D.R. FORMATION CONTINUE Placement de face, de dos, de profil. TENDINOPATHIES DU GENOU DE LA PATHOLOGIE À LA RÉATHLÉTISATION : LA PHYSIOMOTRICITÉ FONCTIONNELLE Le terme “tendinopathies” regroupe des lésions diverses telles que les tendinopathies d’insertion ou corporéale, les péritendinites ou encore les tendinopathies nodulaires. Pour les traiter, il existe un nouveau mode qui intéressera particulièrement les kinés du sport et leurs patients souhaitant reprendre une activité sportive : la méthode Ekkar GX3D. Présentation. PAR FRÉDÉRIC DUBAYLE * C ontrairement à ce que l’on a longtemps prescrit, la mise au repos complète d’un tendon présentant une souffrance n’est pas nécessairement une bonne chose. Au contraire, une activité bien dosée et contrôlée améliore la qualité de la réparation tendineuse. Par contre, une reprise de l’activité sportive précoce sur un tendon fragilisé s’avère très péjorative. Nous verrons successivement les facteurs favorisant, puis les principales techniques 24 / www.kineactu.com / n°1295 / Jeudi 25 octobre 2012 thérapeutiques de rééducation, et tout particulièrement une réhabilitation motrice globale basée sur une combinaison de travail de stabilité/mobilité musclo-articulaire associée à des gestes sportifs. Un travail excentrique et concentrique contre des résistances ajustables pluridirectionnelles en stabilité, puis en déplacement au plus proche de l’activité physique et de ses gestes combinés et complexes (méthode Ekkar GX3D). TENDINOPATHIES DU GENOU DE LA PATHOLOGIE À LA RÉATHLÉTISATION : LA PHYSIOMOTRICITÉ FONCTIONNELLE n Facteurs favorisants Exercices physiques intenses : Les tendons permettent la transmission des forces à travers l’organisme. Celles-ci peuvent être générées par les muscles ou provenir des contacts avec l’environnement. Ce sont ces forces aléatoires, qui mettent en jeu le maintien et l’équilibre lors de déplacement dans sa propre gravité, qui peuvent alors conduire à des phases inflammatoires. C’est la tendinopathie après un entraînement trop intense où les périodes de récupération sont insuffisantes. Une trop forte sollicitation du tendon crée une disproportion avec le muscle dont les fibres se renforcent dans l’activité alors que le tendon, lui, ne peut se développer après la fin de la croissance. La raideur musculaire : Un manque d’étirement, une perte de la visco-élasticité réduit la souplesse musculaire et provoque de fait un risque de tension accrue des fibres tendineuses. Les causes externes : Environnement matériel, terrain d’entraînement, chaussures, climat, alimentation, hydratation… n Kinésithérapie et physiothérapie, de la réhabilitation à la réathlétisation L’objectif est de rétablir l’état d’équilibre physiologique et fonctionnel (voir photo 9). La réathlétisation concerne la reprise d’activité physique, et en particulier toute la phase de réadaptation à l’exercice, mais également la phase de transition entre les soins et la reprise d’entraînement à la suite de blessure. GENOU Tendon rotulien Rotule Tendon du muscle couturier Tendons Muscle jumeau La tendinite apparaît lors de l’inflammation d’un tendon. FORMATION CONTINUE n Quadriceps ©Linda Bucklin /Istockphoto Modalités de survenue Les tendinopathies peuvent survenir lors d’activités sportives dont la durée s’est largement majorée ou dont l’intensité s’est majorée : Tendinopathie de traction : Sur une impulsion, un mouvement brutal et puissant. Mouvements répétitifs (des sauts, des freinages). Tendinopathie de frottement ou de compression : Frottement ou balayage répété débouchant le plus fréquemment sur une souffrance de l’enveloppe située autour du tendon (tenosynovite) ou de l’atteinte des structures de glissement (Bursite, syndrome du balayage). Tendinopathie par choc direct : Plus rare mais se révélant volontiers dans les sports de contact. Souvent associée à des lésions péritendineuses ou intratendineuses jusqu’au niveau du corps ou de l’insertion même du tendon. Localisation des différentes tendinopathies du genou. Son objectif est de favoriser la cicatrisation tendineuse et de reprogrammer le complexe musculo-tendineux pour la pratique sportive. Il s’agit d’un processus nécessaire à la prévention des blessures et à l’adaptation de l’organisme à un programme d’entrainement poussé. Le protocole de réhabilitation, puis de réathlétisation après blessure (provoquant une immobilisation relative,) se fait en cinq phases : 1- La phase de cicatrisation En cas de douleurs aiguës, on s’oriente vers des techniques antalgiques comme la cryothérapie, l’électrothérapie ou l’ionisation en complément du traitement médical. La rééducation associe des techniques visant à améliorer la vascularisation locale, le massage transversal profond (MTP), des phases d’étirement ou l’utilisation d’ultrasons. 2- La phase de stabilité Travail d’équilibre musculo-articulaire – statique contre des résistances ajustables et progressives – dans un ensemble d’axes multi-orientés qui va permettre au sujet de travailler dans une logique de chaînes musculaires dans leur constante rotatoire. Travail en appui et transfert d’appuis dont le rôle antigravitaire optimise la stabilité de la posture. Jeudi 25 octobre 2012 / n°1295 / www.kineactu.com / 25 D.R. FORMATION CONTINUE TENDINOPATHIES DU GENOU DE LA PATHOLOGIE À LA RÉATHLÉTISATION : LA PHYSIOMOTRICITÉ FONCTIONNELLE Déplacement latéral. Proprioception. Déplacement concentrique. 3- La phase de mobilité Travail en équilibre dynamique. Chaque région du corps alterne entre mobilité et stabilité. La coordination physique requiert une prise en charge fonctionnelle comme un tout ou un ensemble composé de plusieurs parties, avec pour chacune d’entre elles un rôle complémentaire et indissociable. L’efficacité du geste dépend de cette coordination et synchronisation entre le mouvement et l’ajustement postural. Elle s’acquiert par apprentissage et la répétition des différents schémas moteurs. Réafférentation neuromusculaire. n Travail alternatif en dissymétrie induisant les grands schémas du mouvement spiralé, qui résulte de la coordination des articulations en alternance des systèmes rotatoires externes et internes. Phase durant laquelle on centralise et on organise des informations pour les redistribuer sous une forme différente, adaptée au monde extérieur. La méthode Ekkar GX3D En dehors du classique traitement d’étirement des plans postérieurs et antérieurs, avec ou sans contracté/relâché, une technique originale a été développée par une équipe de kinésithérapeutes du sport. Celle-ci permet d’intégrer à nos cabinets un outil et une méthode pour ce travail de réhabilitation vers les phases de réathlétisation. C’est la méthode Ekkar GX3D. Ce protocole spécifique tendinopathie du genou et réathlétisation comporte trois orientations. 5- La phase de l’activité sportive 1- Le développement de la stabilité Traitement de l’information et biomécanique appliquée au terrain, réapprentissage du geste sportif préférentiel, travail de la puissance de la force, de l’endurance, de l’explosivité. C’est la Premier objectif : travailler la stabilité, cette capacité de tous les systèmes à rester inchangés et alignés en présence de changement d’appui ou de forces extérieures, type tractions 4- La phase de réathlétisation 26 vitesse d’exécution d’un mouvement ; c’est déclencher l’explosivité de l’énergie à l’instant T ; c’est développer la puissance d’un geste ; c’est décupler l’accélération d’un déplacement contre-résistance. Ces phases de prises en charge communes font appel à des qualités physiques distinctes, contradictoires, qu’il n’est pas facile de travailler de façon sélective ou combinée sans disposer d’espace, de temps et de moyens. / www.kineactu.com / n°1295 / Jeudi 25 octobre 2012 D.R. D.R. TENDINOPATHIES DU GENOU DE LA PATHOLOGIE À LA RÉATHLÉTISATION : LA PHYSIOMOTRICITÉ FONCTIONNELLE Pliométrie et renforcement. Ekkar GX3D pour travailler en concentrique contre-résistance et en déplacement de 1 à 8 m de débattement. FORMATION CONTINUE élastiques ajustables et progressives par l’entremise d’accroches articulaires autorisant 360° de mobilité (voir photo 10). Le sujet se place face à un plan vertical métallique de type espalier et structuré d’une dizaine de barreaux sur lesquels des boîtiers (au nombre de quatre ou six) viennent s’intégrer. En sort un ensemble de haubans élastiques dont la longueur et la résistance sont ajustables par un jeu de poulies et taquets de pré-tension, ce qui permet un travail statique ou en déplacement et contre-résistance. Première et deuxième semaines post-traumatiques : le patient est placé face à Ekkar GX3D, il a une accroche dite cinétique, sorte de ceinture autour de la taille reliée aux barreaux par deux haubans, et une deuxième accroche au niveau plateau tibial reliée à un autre barreau dans un axe biomécanique qui respecte le glissement fémoro-tibial. Il prend une posture type “sumo”, c’est-à-dire genoux fléchis, pieds à plat, haut du corps à la verticale, dos plat. Il débute par des flexions à 30° de haut en bas. Positions maintenues 15 à 30’’ et répétées une dizaine de fois. La traction antérieure des haubans crée alors une résistance imposant un travail excentrique. Recherche de stabilité et de gainage par la tension hauban/bassin et travail excentrique par le mouvement de flexion membres inférieurs sur un pas antérieur. Dans un deuxième temps, le sujet pourra se mettre de profil avec les mêmes accroches, déclenchant alors une sollicitation en instabilité latérale et rotatoire en y associant des appuis bipodaux, puis unipodaux et, dans un troisième temps, il se retournera dos à 2- Le développement de la mobilité Phase composée d’exercices d’orientations et de mobilités variables. Exercices dynamiques en flexion de genoux en bipodal de 10 à 45°, comportant une descente puis un “relevé” lent du tronc dans le maintien de la posture initiale du dos, membres inférieurs en parallèle, puis en fente avant. Travail face à Ekkar GX3D avec les mêmes accroches, le sujet se déplaçant en arrière contre-résistance en concentrique en sollicitant les chaînes postérieures, puis en revenant en excentrique freinant la traction des haubans. Phase de travail sur les deux profils, puis phase dos à Ekkar GX3D en déplacement concentrique, associant des pas latéraux plus ou moins rapides, d’amplitude progressive, avec de petites accélérations puis des freinages contrôlés. 3- Le développement de l’habileté C’est l’essence même de la réathlétisation. Troisième et quatrième semaines : accélération du mouvement et augmentation de la résistance élastique. Mise en place d’accroches cinétiques articulaires plus nombreuses. En effet, on peut profiter des six boîtiers de cet outil pour placer des oppositions au mouvement sur le bassin et de façon simultanée sur l’ensemble des quatre membres, à leur extrémité par exemple. Cela augmentera de façon très significative Jeudi 25 octobre 2012 / n°1295 / www.kineactu.com / 27 TENDINOPATHIES DU GENOU DE LA PATHOLOGIE À LA RÉATHLÉTISATION : LA PHYSIOMOTRICITÉ FONCTIONNELLE Elle permet l’expertise et le développement de la performance d’un geste dès les premières phases de traitement des tendinopathies, faisant gagner en temps d’immobilisation du fait d’un protocole qui, très rapidement, lie les mouvements de base aux mouvements combinés complexes : - Stabilité et proprioception ; - Vitesse d’exécution du mouvement ; - Puissance et force du geste ; - Explosivité à l’instant T ; - Accélération du déplacement contrerésistance en gravité à 180° par rapport à l’outil Ekkar GX3D, association à de la pliométrie contre-résistance, à de la proprioception globale avec ballon ou proprioception symétrique et asymétrique, unipodale et bipodale sur plateaux d’instabilité. D.R. FORMATION CONTINUE n Photo 9. En mouvement sportif. la résistance selon les bras de levier et selon des axes biomécaniques de traction. Association alors de mouvements complexes spiralés en chaînes musculaires, en alternance de rotation interne/externe. Travail en dissociation des ceintures, simulation et reproduction de mouvements sportifs. Véritable athletic trainer, la méthode Ekkar GX3D se révèle idéale pour améliorer l’indissociable complexe fonctionnel de la stabilité/mobilité et la constante rotatoire des chaînes musculaires. Conclusion Il existe aujourd’hui de nouveaux modes de traitement des différentes tendinopathies, parmi lesquels ce protocole qui consiste à adapter une résistance pour permettre à l’athlète (ou au patient) de développer des forces maximales à différentes vitesses, dans des postures stables ou en déplacement, sans être affecté par des propriétés inertielles de la charge. Cette résistance élastique ajustable et orientée a pour objectif de modifier les retenues externes lors de la trajectoire d’un exercice pour simuler les différentes relations force/ angle articulaires, particulièrement lors d’activité sportive. Résolument compact et facile à déployer au sein d’un cabinet de kinésithérapie, Ekkar GX3D permet de mettre en place une palette d’exercices aux combinaisons illimitées, soucieux d’une certaine logique d’efficacité concentrée sur un entraînement performant. n D.R. * Ostéopathe, kinésithérapeute du sport, chef d’entreprise (Design Physio), concepteur d’Ekkar GX3D, et consultant pour la patrouille de France. BIBLIOGRAPHIE Photo 10. Accroche bassin-cuisses. 28 / www.kineactu.com / n°1295 / Jeudi 25 octobre 2012 - Roels J., Martens M., Muller J.C., Burssens A. Patellar Tendinitis, AMJ sports Med 1978/362:6. - Witvrouw E., Bellemans J., Lysens R., Rental intrinsic risk factor for the development of patellar tendinit in an athletic population. A two year prospective Study, AMJ sports Med 2001/29:190-5.