REVUE DE NEUROPSYCHOLOGIE
NEUROSCIENCES COGNITIVES ET CLINIQUES
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Dossier
de ses afférences des régions appartenant à la voie visuelle
dorsale, le cortex pariétal postérieur, le cortex rétrosplenial,
le cortex dorso-latéral préfrontal et la portion dorsale du
sillon temporal supérieur [4]. Ainsi, alors que les structures
sous-hippocampiques antérieures sont en relation étroite
avec la voie visuelle ventrale impliquée dans l’identification
des objets (système du «what »«quoi »), le CPH est lié à
la voie visuelle dorsale dévolue à la localisation spatiale
(système du «where »«où »). Récemment, Kahn et al. [5],
en utilisant une méthode d’approche des connexions fonc-
tionnelles à l’aide de l’IRM fonctionnelle haute résolution
à l’état de repos, ont également identifié deux voies corti-
cales associées avec les sous-régions du LTI chez l’homme.
La première voie associée au CPR et au CER comprend le
lobe temporal antéro-latéral, cette voie convergeant vers
la tête de l’hippocampe. La deuxième voie, associée au
cortex parahippocampique, comprend le lobule pariétal
inférieur, le cortex rétrosplénial, le cingulum postérieur,
ainsi qu’une portion du cortex medio-ventral préfrontal,
cette voie convergeant vers le corps de l’hippocampe.
La mémoire déclarative
La description du patient H.M., qui avait présenté une
amnésie sévère suite à l’excision bilatérale de la région
temporale interne en raison d’une épilepsie pharmaco-
résistante, a révélé le rôle crucial du LTI dans la mémoire
déclarative chez l’homme [6]. Tulving [7] introduisait
une distinction au sein de la mémoire déclarative, entre
mémoire sémantique et mémoire épisodique. La mémoire
sémantique fait référence aux faits et à la connaissance
des objets, des personnes, des lieux et des concepts.
Cette mémoire est associée à une conscience noétique de
l’existence du monde, des objets et des événements, indé-
pendamment de la conscience autonoétique et du temps
subjectif [7, 8]. La mémoire épisodique fait, quant à elle,
référence à la remémoration consciente des événements
personnellement vécus, situés dans leur contexte temporo-
spatial spécifique d’acquisition et nécessitant un voyage
mental à travers le temps, avec une référence autonoétique,
permettant ainsi l’expérience des souvenirs personnels.
Chez l’animal, la plupart des travaux sur la mémoire
épisodique s’intéressent à un aspect de cette dernière,
la mémoire spatiale. La mémoire spatiale n’est pas un sys-
tème unitaire mais comprend de multiples processus cogni-
tifs spécialisés. Une distinction a été proposée par O’Keefe
et Nadel [9] sur la base de travaux chez l’animal. Selon
ces auteurs, il existe deux systèmes distincts permettant
de guider les déplacements. Le Taxon système comprend
le guidage et les réorientations. Celles-ci s’organisent
sous forme de «routes »correspondant à une séquence
d’orientation stimulus-réponse. Le Local système met en
œuvre des «cartes cognitives ». Ces cartes sont en fait
des représentations allocentriques (le référentiel est stable,
indépendant de la position du sujet dans l’environnement),
contrairement aux routes qui sont des représentations
égocentriques (la référence est l’individu lui-même).
La mémoire déclarative et le LTI
Selon une première conception de l’organisation
anatomo-fonctionnelle de la mémoire déclarative,
l’ensemble des régions constituant le LTI contribuerait
d’une manière homogène à cette mémoire et la nature
sémantique ou épisodique du déficit mnésique des patients
avec une lésion du LTI varierait selon l’étendue de cette
lésion [10]. À cette vision des bases neurales de la mémoire
déclarative s’oppose une autre vision issue de nombreux
travaux conduits chez l’animal (principalement chez les
rongeurs ou des primates non humains) qui ont apporté des
arguments en faveur d’un rôle différentiel des sous-régions
du LTI [11]. Ainsi, les données obtenues chez le macaque
montrent qu’alors que le CPR joue un rôle essentiel dans la
mémoire de reconnaissance visuelle en utilisant des tâches
d’appariement avec délai (delayed matching to sample
[12]), l’HC semble être impliqué préférentiellement dans
les tâches de mémoire spatiale [13]. Un nombre croissant
de travaux suggère que, chez l’homme, les structures
du LTI supporteraient des fonctions similaires à l’animal.
Ainsi, les travaux chez des patients cérébrolésés apportent
des arguments en faveur d’une ségrégation fonctionnelle
des sous-régions de la région temporale interne [14-19].
Mishkin et al. [20] suggèrent ainsi que le substrat neural
de la mémoire épisodique qu’ils qualifient de mémoire
«contextualisée », pour laquelle le cortex hippocampique
joue un rôle crucial, pouvait être dissocié du substrat
neural de la mémoire sémantique qu’ils qualifient de
mémoire «décontextualisée »ou «mémoire des faits »,
pour laquelle les cortex sous-hippocampiques seraient cru-
ciaux. Des études plus récentes chez l’homme confirment
cette dissociation. Plusieurs cas de patients avec des lésions
hippocampiques présentant des troubles de la mémoire
contextualisée, contrastant avec la préservation de la
mémoire décontextualisée attribuée à la préservation des
cortex sous-hippocampiques, ont été décrits [15, 17, 18].
L’ensemble de ces données laisse penser qu’une dys-
fonction de la voie fonctionnelle mésiotemporale antérieure
entraîne un déficit de la mémoire décontextualisée, alors
que la dysfonction de la voie mesiotemporale postérieure
serait à l’origine d’un trouble de la mémoire contextualisée.
Néanmoins, cette dissociation est fondée sur l’observation
de plusieurs cas d’atteinte hippocampique mais il existe
peu de modèles pathologiques affectant de manière préfé-
rentielle les structures sous-hippocampiques [19, 21]. Nous
faisons l’hypothèse que l’amnésie pure progressive (AmPP),
une forme atypique de MA, pourrait constituer un modèle
d’étude privilégié des substrats fonctionnels de la voie
mésiotemporale antérieure.
L’amnésie pure progressive (AmPP)
L’AmPP : une forme temporale focale de la MA
La description de plusieurs études de cas de syndromes
amnésiques «d’étiologie inconnue »dans la littérature avait
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