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Lesprécautions d’emploi
En casd’insuffisancerénale, la durée
d’action est prolongée par retardd’éli-
minationavecunrisquehémorragique
accru et il est donc impératif de véri-
fier la clairance de la créatinine (for-
mule de Cockroft) chez toutpatient
avantd’utiliser un AOD.Au-dessous
de 50 ml/mn, le traitementdevra être
rigoureusementajustéetilestcontre-
indiqué si clairance de la créatinine
<30ml/mn.Cetteprécautionconcerne
surtoutledabigatranqui est excrété à
80 %parlerein,alorsquel’élimination
rénale n’est que de 30 à35 %pourle
rivaroxabanetl’apixaban.Laprescrip-
tion des AODdevrait être limitée chez
lesujetâgéetn’estpasjustifiéelorsque
le patientest bien contrôlé sous AVK.
La surveillanced’untraitementpar
AODesttrèsdifférentedecelledesAVK
puisqu’il n’y apas de contrôle biolo-
giqueduniveaud’anticoagulation.Les
tests habituels pour évaluer l’hémos-
tase ne sontpas utilisablesenpra-
tique(TP,INR,TCA)carmêmes’ilssont
souvent modifiés, ils ne reflètentpas
le degré d’anticoagulation. La posolo-
gie est fonction avanttoutdel’indica-
tion mais ellepourraêtre adaptée s’il
existe une insuffisance rénaleetl’uti-
lisation prudente est possiblechez le
sujetâgé.
Gestion desaccidents
hémorragiques
Les AODprovoquentmoins d’acci-
dents hémorragiques graves que les
AVKmais lessaignements mineurs
sontplusfréquents en particulier
digestifs et dans ce cas il s’agitd’un
saignementgastro-duodénaldans 2/3
des cas. Quels que soientletype et la
gravitédusaignement, il faut avant
toutconnaîtreletyped’AOD,etl’heure
deladernièreprisecarl’effetdu médi-
camentvas’estomperdansles8à12h
permettantengénérall’arrêtspontané
du saignement. En cas de saignement
graveetnoncontrôlable,onpeutobte-
nirmaintenantledosageplasmatique
de produitrésiduel avec le temps de
thrombinedilué pourledabigatran
ou «pradaxémie »etl’activité anti-Xa
spécifique pourl’apixabanetleriva-
roxaban ou «xareltémie »… Si ce taux
circulantreste élevé, on peutavoir
recours àdes concentrés hémosta-
tiquesstandards ou enrichis (CPP-
FEIBA)ettrès prochainementàdes
reversionsefficacesavecdesantidotes
spécifiques qui serontprescrites dans
le cadre d’ATUdecohorte :andexanet
(réversion des anti-Xa) ou idarucizu-
mab(réversiondudabigatran). Enfin
unedialysepeutêtreproposéechezles
patients traités par dabigatranencas
d’altération de la fonction rénale.
Interactions médicamenteuses
Il n’a pas été démontré d’interactions
avec lesinhibiteursdelapompeàpro-
tons (IPP) souvent prescrits chez ces
patients, soitàtitre préventif,soiten
raison d’un antécédent ulcéreux ou
d’unreflux.Encasdetraitementd’éra-
dication d’Helicobacter Pylori,laqua-
drithérapiebismuthéeestpossiblecar
le bismuth, la tétracycline, le métroni-
dazole n’interfèrentpas avec lesAOD
alorsquelaclarithromycinepeutdimi-
nuer leur action. D’autres médica-
ments sontcontre-indiqués avec les
AOD: kétoconazole, itraconazole,
dronédarone, ciclosporine, tacrolimus
et AINS (sauf aspirine àvisée anti-
agrégante).
Modalités d’arrêt
et de reprisedes AOD
La cinétique rapide des AODest la
caractéristique qui va changer nos
habitudesentermes de gestion des
anticoagulants (AC). En effet, il faut
considérer que l’efficacitéest réduite
deplusde50 %,24heuresaprèslader-
nièrepriseetdevientnulleà48heures.
Malgrélafacilitéd’utilisationquepro-
curecetteéliminationrapide,il faudra
prendre en compte tous lesfacteurs
pouvantallongerladuréed’actionpar
retardd’élimination(âge, fonction
rénale,interactionsmédicamenteuses),
etresterprudentlors des procédures à
risque hémorragique élevé.
Les recommandations qui vont suivre
sontdirectementextraites du guide-
line ESGE. En pratique, un arrêt de
48 heuresest en général suffisant
avantuneendoscopieavecunereprise
dutraitement24haprèslegeste,cequi
correspond au totalà3jours de non-
prise (J-2,J-1,J0)etreprise àJ+1.Un
arrêt courtavecunsimple«saut »de
la dernièreprise est suffisantpour
touteprocédureàfaiblerisquehémor-
ragique.Lasurvenued’unsaignement
différéestplus fréquentesousAC clas-
sique avec un délai moyende4jours,
alors que lesAOD sont pleinement
efficaces seulement 4à6haprès la
reprise, ce qui augmente le risque de
saignementprécoce. C’est un change-
mentdeparadigme par rapportaux
AVKcar il faut considérer un AOD
commeune«héparine encomprimé »
et de ce fait, il n’est pas recommandé
de faire un relais par HBPM,saufchez
lespatients àrisque thrombotique
élevéaprèsaviscardiologique.Dansles
rarescas où l’arrêt des AODdoitêtre
prolongé au delà de 48hetchez des
patients àrisque thrombotique élevé,
un relais par héparine peutêtre indi-
quémais contrairement au relais par
AVK,lareprisedesAODdevrasuccéder
auxinjections d’anticoagulants sans
période de superpositiondes traite-
ments.Aucune règlenepeutêtre pro-
posée mais idéalementcette période
ditedesécuritéserade5à7jours post
intervention. Enfin, la prise concomi-
tante d’aspirine ne modifie pas ce
schéma.
En pratique on peutdonc envisager
3modalités d’arrêt des ADO selon le
niveau derisquedelaprocédureetdes
facteurs de risque du patient:
–arrêtcourt:simple«saut »delader-
nièreprise (12 hou24 hselon la
posologie) ;
–arrêt standard : 72 h(pas de prise
48 havant et reprise dès le lende-
main) ;
–arrêt prolongé : 5jours, réservéaux
procéduresàhautrisqueetpouvant
nécessiter un relais par héparine ;
–cette décision d’arrêt du traitement
doitêtreindiquée clairementdans
le dossier du patientetdevra faire
l’objet idéalementd’une discussion
collégiale (anesthésiste et cardio-
logue).
En résumé :arrêt court, pas de contrôle
biologique, pas de relais HBPM.
Évaluation du risque
hémorragique desactes
endoscopiques (Fig.1)
La classification des actes endosco-
piques en fonction de leur risque
hémorragique potentiel répartithabi-
tuellement ces actes en 2groupes :
FaiblerisqueetHautrisque.Cependant
il paraît plus pragmatique de scinder
la catégorie «Hautrisque «en2sous-
groupesenfonctiondelapossibilitéou
nond’effectuerunehémostaseendos-
copique soitimmédiate, soitdifférée
en cas de saignement.Toutesles pro-
céduresderésection des polypes du
tubedigestifhautetbaspeuvent donc