
De nombreux facteurs sont à prendre en considération
avant d’envisager la pose d’implants dans le secteur
mandibulaire postérieur atrophié [2] :
n la dimension du tissu osseux au site d’implantation
qui est responsable en l’état d’un ratio couronne/im-
plant parfois défavorable
n la proximité du nerf alvéolaire inférieur et du fora-
men mentonnier
n la quantité de gencive kératinisée
n la situation de la muqueuse libre en regard de la crête
alvéolaire
En termes de délai, les techniques d’augmentation de
volume osseux nécessitent une période de cicatrisation
à laquelle il faut ajouter souvent, dans un second temps,
une correction des tissus mous. Un os de vascularisa-
tion adéquate est nécessaire pour que la greffe gingivale
et les implants dentaires aient un environnement biolo-
gique favorable.
Classification des déficits osseux
L’importance de la perte osseuse est relative à l’étendue
de l’édentation. Elle est souvent importante dans les
secteurs molaires tendant à se réduire à l’os basal avec
une ostéolyse à prédominance verticale [1], d’autant
plus que les résorptions osseuses maxillaire et mandi-
bulaire évoluent dans une direction opposée (centripète
au maxillaire et centrifuge à la mandibule). L’apprécia-
tion du contour de la crête alvéolaire, en termes de hau-
teur et de largeur, grâce aux examens radiographiques
(TDM, CBT...), aboutit à la définition du type de déficit
osseux qui permet d’orienter notre choix vers une tech-
nique de correction plutôt que vers une autre.
Ce dernier est souvent mixte, tel que décrit dans les
classes V et VI de Cawood et Howell, classification
souvent retenue dans la littérature.
Les différentes techniques
d’augmentation osseuse
Déficits osseux horizontaux
n Les Greffes Osseuses d’Apposition latérale consis-
tent à apposer un bloc cortico-spongieux autogène, al-
logène ou xénogène (TBF, Biobank, Puros…) ou des
granules de biomatériaux, ou un broyat d’os, ou une
association de certains de ces matériaux. L’os auto-
gène a été considéré jusqu’à présent comme le « gold
standard » et les sites donneurs associés à une moindre
morbidité sont, en intra-buccal la symphyse menton-
nière et le ramus mandibulaire [37], et en extra-buccal
l’os pariétal [21]. Cependant, Cochrane d’Esposito et
al. de 2010 [28] n’observent pas de différence signi-
ficative concernant le gain osseux et les complica-
tions, que ce soit entre les particules d’os autogène et
allogène ou entre les blocs osseux autogènes et ceux
d’origine bovine. L’étude comparative de Chaushu
et al. en 2010 [36] parvient aux mêmes conclusions
quant aux complications relevant de l’augmentation
osseuse avec des blocs osseux allogènes
.
n La ROG (Régénération Osseuse Guidée) trouve
ses indications dans la correction de petits défauts
alvéolaires. Elle consiste à interposer une membrane
résorbable ou non entre le défaut osseux et le tissu
conjonctif gingival afin qu’il ne soit colonisé que par
des cellules ostéogéniques. L’utilisation d’un maté-
riau (os autogène ou substituts osseux) placé et stabi-
lisé au sein du déficit osseux est nécessaire à l’obten-
tion de résultats satisfaisants [23].
n L’expansion alvéolaire par clivage consiste à élar-
gir les crêtes alvéolaires dans le sens transversal et
peut être pratiquée aussi bien au maxillaire qu’à la
mandibule pourvu que la hauteur de crête soit suffi-
sante [24, 41]. Cette technique a été développée par
Tatum dès 1979 puis reprise par de nombreux auteurs
pour aboutir à la mise en place simultanée d’im-
plants (Bone splitting technique) publiée dès 1986
par Nentwig et Kniha [25]. Les travaux de Scipioni et
al. en 1994 puis 1999 [26, 27] montreront que même
sans utiliser de matériau de comblement et en réali-
sant un lambeau d’épaisseur partielle conformément
aux recommandations de Tatum, les taux de survie
implantaire sont similaires à ceux observés dans les
sites non augmentés.
Déficits osseux verticaux
n Pour pallier à l’importante densité de la corticale cres-
tale en région mandibulaire postérieure, les greffes
« en onlay » ou « d’apposition » verticale nécessitent
une préparation de toute la surface du site receveur
par scarifications ou micro-perforations, afin d’assu-
rer un apport vasculaire malgré une incision décalée
en vestibulaire et dès lors, défavorable à la vascula-
risation périostée. De même, la vascularisation pro-
venant du lambeau de recouvrement du greffon étant
faible, on ne décolle pas le périoste en lingual [10].
La difficulté de cette technique réside dans la ferme-
ture du site sans exercer de tension. Le risque d’ex-
position du greffon et les complications infectieuses
sont dus à la déhiscence muqueuse.
n Les ostéotomies segmentaires « en sandwich » ou
« greffe en inlay ». Technique développée pour la
1ère fois en 1977 par Schettler et al. [6], puis des va-
riations en ont été décrites par différents auteurs [7,
8, 9] pour finalement aboutir à cette variante [10] :
il s’agit de la translation verticale d’un segment frac-
turaire détaché de l’os basal en respectant le périoste
lingual, apport de l’indispensable vascularisation
au segment osseux et de l’os d’interposition [39].
Cette technique permet un apport vasculaire bien
meilleur à l’os d’interposition comparé à celui
des greffes d’apposition et une utilisation opti-
male de l’os basal dont la résorption est faible [12].
La piezochirurgie a véritablement révolutionné l’os-
téotomie segmentaire par son innocuité vis-à-vis des
tissus mous (ici le mucopérioste lingual essentiel
à la vascularisation) et des éléments anatomiques
nerveux. L’introduction des inserts coudés a rendu
l’ostéotomie segmentaire en région postérieure