24 / www.kineactu.com / n°1295 / Jeudi 25 octobre 2012
FORMATION CONTINUE
TENDINOPATHIES DU GENOU
DE LA PATHOLOGIE À
LA RÉATHLÉTISATION :
LA PHYSIOMOTRICITÉ
FONCTIONNELLE
Le terme “tendinopathies” regroupe des lésions diverses telles que les
tendinopathies d’insertion ou corporéale, les péritendinites ou encore les
tendinopathies nodulaires. Pour les traiter, il existe un nouveau mode
qui intéressera particulièrement les kinés du sport et leurs patients
souhaitant reprendre une activité sportive : la méthode Ekkar GX3D.
Présentation. PAR FRÉDÉRIC DUBAYLE*
Placement de face,
de dos, de profil.
D.R.
Contrairement à ce que l’on a longtemps
prescrit, la mise au repos complète d’un
tendon présentant une souffrance n’est pas
nécessairement une bonne chose. Au contraire,
une activité bien dosée et contrôlée améliore la
qualité de la réparation tendineuse. Par contre,
une reprise de l’activité sportive précoce sur
un tendon fragilisé s’avère très péjorative.
Nous verrons successivement les facteurs
favorisant, puis les principales techniques
thérapeutiques de rééducation, et tout particu-
lièrement une réhabilitation motrice globale
basée sur une combinaison de travail de
stabilité/mobilité musclo-articulaire associée
à des gestes sportifs. Un travail excentrique et
concentrique contre des résistances ajustables
pluridirectionnelles en stabilité, puis en
déplacement au plus proche de l’activité
physique et de ses gestes combinés et
complexes (méthode Ekkar GX3D).
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n
Modalités de survenue
Les tendinopathies peuvent survenir
lors d’activités sportives dont la durée
s’est largement majorée ou dont l’intensité
s’est majorée :
Tendinopathie de traction : Sur une impul-
sion, un mouvement brutal et puissant. Mou-
vements répétitifs (des sauts, des freinages).
Tendinopathie de frottement ou de
compression : Frottement ou balayage répété
débouchant le plus fréquemment sur une
souffrance de l’enveloppe située autour du
tendon (tenosynovite) ou de l’atteinte des
structures de glissement (Bursite, syndrome
du balayage).
Tendinopathie par choc direct : Plus rare
mais se révélant volontiers dans les sports
de contact. Souvent associée à des lésions
péritendineuses ou intratendineuses jusqu’au
niveau du corps ou de l’insertion même
du tendon.
n
Facteurs favorisants
Exercices physiques intenses : Les tendons
permettent la transmission des forces à travers
l’organisme. Celles-ci peuvent être générées
par les muscles ou provenir des contacts avec
l’environnement. Ce sont ces forces aléatoires,
qui mettent en jeu le maintien et l’équilibre
lors de déplacement dans sa propre gravité,
qui peuvent alors conduire à des phases
inflammatoires. C’est la tendinopathie après
un entraînement trop intense où les périodes
de récupération sont insuffisantes. Une
trop forte sollicitation du tendon crée une
disproportion avec le muscle dont les fibres
se renforcent dans l’activité alors que le
tendon, lui, ne peut se développer après la fin
de la croissance.
La raideur musculaire : Un manque d’étire-
ment, une perte de la visco-élasticité réduit
la souplesse musculaire et provoque de fait un
risque de tension accrue des fibres tendineuses.
Les causes externes : Environnement matériel,
terrain d’entraînement, chaussures, climat,
alimentation, hydratation…
n
Kinésithérapie et physiothérapie,
de la réhabilitation à la réathlétisation
L’objectif est de rétablir l’état d’équilibre
physiologique et fonctionnel (voir photo 9).
La réathlétisation concerne la reprise d’activité
physique, et en particulier toute la phase de
réadaptation à l’exercice, mais également la
phase de transition entre les soins et la reprise
d’entraînement à la suite de blessure.
Son objectif est de favoriser la cicatrisation
tendineuse et de reprogrammer le complexe
musculo-tendineux pour la pratique sportive.
Il s’agit d’un processus nécessaire à la préven-
tion des blessures et à l’adaptation de l’orga-
nisme à un programme d’entrainement
poussé.
Le protocole de réhabilitation, puis de
réathlétisation après blessure (provoquant
une immobilisation relative,) se fait
en cinq phases :
1- La phase de cicatrisation
En cas de douleurs aiguës, on s’oriente vers
des techniques antalgiques comme la cryothé-
rapie, l’électrothérapie ou l’ionisation en com-
plément du traitement médical. La rééduca-
tion associe des techniques visant à améliorer
la vascula-
risation locale, le massage transversal profond
(MTP), des phases d’étirement ou l’utilisation
d’ultrasons.
2- La phase de stabilité
Travail d’équilibre musculo-articulaire
– statique contre des résistances ajustables
et progressives – dans un ensemble d’axes
multi-orientés qui va permettre au sujet
de travailler dans une logique de chaînes
musculaires dans leur constante rotatoire.
Travail en appui et transfert d’appuis dont
le rôle antigravitaire optimise la stabilité
de la posture.
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TENDINOPATHIES DU GENOU DE LA PATHOLOGIE À LA RÉATHLÉTISATION : LA PHYSIOMOTRICITÉ FONCTIONNELLE
Localisation des diérentes tendinopathies du genou.
©Linda Bucklin /Istockphoto
Quadriceps
GENOU
Tendon rotulien
Rotule
Tendon du muscle
couturier
Tendons
Muscle jumeau
La tendinite apparaît
lors de l’inflammation
d’un tendon.
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3- La phase de mobilité
Travail en équilibre dynamique. Chaque
région du corps alterne entre mobilité et
stabilité. La coordination physique requiert
une prise en charge fonctionnelle comme
un tout ou un ensemble composé de plusieurs
parties, avec pour chacune d’entre elles un rôle
complémentaire et indissociable.
L’efficacité du geste dépend de cette coordina-
tion et synchronisation entre le mouvement
et l’ajustement postural. Elle s’acquiert par
apprentissage et la répétition des différents
schémas moteurs. Réafférentation neuro-
musculaire.
4- La phase de réathlétisation
Travail alternatif en dissymétrie induisant
les grands schémas du mouvement spiralé, qui
résulte de la coordination des articulations en
alternance des systèmes rotatoires externes et
internes. Phase durant laquelle on centralise et
on organise des informations pour les redistri-
buer sous une forme différente, adaptée au
monde extérieur.
5- La phase de l’activité sportive
Traitement de l’information et biomécanique
appliquée au terrain, réapprentissage du geste
sportif préférentiel, travail de la puissance de la
force, de l’endurance, de l’explosivité. C’est la
vitesse d’exécution d’un mouvement ;
c’est déclencher l’explosivité de l’énergie
à l’instant T ; c’est développer la puissance
d’un geste ; c’est décupler l’accélération
d’un déplacement contre-résistance.
Ces phases de prises en charge communes
font appel à des qualités physiques distinctes,
contradictoires, qu’il n’est pas facile de travail-
ler de façon sélective ou combinée
sans disposer d’espace, de temps et de moyens.
n
La méthode Ekkar GX3D
En dehors du classique traitement
d’étirement des plans postérieurs et antérieurs,
avec ou sans contracté/relâché, une technique
originale a été développée par une équipe de
kinésithérapeutes du sport.
Celle-ci permet d’intégrer à nos cabinets
un outil et une méthode pour ce travail de
réhabilitation vers les phases de réathlétisation.
C’est la méthode Ekkar GX3D.
Ce protocole spécifique tendinopathie
du genou et réathlétisation comporte trois
orientations.
1- Le développement de la stabilité
Premier objectif : travailler la stabilité, cette
capacité de tous les systèmes à rester inchangés
et alignés en présence de changement d’appui
ou de forces extérieures, type tractions
D.R.
Déplacement latéral. Proprioception. Déplacement concentrique.
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élastiques ajustables et progressives par
l’entremise d’accroches articulaires autorisant
360° de mobilité (voir photo 10).
Le sujet se place face à un plan vertical métal-
lique de type espalier et structuré d’une
dizaine de barreaux sur lesquels des boîtiers
(au nombre de quatre ou six) viennent
s’intégrer. En sort un ensemble de haubans
élastiques dont la longueur et la résistance sont
ajustables par un jeu de poulies et taquets de
pré-tension, ce qui permet un travail statique
ou en déplacement et contre-résistance.
Première et deuxième semaines post-trauma-
tiques : le patient est placé face à Ekkar GX3D,
il a une accroche dite cinétique, sorte de
ceinture autour de la taille reliée aux barreaux
par deux haubans, et une deuxième accroche
au niveau plateau tibial reliée à un autre
barreau dans un axe biomécanique qui
respecte le glissement fémoro-tibial. Il prend
une posture type “sumo”, c’est-à-dire genoux
fléchis, pieds à plat, haut du corps à la verti-
cale, dos plat. Il débute par des flexions
à 30° de haut en bas. Positions maintenues
15 à 30’’ et répétées une dizaine de fois. La
traction antérieure des haubans crée alors
une résistance imposant un travail excen-
trique. Recherche de stabilité et de gainage
par la tension hauban/bassin et travail excen-
trique par le mouvement de flexion membres
inférieurs sur un pas antérieur.
Dans un deuxième temps, le sujet pourra se
mettre de profil avec les mêmes accroches,
déclenchant alors une sollicitation en
instabilité latérale et rotatoire en y associant
des appuis bipodaux, puis unipodaux et,
dans un troisième temps, il se retournera dos à
Ekkar GX3D pour travailler en concentrique
contre-résistance et en déplacement de
1 à 8 m de débattement.
2- Le développement de la mobilité
Phase composée d’exercices d’orientations et
de mobilités variables. Exercices dynamiques
en flexion de genoux en bipodal de 10 à 45°,
comportant une descente puis un “relevé”
lent du tronc dans le maintien de la posture
initiale du dos, membres inférieurs en
parallèle, puis en fente avant.
Travail face à Ekkar GX3D avec les mêmes
accroches, le sujet se déplaçant en arrière
contre-résistance en concentrique en
sollicitant les chaînes postérieures, puis
en revenant en excentrique freinant
la traction des haubans.
Phase de travail sur les deux profils, puis
phase dos à Ekkar GX3D en déplacement
concentrique, associant des pas latéraux plus
ou moins rapides, d’amplitude progressive,
avec de petites accélérations puis des freinages
contrôlés.
3- Le développement de l’habileté
C’est l’essence même de la réathlétisation.
Troisième et quatrième semaines : accélération
du mouvement et augmentation de la
résistance élastique. Mise en place d’accroches
cinétiques articulaires plus nombreuses.
En effet, on peut profiter des six boîtiers
de cet outil pour placer des oppositions
au mouvement sur le bassin et de façon
simultanée sur l’ensemble des quatre
membres, à leur extrémité par exemple.
Cela augmentera de façon très significative
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D.R.
D.R.
Pliométrie et renforcement.
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TENDINOPATHIES DU GENOU DE LA PATHOLOGIE À LA RÉATHLÉTISATION : LA PHYSIOMOTRICITÉ FONCTIONNELLE
la résistance selon les bras de levier et selon des
axes biomécaniques de traction. Association
alors de mouvements complexes spiralés en
chaînes musculaires, en alternance de rotation
interne/externe. Travail en dissociation des
ceintures, simulation et reproduction de
mouvements sportifs.
Véritable athletic trainer, la méthode Ekkar
GX3D se révèle idéale pour améliorer
l’indissociable complexe fonctionnel de
la stabilité/mobilité et la constante rotatoire
des chaînes musculaires.
Elle permet l’expertise et le développement
de la performance d’un geste dès les premières
phases de traitement des tendinopathies,
faisant gagner en temps d’immobilisation
du fait d’un protocole qui, très rapidement,
lie les mouvements de base aux mouvements
combinés complexes :
- Stabilité et proprioception ;
- Vitesse d’exécution du mouvement ;
- Puissance et force du geste ;
- Explosivité à l’instant T ;
- Accélération du déplacement contre-
résistance en gravité à 180° par rapport
à l’outil Ekkar GX3D, association à de
la pliométrie contre-résistance, à de la
proprioception globale avec ballon ou
proprioception symétrique et asymétrique,
unipodale et bipodale sur plateaux
d’instabilité.
n
Conclusion
Il existe aujourd’hui de nouveaux modes
de traitement des différentes tendinopathies,
parmi lesquels ce protocole qui consiste à
adapter une résistance pour permettre à
l’athlète (ou au patient) de développer
des forces maximales à différentes vitesses,
dans des postures stables ou en déplacement,
sans être affecté par des propriétés inertielles
de la charge.
Cette résistance élastique ajustable et orientée
a pour objectif de modifier les retenues
externes lors de la trajectoire d’un exercice
pour simuler les différentes relations force/
angle articulaires, particulièrement lors
d’activité sportive.
Résolument compact et facile à déployer au
sein d’un cabinet de kinésithérapie, Ekkar
GX3D permet de mettre en place une palette
d’exercices aux combinaisons illimitées,
soucieux d’une certaine logique d’efficacité
concentrée sur un entraînement performant. n
*Ostéopathe, kinésithérapeute du sport, chef
d’entreprise (Design Physio), concepteur d’Ekkar
GX3D, et consultant pour la patrouille de France.
- Roels J., Martens M., Muller J.C., Burssens A.
Patellar Tendinitis, AMJ sports Med 1978/362:6.
- Witvrouw E., Bellemans J., Lysens R., Rental
intrinsic risk factor for the development of
patellar tendinit in an athletic population.
A two year prospective Study, AMJ sports Med
2001/29:190-5.
BIBLIOGRAPHIE
Photo 10. Accroche bassin-cuisses.
D.R.
D.R.
Photo 9. En mouvement sportif.
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