(contre l`occupant nazi et le régime de Vichy) et la - HISTEGEO

Arnaud LEONARD (d'après Hachette). Lycée Français de Tananarive. 2011-2012.
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Leçon n°18. La République, trois républiques
Introduction
- définition du sujet (termes et cadrage) :
Proclamée en 1870 à la suite de la disparition du Second Empire (1852-1870), la
IIIe République diffuse ses valeurs et ses symboles, notamment grâce à l'école,
favorisant l'adhésion de nombreux Français à un régime démocratique. Elle triomphe
ainsi des adversaires conservateurs comme des menaces autoritaires. Après le
naufrage idéologique du régime de Vichy (1940-1944), la République renaît grâce aux
mouvements de Résistance qui lui donnent une plus grande ambition de justice
sociale. Les formes institutionnelles, sujets de divisions, évoluent et en 1958, la IVe
République est remplacée par la Ve République.
- problématique :
Comment le projet républicain se transforme-t-il entre 1870 et 1962 ?
- annonce du plan :
Nous verrons d’abord comment la culture républicaine s’enracine dans les
décennies 1880 et 1890. Puis nous analyserons en quoi les combats de la Résistance
aboutissent à une refondation républicaine. Enfin, nous étudierons la mise en place
d’une nouvelle république entre 1958 et 1962.
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1. L’enracinement de la culture républicaine (décennies 1880 et 1890)
a. Les forces politiques
La France est gouvernée durant les années 1870 par des conservateurs
monarchistes ; les républicains modérés ou « opportunistes » (Gambetta, Ferry)
obtiennent ensuite la majorité aux élections législatives de 1876. La France adopte
alors des symboles faisant référence à la Révolution française comme le drapeau
tricolore et La Marseillaise comme hymne national. En 1884, la République est
proclamée « gouvernement définitif de la France ».
Le débat politique républicain est favorisé par l'existence de grands partis qui se
forment à cette époque. A gauche, les radicaux dominent ; le Parti radical, créé en
1901, est un des plus importants partis politiques français. Clemenceau est un des
principaux dirigeants du radicalisme. L'essentiel du programme radical repose sur la
séparation des Églises et de l'État (votée en 1905) et l'impôt sur le revenu (voté en
1914). La SFIO est créée en 1905 et rassemble les socialistes, sous la direction de
Jean Jaurès. A droite, les conservateurs, sont moins bien organisés.
b. L'enracinement de la République
Reste à conforter la République et d'abord à former des citoyens. Cette tâche est
confiée à l'école primaire républicaine. Les lois Ferry instaurent l'obligation, la gratuité,
la laïcité de l'instruction primaire publique. Un personnel laïque d'instituteurs est recruté
et formé. Programmes et manuels scolaires confirment cette orientation. La foi dans le
progrès et la connaissance constituent l'idéologie dominante (positivisme) associée à
l'amour de la nation et de la patrie.
Le régime imprègne en profondeur la vie des Français en accordant les libertés
démocratiques fondamentales : liberté de réunion, d'association, de la presse, liberté
syndicale. La presse imprimée connaît alors une sorte d'âge d'or sous la IIIe
République. Les titres et les tirages sont très importants. Grâce à des progrès
techniques majeurs comme les rotatives, le prix du quotidien diminue. Le pouvoir de la
presse est tel que des campagnes de presse peuvent déstabiliser un gouvernement.
L'instruction et ces libertés permettent aux citoyens d'exercer le suffrage universel
dans une république qu'il faut défendre (service militaire obligatoire), faire vivre
(impôts).
Un « paysage » républicain se développe : si, dans chaque village, mairies et
écoles sont les lieux de référence, casernes, monuments et statues allégoriques se
multiplient dans les villes. La création en 1880 de la fête nationale du 14 Juillet
symbolise la volonté d'associer tous les Français dans la célébration de la Nation et de
la République.
c. Des valeurs discutées et contestées
La République n'est pas unanimement acceptée. Si à l'extrême gauche les
attentats anarchistes peuvent inquiéter, l'extrême droite nationaliste paraît infiniment
plus dangereuse en cherchant à s'appuyer sur la mobilisation des masses (presse,
ligues).
Des crises graves comme l'affaire Boulanger ou l'affaire Dreyfus secouent la
République. Tous ses ennemis (monarchistes, nationalistes) conjuguent leurs efforts
pour la renverser. Les valeurs du régime sont mises en cause par un déferlement de
xénophobie, d'antiparlementarisme et d'antisémitisme. L'union des républicains
regroupés autour des principes fondamentaux du régime (défense des libertés et
affirmation des droits de l'homme) permet à la République de surmonter ces crises.
Son enracinement et le large consensus à son propos expliquent la très forte unité des
citoyens en août 1914.
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2. Les combats de la Résistance (contre l’occupant nazi et le régime de
Vichy) et la refondation républicaine
a. La défaite et le régime de Vichy
En septembre 1939, la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à
l'Allemagne nazie ; en mai-juin 1940, l'armée française est battue. Cette faite
provoque l'arrivée au pouvoir du maréchal Pétain, muni des pleins pouvoirs par un vote
d'une majorité de parlementaires. Celui-ci obtient des Allemands un armistice et met
en place un nouveau régime.
« L'État français » voit le jour à travers les Actes constitutionnels (juillet 1940) qui
balaient les valeurs et les traditions républicaines (concentration des pouvoirs,
disparition des assemblées, politique d'exclusion, collaboration avec les nazis) : c'est la
fin de la IIIe République.
b. De la France libre à la Libération
• Dès le 18 juin 1940, de Gaulle appelle les Français à la résistance qui, d'abord peu
nombreuse, se développe peu à peu. Toutes les familles politiques et religieuses,
toutes les catégories sociales sont représentées. Toutes les formes de lutte sont
envisagées, de la presse clandestine à la lutte armée. Des mouvements et des
réseaux mènent un combat idéologique (lutte contre le fascisme) et patriotique (lutte
contre l'occupant). Il se fonde sur les valeurs mocratiques et républicaines. À
Londres, de Gaulle incarne désormais la « France libre » aux yeux du monde et des
Alliés.
La brutalité de l'occupation allemande (STO, déportations), les victoires alliées
précipitent l'engagement de nombreux Français dans la Résistance qui se renforce.
Les partis politiques et les syndicats réapparaissent clandestinement. L'action militaire
prend de l'ampleur avec l'essor de maquis dans de nombreuses régions.
De Gaulle entreprend d'unifier la Résistance. L'action de Jean Moulin aboutit à la
création du CNR dont le programme fixe les valeurs et les objectifs de la « France libre
». Les forces militaires des différents mouvements sont regroupées dans le cadre des
FFI. En juin 1944, les troupes alliées et les FFL débarquent en France et libèrent le
territoire national. Les zones contrôlées par les maquis sont soumises à une répression
brutale par les Allemands et la Milice, organisation collaborationniste (Vercors,
Glières). La libération s'accompagne d'une épuration spontanée, avant d'être
encadrée. Le 26 août, le général de Gaulle, acclamé par la foule, descend
triomphalement les Champs-Elysées à Paris, libérée par la 2e DB du général Leclerc.
c. La reconstruction de la République
Le territoire libéré, le général de Gaulle, avec l’aide des partis (MRP, PC, SFIO) et
des syndicats, s'efforce de rétablir l'ordre et l'autori de l'État au sommet
(Gouvernement provisoire de la République française) et à la base (commissaires de la
République et comités départementaux de libération). Il s’agit aussi de reconstruire le
pays en vertu des projets élaborés par le CNR. Les libertés fondamentales sont
rétablies, la République prend une dimension économique et sociale (nationalisations,
Sécurité sociale).
Enfin, la vie politique reprend son cours avec la convocation des électeurs pour
différents scrutins, en particulier l'élection d'assemblées nationales constituantes qui
rédigent la constitution de la IVe République finalement adoptée en octobre 1946. Il
faut deux Assemblées constituantes, et trois férendums pour refonder cette nouvelle
République. En désaccord avec la plupart des partis politiques sur les futures
institutions, sur la politique financière et économique, sur la politique coloniale, de
Gaulle démissionne le 20 janvier 1946 et se retire à Colombey-les-deux-Églises.
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3. 1958-1962, une nouvelle république
a. De la IVe à la Ve République
La IVe République mise en place en 1946 ne parvient pas, malgré une œuvre
économique et sociale appréciable, à régler le délicat problème de la décolonisation en
Algérie. Son impuissance, son instabiligouvernementale chronique, provoquent une
remise en cause du régime. Des tensions politiques de plus en plus vives placent la
France au bord d'une crise politique grave.
En mai 1958, une insurrection éclate en Algérie mobilisant la population
européenne avec la complicité d'une partie de l'armée. Les émeutiers s'emparent du
Gouvernement général et forment un Comité de salut public dirigé par le général
Massu qui demande le retour au pouvoir du général de Gaulle. Face à la crainte d'une
guerre civile, de Gaulle se dit prêt « à assumer les pouvoirs de la République ». Le 1er
juin, il est investi par l'Assemblée comme président du Conseil à la tête d'un nouveau
gouvernement. Le 3 juin, l'Assemblée lui accorde les pleins pouvoirs afin d'empêcher
la guerre civile et le droit d'élaborer une nouvelle constitution. La IVe République est
morte ; les communistes et une partie des socialistes dénoncent ce qu'ils appellent «
un coup d'Etat ».
b. De Gaulle au pouvoir et la constitution de 1958
• Ayant à différentes reprises émis des critiques sévères contre le régime, de Gaulle
propose en septembre 1958 une nouvelle Constitution. Au-delà de la répartition
traditionnelle des pouvoirs, elle introduit des éléments nouveaux, en renforçant
l'autorité du président de la publique : élection par un Congrès élargi à quelques 80
000 grands électeurs ; usage rendu possible dans certaines situations exceptionnelles
du référendum (art. 11) ou des pleins pouvoirs (art. 16). Cette Constitution, qui renforce
le pouvoir exécutif, est très largement ratifiée par les Français et par la plupart des
partis qui ont dominé la vie politique de la IVe République (MRP, SFIO, radicaux), à
l'exception notable du PC et de quelques hommes politiques.
Mise en application de septembre 1958 au printemps 1962, elle permet au régime
de gérer au mieux les graves secousses provoquées par la décolonisation en Algérie
grâce à l'utilisation des articles 11 et 16. Une majorité parlementaire confortable et
stable, appuyée sur un parti s'identifiant au chef de l'État (UNR) et l'adhésion du
peuple français donnent au président de la République une grande liberté d'action.
c. L'achèvement du nouvel édifice républicain
En 1962, de Gaulle échappe à un attentat, perpétré par des partisans de l'Algérie
française, qui crée une énorme émotion dans l'opinion publique et un climat
politiquement favorable à ses projets. Il pense le moment venu d'achever son œuvre
constitutionnelle. Pour renforcer davantage encore le pouvoir et la légitimité du
Président, il propose son élection au suffrage universel. Cette proposition provoque la
colère des partis ralliés à sa politique en 1958 mais qui, maintenant, refusent une
évolution vers un régime trop présidentiel jugé contraire aux traditions républicaines.
Une motion de censure est déposée qui réunit la quasi-totalité des partis, contraignant
de Gaulle à dissoudre l'Assemblée.
• Les Français sont donc appelés à trancher par deux votes. Par un « oui »
majoritaire au référendum, ils acceptent la réforme de la Constitution et par l'élection
d'une nouvelle Chambre où le parti gaulliste, l'UNR, obtient un large succès, ils
confortent de Gaulle, son gouvernement, et assurent la mise en place de la Ve
République. Le président de la République est désormais le pivot sur lequel repose la
vie politique française et son élection au suffrage universel personnalise
considérablement la vie politique. C'est une mutation majeure dans la tradition
parlementaire républicaine française.
Arnaud LEONARD. Lycée Français de Tananarive. 2011-2012.
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Conclusion
- réponse à la problématique :
Ce n'est qu'à partir de 1879 que les Républicains disposent en France d'une
majorité parlementaire stable. Ils mettent en œuvre une politique garantissant les droits
fondamentaux d'expression et d'association. Ils rendent l'instruction primaire gratuite,
obligatoire et laïque (lois Ferry de 1881 et 1882) et imposent une stricte séparation des
Églises et de l'État (loi sur la laïci de 1905). Pour fonder la légitimité de la IIIe
République, l'adhésion des Français est primordiale Des symboles républicains sont
adoptés : La Marseillaise, hymne national ; le 14 juillet, fête nationale ; une allégorie,
Marianne. La culture de la presse et du débat, l'école, les fêtes civiques et patriotiques,
les édifices publics, les symboles et les emblèmes sont autant de vecteurs des valeurs
nouvelles. Cet enracinement des valeurs républicaines est fondamental pour faire face
aux crises politiques. L'affaire Dreyfus, en donnant libre cours aux opposants du
régime, fragilise un temps la République. La mobilisation des intellectuels et des
républicains permet aux institutions de sortir de l'Affaire plus stables et plus
démocratiques. Malgré de nombreuses difficultés (scandale de Panama, attentats
anarchistes), la majorité des Français finit par adhérer à la forme républicaine de l'État,
comme le montre l'Union sacrée en 1914.
À la faveur de la défaite française de 1940, le maréchal Pétain est porté au pouvoir.
Depuis Vichy, il prétend redresser le pays en lui faisant subir une « Révolution
nationale ». La République est abolie et remplacée par un « État français » autoritaire
qui s'engage dans une politique de collaboration avec l'Allemagne. L'État français fait
la synthèse des oppositions à la IIIe République. La mise en place d'une politique
xénophobe antisémite et réactionnaire, ainsi que la concentration des pouvoirs par le
maréchal Pétain vont à l'encontre des valeurs républicaines, humanistes et
universelles héritées de la Révolution française. Des Français refusent la défaite et
l'occupation allemande : réfugié à Londres, le général de Gaulle, dès le 18 juin 1940,
appelle à poursuivre la lutte et dirige la « France libre » : c'est la résistance extérieure.
Sur le territoire national, une résistance intérieure s'impose et se développe ; avec
l'aide de Jean Moulin, de Gaulle parvient à unifier les réseaux de résistants (création
du CNR en 1943). Après la chute de Pétain (1944), des débats sur les institutions
opposent les différents partis issus de la Résistance. La France libre et l'ensemble de
la Résistance incarnent la continuation des traditions républicaines. Celles-ci sont
même réactivées par une volonté de donner à la démocratie un contenu économique
et social plus important. De Gaulle préside le Gouvernement provisoire et refonde la
République en s'appuyant sur des forces politiques issues de la Résistance. Mais il ne
réussit pas à imposer sa conception des institutions et démissionne. Il quitte sa
fonction de Président car il considère que le pouvoir exécutif est trop faible au regard
des enjeux de la Libération. La IVe République, qui donne l'essentiel du pouvoir au
Parlement, voit finalement le jour en 1946.
Discréditée par une instabilité gouvernementale chronique et son incapacité à gérer
la décolonisation, et malgun important travail de reconstruction, la IVe République
est abolie en 1958, à la faveur de la guerre d'Algérie, par le général de Gaulle qui lui a
toujours été hostile. Il fait adopter par férendum la Constitution de la Ve République
qui accroît sensiblement les pouvoirs du président. La Constitution de la Ve
République, régime mixte, adoptée par l'ensemble des Français permet au chef de
l'État d'être l'arbitre et le chef politique el du pays. Le Premier ministre met en œuvre
les grandes orientations que le Président fait valider périodiquement par l'ensemble
des Français grâce aux référendums. Premier à occuper le poste présidentiel, de
Gaulle en renforce encore l'importance en 1962 en faisant adopter par référendum le
principe de l'élection du président au suffrage universel direct.
- ouverture du sujet :
Comment la République s’est-elle adaptée aux différentes crises sociales,
économiques et culturelles ?
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