//// LA DIALYSE L’AUTONOMIE EST-ELLE ENCORE JUSTIFIÉE ? Les décrets les plus récents sur l’organisation du traitement de l’insuffisance rénale chronique dans notre Thierry PETITCLERC, Malik TOUAM, Paul RAYMOND, Bertrand UTZINGER Association pour l’Utilisation du Rein Artificiel en région parisienne (AURA). pays confèrent à juste titre au patient le droit de choisir la modalité de traitement qu’il souhaite et en particulier de refuser l’autonomie qui lui est, ou devrait lui être proposée. Pourtant nous voudrions affirmer notre conviction que l'autonomie en dialyse, qu'il s'agisse d'hémodialyse ou de dialyse péritonéale, doit continuer à être encouragée, même si les arguments ont bien changé au cours du temps. Historique La deuxième moitié du XXème siècle a vu émerger la possibilité de traiter l'insuffisance rénale parvenue au stade terminal par la prise en charge en dialyse chronique, sauvant ainsi les patients d'une mort jusqu’alors certaine. Cependant cette possibilité s'est immédiatement heurtée à l’importance et au coût des moyens nécessaires à la mise en oeuvre de ce traitement. Les néphrologues les plus anciens d'entre nous se souviennent amèrement des séances du "tribunal" durant lesquelles était décidé, sur des critères qui ne pouvaient être totalement objectifs, qui serait traité par dialyse et qui serait condamné à mourir. Afin de pouvoir proposer ce traitement le plus rapidement possible au plus grand nombre, des associations à but non lucratif ont vu le jour, d’abord en région parisienne puis dans les autres régions de notre pays. Ainsi l’Association pour l’Utilisation du Rein Artificiel en région parisienne (AURA) a été fondée dès 1968 dans le but d’une part 44 /// Reins-Échos n°5 - www.rein-echos.com de créer rapidement des centres de dialyse destinés à prendre en charge au long cours ces malades chroniques, d’autre part d’étudier les moyens de diminuer le prix de revient de la dialyse en évaluant de nouvelles méthodes de traitement. L’AURA a été la première structure en France à développer à grande échelle l’hémodialyse à domicile en assurant la formation du patient et de son entourage, l'installation du traitement au domicile et la surveillance médicale du patient. Elle a ensuite développé les autres modalités de dialyse autonome, à savoir l’hémodialyse en unité d’autodialyse et la dialyse péritonéale à domicile. Nombreux ont été les patients qui ont ainsi pu être sauvés alors que les places manquaient dans les centres de dialyse. Et il faut bien reconnaître qu’à l’époque l’autonomie, souvent obtenue au prix d’une sollicitation de l’entourage familial, n’était pas en règle un choix du patient, mais plutôt la condition indispensable pour pouvoir bénéficier d’un traitement par dialyse chronique. Le "tribunal" n'existe heureusement plus à notre époque qui permet de prendre en charge tous les malades relevant d’un traitement par dialyse chronique selon la modalité souhaitée par le patient (à quelques contreindications médicales près qui peuvent restreindre le choix). Et force est d’admettre que l’autonomie ne semble plus être de mode, puisque d’après le réseau épidémiologie et information en néphrologie (REIN) qui vient de publier ses données concernant l'année 2006, moins de 10 % des 24 921 patients dialysés enregistrés dans ce registre sont traités à domicile (un peu