REsEAuX sANtE - Ligue Rein et Santé

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« RESEAUX SANTE »
de filtration des reins, va avoir pour
conséquence une réduction de l’élimination des médicaments. Ainsi, en
cas d’insuffisance rénale, le médicament va être présent plus longtemps, et/ou en plus grande quantité
dans l’organisme par rapport à un
patient qui aurait une fonction rénale
normale, et des reins qui éliminent
normalement le médicament. Par
conséquent, si un médicament est
administré à un patient insuffisant
rénal à sa posologie usuelle, déterminée chez des patients ayant une fonction rénale normale, il existe un risque
de surdosage du fait de la réduction de l’élimination chez le patient
insuffisant rénal. Ce surdosage peut
être observé dès la première prise
de médicament, ou bien apparaître
progressivement, à mesure que le
médicament s’accumule dans l’organisme. Il peut être accompagné
d’effets indésirables. Il est par conséquent nécessaire d’adapter la posologie des médicaments chez le patient
insuffisant rénal, de façon à réduire
le risque de surdosage, et administrer la juste dose, prenant en compte
la diminution de l’élimination.
Il existe plusieurs façons d’adapter la
posologie des médicaments chez le
patient insuffisant rénal. La première
consiste à « donner moins de médicament à chaque prise, en conservant le rythme habituel ». Il s’agit de
la méthode dite « de la dose » (voir
tableau ci-dessous). La seconde technique consiste à « conserver la même
dose à chaque prise mais en donnant
le médicament moins souvent ». C’est
la « méthode de l’intervalle » (on augmente l’intervalle entre deux prises).
La troisième consiste à utiliser les
deux techniques précédentes ensemble, à la fois en réduisant la dose à
chaque prise, et en les espaçant.
3. Adaptation posologique en pratique
Il existe en France un ouvrage de
référence sur les médicaments qui
précise leurs indications (pathologies pour lesquelles le médicament
est actif) et les posologies usuelles à
utiliser. Ce dictionnaire (Dictionnaire
Vidal®) ne précise néanmoins que
très rarement les posologies adaptées en cas d’insuffisance rénale. Il
est par conséquent nécessaire de
se documenter par ailleurs afin de
savoir quelles sont les posologies
adaptées, en fonction de la sévérité
de l’insuffisance rénale. L’équipe du
Service ICAR au sein du Service de
Néphrologie de l’Hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris travaille sur ce thème
depuis plus de 10 ans. Les médecins
peuvent contacter les pharmaciens
et médecins de ce Service de Conseil
afin d’obtenir des informations sur les
adaptations posologiques des médicaments qu’ils souhaitent prescrire
à leur patient présentant une insuffisance rénale. Ce service d’aide à
la prescription précise les modalités
d’adaptation en fonction des données
les plus récentes issues de la recherche médicale internationale, à partir
de l’analyse des publications dans les
revues scientifiques de médecine et
de pharmacologie.
En parallèle, le Service ICAR rédige
des outils d’aide à la prescription, les
« Guides de Prescription et Rein »,
les GPR®. Un volume spécifique à
la pratique de la médecine générale
a été réalisé et est mis à disposition
des médecins adhérents des réseaux
Méthodes d’adaptation posologique chez le patient insuffisant rénal.
Dose
Fréquence
1 comprimé à 100 mg
2 fois par jour
Méthode de la dose
1/2 comprimé à 100 mg (soit 50 mg)
2 fois par jour
Méthode de l’intervalle
1 comprimé à 100 mg (soit 100 mg)
1 fois par jour
Méthode mixte
1/2 comprimé à 100 mg (soit 50 mg)
1 fois par jour
Posologie usuelle (quand la
fonction rénale est normale)
Adaptation de la posologie (en
cas d’insuffisance rénale)
de néphrologie d’Ile-de-France. Un
site internet a également été mis
en place, dont l’accès est pour le
moment réservé aux néphrologues
uniquement. Une réflexion est actuellement en cours et une réorganisation
est programmée de façon à pouvoir
proposer l’accès à ce site à tous les
médecins et pharmaciens de France,
quelle que soit leur spécialité.
4. Toxicité rénale des médicaments
Comme nous l’avons vu précédemment, le rein est impliqué dans l’élimination de la plupart des médicaments, soit directement sous forme
inchangée, soit après dégradation
par les enzymes hépatiques. Cet
organe est par conséquent particulièrement exposé aux effets toxiques
de certains médicaments qui peuvent endommager les structures des
néphrons et entraîner des insuffisances rénales. Celles-ci peuvent être
aiguës, ce qui signifie que l’insuffisance rénale survient brutalement.
Lorsqu’une insuffisance rénale aiguë
médicamenteuse se produit, cela
signifie que le médicament a endommagé un nombre conséquent de
néphrons, brutalement, conduisant à
l’insuffisance rénale. Celle-ci est toutefois, en général, réversible, dans un
laps de temps plus ou moins long, à
mesure que les néphrons endommagés se « réparent » et redeviennent
fonctionnels, conduisant à une récupération de la fonction rénale. Il peut
persister une insuffisance rénale
lorsque la récupération de la fonction
rénale n’est pas complète. Le fait que
la récupération de la fonction rénale
soit complète ou incomplète dépend
de la fonction rénale de départ, du
mécanisme de toxicité rénale, et du
médicament. Certains médicaments
peuvent exercer une toxicité chronique. Cette toxicité n’est pas brutale,
mais progressive, et peut se manifester après plusieurs mois de traitement, voire plusieurs années. Le
médicament va progressivement
détruire des néphrons, lentement, et
entraîner une diminution progressive
de la fonction rénale.
Lorsqu’une insuffisance rénale est
présente, les reins sont plus sensibles aux effets toxiques des médicaments. En effet, la présence d’une
insuffisance rénale est le témoin que
octobre 2009 - Reins-Échos n°7 /// 13
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