Climat : au tour des politiques
Environnement . Après la publication par les scientifiques internationaux, vendredi, de
leur rapport sur les impacts du réchauffement, les chefs d’État ont les cartes en main.
Le document de 1 400 pages ne contient rien de bien réjouissant. En évaluant les « impacts,
l’adaptation et la vulnérabilité au changement climatique », les scientifiques du Groupement
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), sous l’égide de l’ONU, ont dressé un rapport
alarmant. À tel point que la rédaction du « résumé pour décideurs », la semaine dernière à
Bruxelles (Belgique), avec les représentants de gouvernement, a donné lieu à quelques tensions.
Certains, comme la Chine, les États-Unis et l’Arabie saoudite, ont tenté d’amoindrir la portée du
texte. Un exercice difficile, tant les conclusions des milliers de chercheurs du monde entier ont été
soumises au débat ces six dernières années.
Livré avec quelques heures de retard, vendredi, le résumé du rapport s’achève sur deux leçons :
un, tous ne pâtiront pas de la même manière des changements climatiques, les plus pauvres
payant plus cher la facture du réchauffement ; deux, au-delà de 2 à
3 degrés de hausse par rapport à 1990, il y aura des « impacts négatifs sur toutes les régions ».
Au premier rang desquelles les régions arctiques, subsahariennes, les méga deltas d’Asie et les
régions côtières.
Pauvres et en plus principales victimes ? Logique, leur vulnérabilité « peut être exacerbée par
d’autres contraintes », note le GIEC : zones côtières, sécurité alimentaire précaire, économies
faibles et instabilité politique. Ce seront d’ailleurs eux, les pauvres, qui pâtiront le plus des
problèmes liés à l’eau. « Les débits des rivières et la disponibilité en eau devraient augmenter de
10 % à 40 % dans les hautes latitudes et dans certaines régions tropicales, et diminuer de 10 % à
30 % dans certaines régions de latitudes moyennes et des régions tropicales sèches ».
Les écosystèmes devraient aussi trinquer. « Environ 20 % à 30 % des espèces de plantes et
d’animaux courent le risque d’une extinction si la hausse des températures dépasse 1,5 ºC à 2,5
ºC », évalue le GIEC. Hormis dans certaines régions du nord de la planète, l’agriculture devrait
aussi faire grise mine au-delà de 1 ºC à 3 ºC supplémentaires. Avec des conséquences acceptables
dans le Nord, nettement plus graves dans le Sud. Ce qui, sans aucun doute, devrait accentuer les
migrations de populations. Le secrétaire exécutif de la convention de l’ONU sur les changements
climatiques (UNFCCC), Yvo de Boer, évoquait, vendredi, « 50 millions de personnes d’ici à 2010 ».
Dans le même temps, certaines maladies devraient s’étendre à mesure que les températures
augmenteront et que les pluies seront fréquentes. Ce qui devrait être le cas des maladies
diarrhéiques, cardio-vasculaires et infectieuses. D’où l’importance, note le GIEC, « de l’éducation,
de la prévention publique et du développement d’infrastructures et des économies ».
Le « résumé pour décideurs » s’achève en relevant l’importance « d’un portefeuille de stratégies
incluant des mesures d’atténuation (des impacts), d’adaptation, de développement technologique
et de recherches ». Les scientifiques ont fait leur travail. Aux responsables politiques d’agir. Ils en
auront l’opportunité en décembre 2007, lors de la discussion sur l’avenir du protocole de Kyoto.
Vincent Defait