1939-1945
Telles furent
nos jeunes années
Le Pays Castelbriantais
sous l’Occupation
(Deuxième édition, revue et enrichie)
Des jours meilleurs
se lèveront demain
René Perrouault
Fusillé à Châteaubriant
Que ces témoignages,
en combattant l’oubli,
servent la cause de la Liberté,
de la Dignité humaine et de la Paix
Marcel Letertre
Edition : Les dossiers de La Mée
Ceci est la copie du livre paru en octobre 2009. Il peut présenter
quelques petites différences avec le texte original. Seul le livre
fait foi. On peut le trouver chez les libraires castelbriantais ou au
+33 (0)9 77 81 55 98 au prix de 32 € port compris.
1
Remerciements
Ce livre est un ouvrage collectif. Non pas une œuvre d’historien, résultat d’une longue
collecte de témoignages. De nombreuses personnes ont accepté de raconter, fouillant
leur mémoire et leurs archives. Merci à tous ceux qui,
d’une façon ou d’une autre, ont
participé à la réalisation de cet ouvrage.
Citons par ordre alphabétique, en espérant n’avoir oublié personne :
Guy ALLIOT
Paulette et Jacques AVERBUCH
Henri BARON
Thérèse BARTHELEMY-PIETIN
Charles BESNARD
Yves BLAIS
Paulette BLOND-FONTAINE
Michèle BOISGARD-MIGLIORETTI
Denise BOISSEAU-GICQUEL
Jean et Evelyne BOLLEROT
Marie Louise et Jeanne BOUCHERIE
Joséphine BOUCHET
Jeanne BREMONT
Robert BROSSEAU
Georgette CASSIN
Madeleine et Marcel CHARRON
Michel CHARRON
Alexis CHEVALIER
René CHRETIEN
Gaby COSSON-LEROY
Yves COSSON
Michèle COTTREL-GICQUEL
Arthur DEROCHE
Célestin DEROCHE
Marc DROUET
Michel DUBLE
André DUFLAND
Sylvie ETIENNE-LEPRON
Carlos FERNANDEZ
Roland FEUVRAIS
Jacqueline FOURNIER
Jean GAUCHET
Marie-Françoise GICQUEL-COTTREL,
Jean GILOIS
(voir page 293)
Raoul GIQUEL
Augustin GROSDOY
Hugo HERVE
Germaine et Paul HUARD
Daniel JOLYS
André et Denise LEBASTARD
Solange LEROY et l’ALC
Emile LETERTRE
Marcel LETERTRE (fils)
Marcelle MAIGNAN
Robert MAISONNEUVE
Maurice MARCHAND
Auguste MARTIN
Eric MICHAUX
Quentin MIGLIORETTI
Marcel MISERIAUX
Odette NILES
Paul ORDRONNEAU
Christiane PALOU-BIGNON
Fernande PASCAUD-BROSSEAU
Yves PELON
Michel PERRINEL
René PHILIPPOT
Paulette PILETTE-MARSOLLIER
Monique de PONTBRIAND
Bernadette POIRAUD
R
ose MERRIEN-PUYBOUFFAT
Jacqueline REGIS
Jeannette RIALLAND-CHEVROLIER
Simone ROBERT
Paul ROUL
Emile ROUX
Michel RUCHAUD
Jean SIMON
André et Germaine SINENBERG
André SINOIR
Voici donc ce livre,
il est sûrement incomplet.
Il peut rester des erreurs
et des oublis, involontaires
Que les Historiens
reprennent le récit
et l’analyse de cette période
riche et troublée. La Mée, aoû
t 2009
2
Avertissement
La seconde guerre mondiale
Et plus particulièrement la Résistance
Un sujet exaltant, mais "dangereux" à traiter
Tant sont encore vifs les souvenirs
Et les émotions
Tant d’années après,
il y a toujours des choses à ne pas dire,
Et des choses à dire,
Mais peut-être à ne pas dire ici
Ou à ne pas dire comme cela.
La Mée prend le risque de remuer les mémoires,
Tant qu’il est temps
Ce sera forcément incomplet
Voire frustrant pour quelques personnes.
La Mée prend le risque de décevoir
Mais ce risque n'est rien
A côté de celui que prirent les Résistants,
Ces « soldats de l’ombre »,
Dans leur combat contre les nazis.
Ce livre n'est destiné, modestement,
Qu'à entretenir le souvenir
De la vie à Châteaubriant et région sous l’Occupation
Et de perpétuer
L'admiration et le respect
Pour ceux qui luttaient
Pour la Démocratie.
Pour la Liberté.
Ne souhaitant pas voir retomber sur des familles entières le comportement de
quelques individus, volontairement, La Mée ne parlera ni des quelques Castelbriantais
qui pratiquèrent la collaboration avec l’ennemi ni de ceux qui ont eu un comportement
interlope (il y en eut, hélas ! comme partout).
3
Première partie :
Tourments
Les Allemands étaient chez moi
On m’a dit « Résigne-toi »
Mais je n’ai pas pu …
Emmanuel d’Astier de la Vigerie
4-5
Châteaubriant en 1939
En 1939, Châteaubriant, une cité de 8112 habitants, coule des jours tranquilles dans la
Vallée de la Chère, au pied du Château érigé par Brient 1
er
, au centre d’un cercle de
forêts.
Petite ville de province, elle a dépassé les caractéristiques d’un gros bourg
rural. Sous-préfecture du département de Loire-Inférieure (alors partie de la Bretagne),
elle tient le rôle de ville-centre par rapport aux bourgs environnants, elle offre de
nombreux services administratifs (liés à la présence de la sous-préfecture), une gare
SNCF-voyageurs et une gare SNCF-marchandises, une gare routière, un hôpital et un
autre établissement hospitalier de renommée mondiale (où le docteur André
BERNOU, assisté de Lucienne MARECAUX, réalise des miracles dans les soins
donnés aux tuberculeux), un commerce bien développé, un gros marché le mercredi,
une
foire annuelle renommée, des banques, des écoles primaires, un Cours
Complémentaire et même des bains-douches publics. D’un point de vue culturel, elle
dispose d’une bibliothèque municipale, d’un cinéma, de deux hebdomadaires (le
Journal de Châteaubriant et le Courrier de Châteaubriant).
Protégée, mais non coupée du monde et de ses troubles, elle compte alors, selon le
Sous-Préfet de l’époque, 900 ouvriers, 300 commerçants, 250 fonctionnaires
(enseignement et PTT), 150 artisans et une centaine de professions libérales, contre
seulement 125 exploitations agricoles. Les ouvriers travaillent essentiellement à l’usine
Huard (machines agricoles et fonderie), à la fonderie Leroy et au dépôt SNCF.
La vie sociale est importante : vie syndicale (forte implantation CGT à l’usine Huard,
dans les fonderies et au pôt SNCF), vie associative (harmonie municipale, groupes
de théâtre, association d‘Anciens Combattants, sociétés sportives et nombreuses
autres associations, comme l’Amicale Laïque dont 29 militants seront victimes de la
barbarie nazie), vie religieuse (Paroisses, Cercle Catholique, Voltigeurs, écoles …).
Le marché tient un rôle important, il diffuse les nouvelles et assure le lien entre ville et
campagne. Chaque année en septembre, la Foire de Béré réunit tout le pays.
Les premiers réfugiés : Espagnols
(voir aussi page230)
« Certains jours il y eut 60 000 habitants dans les murs » raconte Alfred GERNOUX
dans son excellent livre « Châteaubriant et ses martyrs » en présentant la période 39-
45 à Châteaubriant. (ouvrage réédité, dont on en trouve encore quelques exemplaires,
notamment à la mairie de Châteaubriant) .
Lorsqu’arrivent les premiers réfugiés espagnols fuyant le régime franquiste, au tout
début du mois d’avril 1939, la Guerre d’Espagne retentit jusqu’à la cité de Françoise
de Foix . « Je me souviens de leur arrivée, en train, à la gare de Châteaubriant, en
cohortes lamentables » dit Yves Cosson.
« Aussitôt, la cité devient vibrante, elle se penche vers toute cette misère humaine,
elle ravitaille cette foule qui a faim, elle chauffe ceux qui ont froid et met de la
tendresse au cœur de ces épaves » raconte Alfred Gernoux, enjolivant les faits, dans
son livre « Châteaubriant et ses martyrs ».
6
1 / 304 100%