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ATELIER
de réflexion
« Théorie et pratique, convictions et mœurs, raison et
passion »
animé par Jacqueline Barbazan
Texte à aborder :
«Quand on compare les mœurs d'un homme qui a une religion avec l'idée générale que l'on
se forme des mœurs de cet homme, on est tout surpris de ne trouver aucune conformité entre
ces deux choses. L'idée générale veut qu'un homme qui croit un Dieu, un paradis et un enfer
fasse tout ce qu'il connaît être agréable à Dieu et ne fasse rien de ce qu'il sait lui être
désagréable. Mais la vie de cet homme nous montre qu'il fait tout le contraire. Voulez-vous
savoir la cause de cette incongruité ? La voici. C'est que l'homme ne se détermine pas à une
certaine action plutôt qu'à une autre par les connaissances générales qu'il a de ce qu'il doit
faire, mais par le jugement particulier qu'il porte de chaque chose lorsqu'il est sur le point
d'agir. Or, ce jugement particulier peut bien être conforme aux idées générales que l'on a de
ce qu'on doit faire, mais le plus souvent il ne l'est pas. Il s'accommode presque toujours à la
passion dominante du cœur, à la pente du tempérament, à la force des habitudes contractées et
au goût ou à la sensibilité que l'on a pour certains objets. Le poète qui a fait dire à Médée : Je
vois et j'approuve le bien, mais je fais le mal [Ovide, Métamorphoses,VII,20] a parfaitement
bien représenté la différence qui se rencontre entre les lumières de la conscience et le
jugement particulier qui nous fait agir. La conscience connaît en général la beauté de la vertu
et nous force de tomber d'accord qu'il n'y a rien de plus louable que les bonnes mœurs. Mais
quand le cœur est une fois possédé d'un amour illégitime, quand on voit qu'en satisfaisant cet
amour, on goûtera du plaisir et qu'en ne le satisfaisant pas, on se plongera dans des chagrins
et dans des inquiétudes insupportables, il n'y a lumière de conscience qui tienne, on ne
consulte plus que la passion et on juge qu'il faut agir hic et nunc contre l'idée générale que
l'on a de son devoir. Ce qui montre qu'il n'y a rien de plus sujet à l'illusion que de juger des
mœurs d'un homme par les opinions générales dont il est imbu. »
Pensées Diverses, 135.
Pistes de travail :
1-Celui-ci sera expliqué à partir d’éclaircissements préalables pour être ensuite discuté.
2-La discussion sera prolongée par une réflexion plus générale sur les causes de ce décalage
entre idées, convictions et pratique, façon de se conduire dans la vie.
3-Dans un second temps, la réflexion pourra également se poursuivre en direction d’une
approche plus précise du rapport entre la raison et la passion.
4-On envisagera ainsi de réaliser une production sous la forme par exemple, d’un document,
d’une petite synthèse.