INTRODUCTION
L’augmentation croissante de l’activité des services
d’urgence de notre pays implique une réflexion sur le
mode actuel d’accueil des patients. En effet, le service
d’urgence accueille dans une même unité de lieu des
patients dont l’état clinique est très différent et les
attentes également (1,2,3). De la pathologie bénigne à
l’urgence vitale, tous attendent une prise en charge
complète et rapide. L’absence de mesure d’éducation
de la population à l’utilisation d’autre recours renforce
cette problématique.
Ce qui a pour conséquences :
1. Un encombrement des salles d’urgences;
2. Un temps d’attente trop long pour un certain
nombre de patients;
3. Une prise en charge rapide des urgences critiques
parfois différées;
4. Un mécontentement, une insatisfaction de certains
usagers du service;
5. Des difficultés à respecter la confidentialité;
6. Des motifs de consultations cachés ou erronés;
7. Des risques importants de détérioration de l’état de
santé des patients en attente;
8. Des coûts élevés engendrés par la lourdeur de la
structure mise en place;
9. Un stress et une charge de travail très lourde pour
l’équipe du service des urgences.
Un des problèmes majeur qui découle de ce volume
important de patients, est d’adapter l’organisation du
service des urgences, afin de mieux gérer ce flux de
patients (4).
C’est dans cette optique que le triage et la bonne orien-
tation de ceux qui s’y présentent est devenu une exi-
gence incontournable. Dès lors, notre service d’ur-
gence étudie différents modèles de gestion de flux.
Dans ce contexte, le service des urgences a développé
un projet, soutenu par le Fond National de la
Recherche Scientifique, qui tente d’analyser et de
modéliser notre service quant à la prise en charge des
patients non programmés (5).
Pour ce faire, le service des urgences tente d’analyser
avec précision la population qui le sollicite et les
besoins réels en terme de soins de santé que cela
représente. En d’autres termes cela permet d’établir un
profil des utilisateurs de notre service.
D’autre part, une réflexion est menée quant à la perti-
nence d’un double tri préalable lors de l’admission de
malades. Afin de les orienter vers des modules de prise
en charge adaptés aux besoins engendrés par leur état.
Le but de cette réflexion est donc d’effectuer d’une part
un tri sur un délai requis de prise en charge du patient
(tri sur le temps) et sur le niveau de réponses en fonc-
tion de la plainte de départ du patient (tri sur l’orienta-
tion), et d’autre part diminuer les différents temps de
prise en charge du patient.
Le projet retenu se base sur trois niveaux de prise en
charge selon la plainte de départ, on y retrouve :
– «module 1» (qui correspond au patient qui nécessite
une simple consultation non programmée sans actes
techniques ou diagnostiques);
– «module 2» (qui correspond au patient qui nécessite
un bilan clinique mais aussi un bilan para-clinique
en urgence);
– «module 3» (qui correspond au patient qui nécessite
une réanimation ou un monitoring continu).
Pour mener à bien ce projet, il a fallu mettre au point
un outil de tri fiable, facile et performant. Afin de
mieux accueillir les patients et leurs familles et surtout
afin de leur prodiguer les soins les plus adéquats pos-
sible en fonction de leur pathologies et de leur niveau
d’urgence, les auteurs, soutenu par toute l’équipe des
urgences, ont proposé une grille de triage qui semblait
être la plus adaptée à notre service.
But du travail :
– choix d’une grille adapté à nos besoins;
– évaluer la facilité d’utilisation de cette grille;
– évaluer sa pertinence et détecter ses limites
– adaptation du modèle de base;
– validation de la grille comme outil de triage
Méthode :
Dans une étude prospective monocentrique (50.000
admissions/an), nous avons validé l’utilisation d’une
grille de tri inspirée du modèle CIMU (6) permettant
pour chaque plainte de donner un intervalle de temps
informatif (ITI), qui correspond au temps d’attente
maximum acceptable, en fonction de la plainte de
départ; Ces ITI vont de l’ITI 1 (moins de deux minutes)
à l’ITI 5 (moins de 120 minutes); mais également un tri
sur l’orientation (module (MOD) 1 à 3).
Pendant une période déterminée (15 jours), nous avons
réalisé grâce à la grille de tri, un tri virtuel, (basé sur la
146
Recherche en soins infirmiers N°72 - mars 2003
ARIATION
V
VALIDATION D’UNE GRILLE DE TRI : PREMIÈRE ÉTAPE DANS L’ANALYSE DU FLUX
DES PATIENTS ET DANS LA MODÉLISATION D’UN SERVICE D’URGENCE