D´esirant acqu´erir un acc`es sur la
mer Adriatique, et esp´erant faire valoir ses droits sur l’Istrie, l’Archiduc voit
apparaˆıtre une occasion unique de mettre un terme `a un diff´erend territo-
rial qui l’oppose `a la R´epublique v´enitienne depuis que la ville de Trieste,
inqui`ete des progr`es de la ville des Doges, s’est plac´ee sous la protection des
Habsbourg en 1382. Il est temps pour Albert d’accroˆıtre son influence en
Istrie et de contrˆoler les d´ebouch´es maritimes de cette province, jusque l`a
jalousement d´efendus par Venise. Les pourparlers aboutissent rapidement et
l’Autriche d´eclare donc la guerre `a l’arrogante r´epublique en se joigant `a la
coalition hongroise. Il est convenu que l’arm´ee autrichienne, nombreuse de
40000 hommes dont 15000 cavaliers, se chargera d’attaquer directement la
capitale afin d’empˆecher que l’arm´ee v´enitienne, qui ne compte pour l’instant
que 15000 hommes, ne puisse recevoir de renforts. Les Hongrois pourront
ainsi mener des si`eges sans crainte d’ˆetre forc´es de lever le camp.
Toutefois, Albert esp`ere secr`etement pouvoir faire valoir ses droits sur
l’Istrie, que Sigismond de Luxembourg convoite ´egalement. A cette fin, il
d´ecide de diviser ses forces en deux arm´ees : 14 000 fantassins iront assi`eger
la province montagneuse de l’Istrie en essayant de prendre de vitesse l’arm´ee
hongroise. Le reste de l’arm´ee est envoy´e `a Venise afin de d´etruire l’arm´ee
v´enitienne et d’affaiblir l’´economie de la r´epublique marchande. Malheureu-
sement, l’arm´ee v´enitienne a anticip´e la manoeuvre et oblige les troupes
autrichiennes `a ´evacuer l’Istrie. Les Hongrois, apr`es une victoire rapide, en-
treprennent un long si`ege de Trieste (Fortifications niveau 2) ce qui
d´esesp`ere Albert. Par d´epit, il d´ecide malgr´e tout de s’en tenir au plan ini-
tial et met le si`ege devant Venise en avril 1419. L’arm´ee autrichienne r´esiste
face `a aux troupes fraˆıchement lev´ees par Venise. Ces derni`eres retraitent au
Tyrol, o`u elles sont vaincues de nouveau par l’arm´ee destin´ee initialement `a
la prise de l’Istrie. Les rares survivants parviennent `a atteindre Salzbourg,
o`u elles se contentent de commettre quelques pillages. Afin de hˆater la chute
de Venise, Albert d´ecide de regrouper toutes ses forces disponibles devant la
ville. Celle-ci tombera moins de deux ans plus tard, en janvier 1421. Albert
exige alors des V´enitiens la province d’Istrie, qui r´esiste courageusement aux
arm´ees hongroises. Apr`es avoir essuy´e deux refus en f´evrier et en octobre,
il obtient gain de cause en d´ecembre, apr`es la chute de l’Istrie et de la Dal-
matie. Bien que les Hongrois contrˆolent Trieste, ils doivent c´eder devant les
demandes d’Albert, que le contrˆole de la capitale v´enitienne met en position
de force. Les Hongrois poursuivront la lutte mais ne pourront obtenir qu’une