Châteaubriant en 1939
En 1939, Châteaubriant, une cité de 8112 habitants, coule des jours tranquilles dans la
Vallée de la Chère, au pied du Château érigé par Brient 1
er
, au centre d’un cercle de
forêts.
Petite ville de province, elle a dépassé les caractéristiques d’un gros bourg
rural. Sous-préfecture du département de Loire-Inférieure (alors partie de la Bretagne),
elle tient le rôle de ville-centre par rapport aux bourgs environnants, elle offre de
nombreux services administratifs (liés à la présence de la sous-préfecture), une gare
SNCF-voyageurs et une gare SNCF-marchandises, une gare routière, un hôpital et un
autre établissement hospitalier de renommée mondiale (où le docteur André
BERNOU, assisté de Lucienne MARECAUX, réalise des miracles dans les soins
donnés aux tuberculeux), un commerce bien développé, un gros marché le mercredi,
une
foire annuelle renommée, des banques, des écoles primaires, un Cours
Complémentaire et même des bains-douches publics. D’un point de vue culturel, elle
dispose d’une bibliothèque municipale, d’un cinéma, de deux hebdomadaires (le
Journal de Châteaubriant et le Courrier de Châteaubriant).
Protégée, mais non coupée du monde et de ses troubles, elle compte alors, selon le
Sous-Préfet de l’époque, 900 ouvriers, 300 commerçants, 250 fonctionnaires
(enseignement et PTT), 150 artisans et une centaine de professions libérales, contre
seulement 125 exploitations agricoles. Les ouvriers travaillent essentiellement à l’usine
Huard (machines agricoles et fonderie), à la fonderie Leroy et au dépôt SNCF.
La vie sociale est importante : vie syndicale (forte implantation CGT à l’usine Huard,
dans les fonderies et au dépôt SNCF), vie associative (harmonie municipale, groupes
de théâtre, association d‘Anciens Combattants, sociétés sportives et nombreuses
autres associations, comme l’Amicale Laïque dont 29 militants seront victimes de la
barbarie nazie), vie religieuse (Paroisses, Cercle Catholique, Voltigeurs, écoles …).
Le marché tient un rôle important, il diffuse les nouvelles et assure le lien entre ville et
campagne. Chaque année en septembre, la Foire de Béré réunit tout le pays.
Les premiers réfugiés : Espagnols
(voir aussi page230)
« Certains jours il y eut 60 000 habitants dans les murs » raconte Alfred GERNOUX
dans son excellent livre « Châteaubriant et ses martyrs » en présentant la période 39-
45 à Châteaubriant. (ouvrage réédité, dont on en trouve encore quelques exemplaires,
notamment à la mairie de Châteaubriant) .
Lorsqu’arrivent les premiers réfugiés espagnols fuyant le régime franquiste, au tout
début du mois d’avril 1939, la Guerre d’Espagne retentit jusqu’à la cité de Françoise
de Foix . « Je me souviens de leur arrivée, en train, à la gare de Châteaubriant, en
cohortes lamentables » dit Yves Cosson.
« Aussitôt, la cité devient vibrante, elle se penche vers toute cette misère humaine,
elle ravitaille cette foule qui a faim, elle réchauffe ceux qui ont froid et met de la
tendresse au cœur de ces épaves » raconte Alfred Gernoux, enjolivant les faits, dans
son livre « Châteaubriant et ses martyrs ».