primaire, les marchés du travail sont très segmentés et affichent de fortes inégalités. Dans ce type d'économies, les
pauvres sont souvent exclus des secteurs qui connaissent une croissance dynamique.
Le rôle de la politique est crucial pour amener des changements structurels débouchant sur des emplois de meilleure
qualité et sur de bons résultats en matière de pauvreté. Les gouvernements ont les moyens d'apporter des
changements structurels centrés sur l'emploi et conduisant à une société inclusive s'ils veillent à:
Éviter les politiques procycliques en période de croissance ralentie;
À poursuivre des politiques agricoles et industrielles bien conçues prévoyant notamment des subventions, des
crédits d'impôts, des services de vulgarisation et une redistribution des terres;
Stimuler et maintenir un niveau suffisant de demande d'emplois;
Réaliser des investissements publics en matière d'infrastructure et dans le niveau de compétences de la
population; et
Réduire la vulnérabilité face aux fluctuations des cours des produits de base et aux brusques variations des taux
d'intérêt
La politique macroéconomique, les institutions financières, la structure internationale de la production, la nature et la
composition des ménages, les dynamiques des rapports hommes-femmes et la politique sociale constituent tout autant
de variables susceptibles d' influer sur la situation de l'emploi et de faire que les chances potentielles se matérialisent en
réelles différences dans la vie des gens.
Comment la politique sociale peut-elle exercer un impact sur la pauvreté et les inégalités dans les pays à faible
revenu, et plus spécifiquement sur la pauvreté des enfants
La politique sociale peut œuvrer tout autant en faveur de la croissance économique que de la protection sociale et elle
forme une partie intégrante des stratégies de croissance dans les pays qui sont parvenus à mettre en place
d'importants changements structurels et à réduire rapidement la pauvreté. Ce rapport fait valoir qu'en dépit de
l'importance des contraintes structurelles, aucune sorte de conditions préalables n'est indispensable pour mettre en
œuvre des politiques sociales et économiques visant à éradiquer la pauvreté. Les pays ne sont pas non plus tenus de
passer par certains paliers de développement avant d'introduire tel ou tel plan de politique sociale. Généralement, un
recul de la pauvreté résulte moins de l'application de politiques qui la cible directement mais de politiques orientées
vers des objectifs sociaux de portée plus générale. De fait, dans de nombreux pays qui sont parvenus à faire reculer la
pauvreté tels que les pays nordiques et ceux de l'Est Asiatique, l'atténuation de la pauvreté figurait au même titre que
d'autres objectifs dans la politique sociale poursuivie.
Par ailleurs, les baisses les plus importantes de la pauvreté sont observées dans les pays ayant adopté des politiques
sociales globales tendant à une couverture universelle. Lorsque la pauvreté est largement répandue, il s'avère inutile de
cibler les défavorisés, une mesure entrainant de lourds coûts administratifs et de nombreux problèmes dont l'asymétrie
de l'information, la distorsion des incitations ou l'aléa moral. De bonnes raisons existent en nombre pour investir dans
des politiques publiques de protection sociale universelle dans les pays en développement, étant donné qu'elles:
Protègent les individus en période de perte de revenus pendant tout le cycle de la vie ainsi qu'en période de
transition ou de crise économique;
Favorisent les capacités productives des individus, des groupes et des communautés;
Renforcent l'impact de redistribution des politiques économiques; et
Facilitent la reproduction du travail et de la société tout en réduisant la charge des soins et de l'assistance aux
personnes qui reste largement assumée sans rétribution par les femmes.
Le bien-être des enfants dépend largement des tâches d'assistance et de soins non rémunérées qui sont nécessaires au
quotidien pour maintenir la famille, le foyer et la société. On estime que si une valeur monétaire était assignée à ces
tâches le plus souvent assumées par les femmes, leur valeur totale s'élèverait de 10 à 19% du PNB d'un pays. À l'heure
actuelle, il apparait plus urgent que jamais de tenir compte de toutes ces tâches de soins dans le cadre des politiques
publiques. En période de crise, toutes les responsabilités dans ce domaine retombent sur les familles et ce sont
généralement les femmes qui, en dernier recours, font office de filet de sécurité. De nombreux pays en développement
expérimentent des voies nouvelles pour faire face aux besoins en matière de soins familiaux dans leur société. Une
solution susceptible d'avenir est le système d'allocations-enfant en espèces. Certes, ce type de transfert n'est pas prévu
à titre de paiement pour les soins familiaux mais nombreux sont ceux qui ciblent explicitement les personnes dispensant
principalement ces soins, ce qui vient alléger leurs tâches en leur permettant d'acquérir des biens essentiels ou
d'engager des aides (des membres de la famille ou bien des aides à domicile informelles). Malgré les limites qui les
caractérisent, l'impact de tels systèmes sur le développement des enfants est visiblement positif: d'une part, le niveau
de scolarisation en école primaire et dans le secondaire ainsi que le taux de fréquentation scolaire grimpent, la
consommation alimentaire est meilleure et la taille moyenne des enfants plus élevée; d'autre part, la désertion scolaire