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pharmacologiques et les moyens thérapeutiques de la radio‐oncologieetdelachirurgie
ncologiquepermettentdesoulagerlesmaladesdebeaucoupdemalaisespourlesquelsono
n’avaitauparavantquepeudesolutions.
u’en est‐il donc du phénomène de douleur incoercible (impossibleàréprimer)etdelaQ
souffranceterminaledontparleleCollègedesmédecins?
Lamaîtrisedeladouleurestcertesparfoisincomplètedanslesétatsterminauxetilarrive
qu’onnepuissel’obtenirsansdeseffetssecondairesdesédation,quelemaladenesouhaite
pas. Il est considéré une bonne pratique médicale et même une obligation d’utiliser les
opiacésettoutl’arsenalanalgésiquedisponibledansl’intentiond’apaiserlepluspossiblela
douleurdumalade,mêmesic’estauprixd’abrégersesjoursparleseffetssecondairesdela
médication(cequiesttrèsrarementlecas).Depuislesdernières années, des pratiques
d’inductiondusommeilsontvenuescompléterl’arsenalthérapeutiquepourlesplusrares
as de douleur très mal maîtrisée. Pour reprendre les mots de l’éthicienne Margaretc
Somerville,c’estladouleurqu’ilfauttuer,paslemalade.
Lapharmacologieetlesautresmodalitésdelamédecineetdelachirurgieferontencoredes
avancéesdanslesoulagementdeladouleur,maislasouffranceexistentielle du malade
atteintd’unemaladieterminaledemeureratoujoursunphénomèneliéànotrehumanité,à
notrequêtedesenspournostourmentsimmédiats,ànoscroyancessurl’au‐delà:
souffrance et humiliation de se voir diminué physiquement et mentalement, de se voir
dépendantetdeseconsidérerunpoidspourlesautres,humiliation de devoir se plier à
recevoirdel’aidepourlesbesoinsdel’hygiène,peinededevoirquitterceuxquel’onaime,
peined’êtretémoindessouffrancesdesproches.Plusquelesdouleurs«incoercibles»,c’est
cettesouffrancequipeutamenerlemaladedontlesjourssontcomptésàsombrerdansle
découragementouladépressionetàdemanderquel’onabrègeses jours. La grande
majoritédecesmaladestrouverontunréconfortdansleursouffranceparlasollicitudede
l’entourageouparfoisparlamédicationantidépressive.Lapratiquedémontreaussiquela
mande à mourir est une sorte de cri du cœur qui est le plus souvent un appel à lade
sympathieetnereprésentepasunedemandeconcrèted’euthanasie.
Ildemeurequ’ilyauratoujoursdansnossociétésleproblèmedespersonnesatteintesde
maladies terminales et dégénératives sévères, qui voient venir les complications de leur
maladie, qui ne sont pas nécessairement déprimées, qui bénéficient de beaucoup de
supportetdesoinsmaisquivoudraientmettrefinàleursjoursenuntempsetunlieu,et
quinesontpascapablesdelefaireseules.Cespersonnesnevoientplus de sens à cequi
leurresteàvivrenaturellement,etl’échéancenaturelleavantleurmortestparfoislongue.
Lespersonnesquidemandentl’euthanasiedanscescirconstancesnesontpasnombreuses
dansnotresociétéetlamajoritédeceuxetcellesquiontuneconditionphysiquesemblable
à la leur ne souhaitent nullement mettre fin à leurs jours. Il ne sera jamais possible de
discriminerenfonctiondel’âgeetdelasévéritédel’atteinteoudel’espérancedeviedans
cegroupedepersonnescarcequiestvéritablementenjeuestledroitausuicide.Ornotre
ociétéachoisipourdetrèsbonnesraisons,quelapersonnesuicidaireetquiestcapablede
oserungestedesuicide,peutêtreretenuedepasseràl’acte.
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