Opération rivières vivantes Bilan 2011-2015, contrat territorial Milieux Aquatiques Gouëssant Sur notre territoire, le Gouëssant serpente sur 40 km et représente un bassin-versant* de 426 km². La longueur de l’ensemble des cours d’eau de ce bassin atteint 428 km. Sur cet espace, un patrimoine naturel particulièrement florissant, des zones d’intérêt écologique, faunistique et floristique reconnues et protégées. CdC Côte de Penthièvre Saint-Brieuc Agglomération Lamballe Communauté CdC du Pays de Moncontour Arguenon Hunaudaye CdC *Un bassin-versant est une zone irriguée par un fleuve et tous les cours d’eau qui le rejoignent. Le Contrat Territorial Milieux Aquatiques (CTMA) du Gouëssant rassemble 5 collectivités. Ce programme permet la mise en œuvre de nombreuses actions de protection des rivières, pilotées par Lamballe Communauté. Qu’est-ce qu’une rivière vivante ? Lorsque l’on évoque une rivière, il ne faut pas considérer uniquement son lit et ses berges. Les rives et la bande de végétation qui la prolongent jouent également un rôle. Si ces quatre éléments sont déterminants pour assurer la bonne santé d’une rivière, d’autres contribuent à sa vitalité. Sa largeur, sa profondeur, sa pente, ses méandres, l’alternance de courants rapides et lents, de zones plus ou moins profondes, de zones ombragées et ensoleillées… conditionnent la qualité d’une rivière et ses capacités d’auto-épuration. Des fossés, des bras morts, des petites zones inondables… La voilà, parée pour serpenter dans les meilleures conditions, tout en assurant la libre circulation de la faune. Une rivière vivante, c’est alors un véritable corridor écologique, qui assure la survie de nombreuses plantes, poissons, insectes et organismes. En retour, cette flore et cette faune participent à son équilibre : les microorganismes assurent la décomposition des végétaux, végétaux constituant pour la faune un premier maillon de la chaîne alimentaire. Un écosystème complexe, à l’équilibre fragile. Nos rivières reprennent du poil de la bête La loutre résiste Si la truite fario est l’espèce dominante dans notre bassin-versant, des espèces remarquables ont réapparu. Le soir, le long des rives, les plus discrets et les plus patients auront la chance d’apercevoir à nouveau la loutre d’Europe, une espèce protégée. Ce mammifère semi-aquatique avait presque disparu du territoire Français à la fin du 20e siècle (moins de 1 000 individus estimés) du fait de la chasse, de la pollution des eaux et de la dégradation de son environnement. Sa présence est fortement dépendante de la qualité environnementale de sa zone d’implantation. Après avoir frôlé l’extinction, elle recolonise le bas- LE SAVIEZ-VOUS ? sin-versant mais reste très vulnérable. Et que les pêcheurs se rassurent ! La loutre ne nuit pas à leur activité, dans la mesure où elle s’intéresse essentiellement aux petits poissons tels que les vairons. L’écrevisse montre patte blanche De plus en plus rare dans les cours d’eau bretons, l’écrevisse à pattes blanches est toujours présente dans les eaux du bassin-versant. Une double bonne nouvelle car elle est considérée comme une espèce bio-indicatrice. Autrement dit, sa présence est un signe révélateur de la bonne qualité des eaux qu’elle fréquente. Vous connaissez l’anguille, mais savez-vous que cette espèce est en danger critique d’extinction ? Après avoir quasiment disparue du bassin-versant, entre 2004 et 2015, plus d’un million d’anguillettes a pu franchir les barrages du Pont-Roland et des PontsNeufs, grâce à l’aménagement d’une passe. Encore une espèce qui a aujourd’hui recolonisé la quasi-totalité de notre territoire, pour le meilleur de la biodiversité ! Des rivières souvent délaissées… Autrefois, les rivières étaient systématiquement entretenues par leurs propriétaires qui en tiraient diverses ressources : alimentation des moulins, bois de chauffage… Depuis qu’ils ont perdu leur valeur économique, les cours d’eau et leur végétation ont été trop souvent laissés à l’abandon. Ils ont parfois ensuite été entretenus avec des moyens inadaptés (curage, recalibrage,...), pratiques qui ont provoqué des dommages importants : davantage de zones inondables, qualité écologique dégradée, disparition de certaines espèces animales et végétales. Il est indispensable de renouer avec les pratiques d’entretien et de protection anciennes, et de redécouvrir l’énorme potentiel de nos rus et rivières. Finalement, leur rendre leur autonomie de fonctionnement. ...Aux richesses retrouvées Sur notre territoire, les rivières et leurs abords ont plus d’un atout dans leur lit. Leur rôle principal ? •un abri, un habitat, un garde-manger et un lieu de reproduction pour de nombreux animaux (oiseaux, poissons, insectes, batraciens, loutres…) •de l’eau pour les humains (production d’eau potable, irrigation des champs, élevage, etc.) •la pratique d’activités aquatiques •une protection contre l’érosion grâce à la végétation •la régulation du niveau de l’eau selon les saisons •la préservation de la biodiversité •une zone de végétation tampon qui filtre, voire élimine certaines pollutions (nitrates, phosphates) •un ombrage permettant de garder une eau fraîche nécessaire à l’oxygénation et à la survie des poissons •une chance indéniable et structurante du point de vue paysager LE SAVIEZ-VOUS ? Le Gouëssant prend sa source à Trébry, à 340 m d’altitude et se jette dans la mer à Hillion. Ses compagnons de route ? Des cours d’eau représentés principalement par le Colombier, la Maladrie, l’Evron, la Truite, le Gast, le Chiffrouët et le Gouranton. Entre vallées encaissées au relief discontinu et pentes plus faibles sur des espaces plus réguliers, ces eaux ont un débit très inégal selon les saisons ; certaines rivières s’assèchent même totalement. Elles méritent d’autant plus nos soins et notre attention qu’elles alimentent en eau potable une partie de notre territoire. Cinq ans de travaux, des actions concrètes pour la vie de nos rivières Sur la période 2011-2015, le CTMA Gouëssant a poursuivi les actions menées lors du premier contrat 2004-2008 sur la végétation des berges. S’y sont ajoutés des travaux davantage axés sur la continuité écologique et la restauration du lit des rivières. Mais la philosophie demeure identique : concilier la vie de la rivière avec les zones qu’elle traverse. Problème identifié sur le Gouëssant et ses affluents Action mise en œuvre pour améliorer les cours d’eau Continuité écologique freinée par la présence d’éléments infranchissables pour les poissons. Suppression de certains ouvrages, abaissement de la base de ponts, aménagements (passes à poissons), remplacement par des ouvrages plus adaptés. Aujourd’hui, sur les 700 ouvrages recensés sur les cours d’eau, une centaine est infranchissable pour les poissons. Suite à des curages et recalibrages, l’écoulement naturel de certaines portions a été modifié, impactant le substrat et les habitats. Travaux de renaturation des cours d’eau : les portions qui avaient été trop creusées ou dont le tracé était exagérément modifié ont été aménagées afin de diversifier les écoulements et le fond du lit, tout en recréant des habitats pour la faune. La technique : apport de cailloux allant du gravier au gros bloc et/ou constructions végétales. La végétation des berges et les espaces boisés longeant les cours d’eau sont en mauvais état, ce qui accentue l’érosion et l’encombrement du lit. Restauration et entretien des berges, en favorisant les jeunes arbres et en coupant ceux qui risquent de chuter. Enlèvement ou réduction des embâcles* lorsqu’ils sont gênants. *(accumulation naturelle de matériaux apportés par l’eau) Les résultats Continuité écologique • 20 ouvrages aménagés. •12,4 % de la longueur des rivières étaient accessibles à un poisson partant de l’aval du bassin-versant (les Ponts-Neufs) en 2002 ; 26,7% en 2009 et 48,7 % en 2015. Renaturation • près de 14 km de lit restauré, essentiellement sur l’Evron. Entretien de la végétation •86 % de la végétation des rives considérée en bon état. Idée reçue : Une rivière doit être « propre » Pas un branchage, pas un tronc ou un rocher pouvant gêner son écoulement… C’est l’idée que l’on pourrait se faire d’une belle rivière. On aurait tort ! Lorsqu’ils sont modestes, ces « embâcles » naturels sont bénéfiques à la biodiversité. Ils contribuent à la diversification du cours d’eau et constituent un refuge pour diverses espèces (notamment notre fameuse écrevisse à pattes blanches et surtout la truite fario)… Ces petites ponctuations sont donc nécessaires à la respiration des rivières. « en 2002, 63% du linéaire des rivières étaient totalement inaccessibles aux poissons, plus que 21 % en 2015 » 2002 2015 Le Gouranton Planguenoual Morieux Le Chiffrouët Hillion Quintenic Coëtmieux l’Evron Le Gouëssant Pommeret Le Colombier Meslin Quessoy St-Carreuc Hénon La Maladrie Lamballe Moncontour Landéhen Plédéliac Noyal St Rieul Bréhand St-Trimoël St-Glen Trébry Le Gast Plestan Tramain Penguily Le Carmoran La Truite Non accessible Très sélectif Accessible Vau Bouyet Quel financement ? Les travaux du contrat représentent 584 361 € sur 5 ans •Subventions (agence de l’eau, conseil départemental, région) 322 965 € (55,3 %) •Lamballe Communauté : 187 524 € (32,1 %) •CC Pays de Moncontour : 49 822 € (8,5 %) •CC Arguenon-Hunaudaye : 7 828 € (1,3 %) •CC Côte de Penthièvre : 7 485 € (1,3 %) •Saint-Brieuc Agglomération : 8 737 € (1,5 %) Les nouveaux défis Parce que la qualité d’un cours d’eau est très dépendante de ce qui se passe sur son environnement (jardins des particuliers, parcelles agricoles, urbanisées...) le prochain programme devra aborderer 3 paramètres qui n’ont pas encore fait l’objet de mesures spécifiques, en plus de la poursuite des actions initiées en 2011-2015. •La ligne d’eau (écoulement, hauteur, vites­­ se…) : suppression ou dérivation de certains biefs et plans d’eau. Le plan d’eau de la Ville Gaudu est un site très apprécié, bien au-delà des frontières de Lamballe. Mais il pose d’importants problèmes sanitaires et environnementaux (dégradation de la qualité de l’eau et rupture de la continuité écologique). Le défi dans le prochain programme sera de l’aménager de manière à concilier la qualité de l’eau et la continuité écologique, tout en renforçant l’attractivité et les usages du site. Son aménagement permettra de rendre 70 % de linéaire de cours d’eau du bassin librement accessibles aux poissons (contre 48 % aujourd’hui). L’étude préalable à son aménagement, qui laissera une grande place à la concertation, sera lancée dès cette année. •Les annexes hydrauliques (bras morts, mares, plaines d’inondation) : restauration de l’amont du bassin-versant afin de reconstituer ses zones humides (seulement 59 % des zones inventoriées sont fonctionnelles) et ses petits cours d’eau (le chevelu). Ces annexes jouent un rôle important dans la régulation des crues et dans l’habitat naturel de la faune. Les petits ruisseaux de tête de bassin-versant et leur cortège de zones humides, sont les principales sources de nos cours d’eau bretons. Repérer les zones humides n’est pas aisé car l’eau n’est pas toujours visible en surface. On les recense grâce à leur végétation particulière (ici de la cardamine des prés, avec ses petites fleurs blanches) ou grâce à des sondages de sols indiquant la présence d’eau la majeure partie de l’année. Le travail d’inventaire de ces espaces étant aujourd’hui achevé, le défi du prochain programme sera de les préserver ou de les restaurer. Renseignements Lamballe Communauté Service environnement : 02 96 50 13 50 Bassin-versant du Gouëssant : 02 96 50 59 42 www.lamballe-communaute.fr Partenaires financiers Cyan100.com | 16-103 | © photos : Service environnement - LC / iStock | Imprimé dans le respect de l’environnement sur du papier 100% recyclé •Le débit : afin de maîtriser les risques d’inondation, il est nécessaire de gérer les eaux pluviales sur les parcelles drainées et dans les zones urbanisées. Sur les versants, le ruissellement des eaux sera également l’objet de mesures de préventions.