Preserver, restaurer les milieux aquatique, une
garantie pour l’avenir
11/12/2015
Espace Generation Climat COP21 - Stand France UICN
Un événement organisé par l’Onema en partenariat avec le partenariat France-UICN
Animé par Philippe Dupont (Onema), avec :
- Stéphane Jourdan (Agence de l’eau Artois Picardie)
- Pierre-Marie-Michel (EPTB La Bresle)
- Thomas Pelte (Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse
Pourquoi s’intéresser aux rivières et aux milieux humides ?
L’eau des rivières est multi-dimensionnelle :
- de l’amont à l’aval,
- en latéral, dans les débordements,
- verticalement, pour alimenter les nappes,
- mais également une 4ème dimension temporelle
Elle apporte énormément de services à l’homme :
- Fonctions hydrauliques (expansion des crues, régulation des débits d’étiage, recharge des
nappes ou des cours d’eau)
- Fonctions épuratoires (autoépuration des nutriments, interception des sédiments).
Plusieurs fonctions épuratrices de l’eau : les algues consomment les nutriments, cause de pollution
organique des eaux. Dans une STEP il y a dépollution par réacteurs bactériens ; dans les zones
humides, les roseaux permettent la dégradation de la pollution. Le radier (zone de caillou) est un
deuxième système d’épuration qui permet de filtrer l’eau et de favoriser le développement des
bactéries et d’oxygénation.
L’homme exerce des pressions très fortes : endiguement, linéarisation des cours d’eau,
fragmentation : on perturbe l’écoulement naturel des cours d’eau. Les cours d’eau sont linéarisés
alors qu’ils sont à l’origine méandriformes ou en tresse. Un autre impact est la suppression des
ombrages ce qui entraîne des phénomènes physico-chimiques dégradant et l’augmentation de la
température des cours d’eau.
Quelles solutions ?
- « Libérer la rivière » pour lui permettre un mouvement respectant sa dynamique naturelle
- Favoriser la migration des poissons, avec notamment les passes à poisson
Les résultats sont au rendez-vous : sur le bassin Artois-Picardie on note une augmentation de
30% biodiversité( ?) juste après les travaux engagés.
Projet de la Bresle
La Bresle est un exemple de cours d’eau qui accueille la truite et autres salmonidés. Or depuis le
moyen-âge, la rivière a été déplacée de son lit naturel pour alimenter les moulins et favoriser des
activités économiques, et, depuis, le cours d’eau a été cloison: cela entraîne non seulement des
risques d’inondations, mais il y a également de nombreux obstacles sur la rivière empêchant près
d’un tiers des poissons migrateurs de remonter les cours. Au niveau des frayères, un facteur 10
existe entre amont et aval.
Le projet de restauration de la Bresle a permis le déplacement de la rivière pour la remettre dans son
fond de vallée, et la restauration du cours d’eau en tresse.
Nombreux enjeux techniques et scientifiques :
- Permettre aux poissons de passer pour restaurer la continuité écologique
- Développer des zones d’expansion de crue ;
- Maintenir les enjeux économiques ;
- Prendre en compte l’ensemble de la biodiversité : donc même si on agit pour les salmonidés,
il faut protéger ;
- Augmenter la qualité de l’eau en lui redonnant ses capacités d’autoépuration.
Mais également des enjeux humains :
- Changer les usages & habitudes des propriétaires, concertation et négociation avec les
riverains et les gestionnaires de la rivière. Ne pas faire de réunions de comité de pilotage
avec 7 ou 8 personnes, mais instaurer un dialogue différentié avec chaque acteur pour
réussir à convaincre. Ce n’est qu‘au bout de 5 ou 6 ans qu’ils ont réussi à convaincre les
propriétaires à accepter la dérivation de la rivière.
Les résultats ont été positifs. Sur la Bresle l’Onema a une station de suivi des poissons migrateurs ;
on a pu constater x10 en termes de population de truites.
En quoi restaurer les milieux aquatiques est en lien avec le climat ?
RHONE MEDITERRANEE CORSE :
Le changement climatique vient accentuer des situations déjà difficiles. Le Plan de bassin
d’adaptation au changement climatique Rhône Méditerranée a permis :
1/ Le Bilan des connaissances : identifications des impacts tels les assèchements des sols, les enjeux
de biodiversités. Exemples d’impact du changement climatique sur les cours d’eau : moins d’eau, et
une eau plus chaude, ce qui nuit aux poissons d’eau froide comme la truite .
2/ La caractérisation des vulnérabilités des territoires : les cartes de vulnérabilités indiquent les
secteurs les plus altérés et les plus vulnérables (dégradation telle qu’elle est x exposition au
changement climatique), tout en prenant en compte l’incertitude.
3/ Identification de mesures concrètes d’adaptation :
- restaurer la continuité, avec les passes à poisson
- Mise en place de conseil et de financement pour appuyer ces actions
- Desimperméabiliser les sols
Résultats : des centaines de linéaires de cours d’eau ont été restaurés, et des objectifs de plusieurs
centaines de passes à poissons à installer.
AU NIVEAU DE LA BRESLE :
- Au niveau de la Bresle, le changement climatique a un impact notable, avec diminution des
aires de grossissement marin (de plus en plus de saumons reviennent amaigris). Il faut
pouvoir compter sur la capacité de nos rivières, recréer de nouvelles frayères, de nouvelles
zones ou les saumons peuvent se reproduire.
Quels enjeux de la restauration des rivières dans les milieux urbains ?
Sur le bassin Artois-Picardie, de nombreux cours d’eau sont en milieux urbains et donc souvent
bétonnés voir invisibles. Des habitats viennent contraindre le lit mineur, ce qui augmente le risque
d’inondation.
Un autre enjeu majeur à l’échelle des quartiers urbains est la question de la gestion des eaux
pluviales : en bétonnant certaines parties du territoire, les gouttes ne peuvent plus percoler vers les
nappes phréatiques. Elles sont collectées puis immédiatement évacuées, notamment vers les
réseaux d’assainissement. Or avec le climat, les inondations et pluies diluviennes sont un risque
majeur qui entraîne souvent des dysfonctionnements des réseaux d’assainissements. Les toilettes
débordent souvent en cas d’inondation.
Or des solutions intéressantes existent, notamment au niveau de l’ingénierie
- Remise à l’air libre des cours d’eau ;
- Aménagement de berges par génie écologique pour la restauration des cours naturels et le
rafraichissement des rivières. Un intérêt paysager mais qui permet également de réalimenter
les eaux souterraines ;
- Désimperméabilisation des sols pour permettre une reconnexion avec le souterrain et de
répondre au défi de l’asséchement des sols. La ressource qui tombe dans le milieu urbain est
une ressource à valoriser, et non pas à évacuer systématiquement. En Rhône Méditerranée
les nouvelles orientations poussent à désimperméabiliser. Les marches de
compenser induisent pour 1 hectare imperméabilisé créer 1,5 hectares désimperméabilisé.
Le génie écologique, en perméabilisant, permet de ralentir des cours d’eau, et donc diminue
le risque d’inondation.
En Artois-Picardie, l’association ADOPTA est pionnière et propose une ingénierie innovante qui
développe des écoquartiers. Un appel à projets « La nature en ville »a été lancé.
Indépendamment du technique, il faut que les gens s’approprient les interventions
Au niveau de l’EPTB Bresle une réflexion a été lancée sur la question de la multifonctionnalité des
espaces en ville, avec notamment la création d’un jardin humide à vocation écologique et
pédagogique, qui est un espace l’on gère les problématiques d’inondation, de biodiversité un
projet ou les rivières revivent et les habitants se les réapproprient.
Conclusion par Philippe Dupont : les solutions natures existent : il faut le faire savoir . Il est
notamment très important que les urbanistes acquièrent ces nouvelles compétences.
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