vasodilatation coronaire. Ces phénomènes favorisent l’is-
chémie des couches sous-endocardiques, des troubles du
rythme par réentrée en sus de l’altération des fonctions
systolique et diastolique.
La découverte majeure de ces dernières années a été
celle que ce remodelage progressif du ventricule gauche,
une fois initié, évolue inexorablement vers la défaillance
myocardique. Toutes aussi importantes ont été les obser-
vations que certaines thérapeutiques pouvaient freiner
voire inverser ce remodelage ventriculaire gauche, à l’ori-
gine d’une amélioration de la fonction systolique, et donc
des signes d’insuffisance cardiaque et du pronostic : la
dilatation ventriculaire est ainsi un critère pronostique
majeur [2-4].
On considère à l’heure actuelle qu’une interférence
favorable avec le phénomène de remodelage ventriculaire
gauche est un prérequis à une action bénéfique d’un
traitement de l’insuffisance cardiaque.
Molécules efficaces
dans le remodelage
Inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC)
Mark et Janice Pfeffer ont montré les premiers que les
IEC pouvaient, dans une large part, freiner le remodelage
ventriculaire gauche observé dans les suites d’un infarctus
du myocarde expérimental [5, 6]. Si les IEC étaient ineffi-
caces en cas d’infarctus très limité ou très étendu, dans les
infarctus de taille moyenne, le captopril était efficace pour
freiner la dilatation ventriculaire gauche et améliorer la
survie des animaux. Cet effet a depuis été observé expéri-
mentalement avec l’ensemble des IEC. Il est lié aux effets
hémodynamiques des IEC, qui diminuent la pré- et la
post-charge et diminuent ainsi les contraintes ventriculai-
res gauches qui sont un stimulus essentiel du processus
d’hypertrophie ; mais également, très probablement, à des
actions spécifiques liées au blocage myocardique de l’an-
giotensine 2 avec des effets antitrophiques et antifibroti-
ques.
Ces études pionnières ont initié par la suite des essais
thérapeutiques [7]. Tout d’abord dans le post-infarctus du
myocarde avec les essais Save avec le captopril [7, 8],
Trace avec le trandolapril, Consensus II avec l’énalapril IV,
Smile avec le zofenopril [9], ISIS avec le lisinopril [10],
Aire avec le ramipril et Preami avec le périndopril [11].
Ces études ont inclus soit des infarctus myocardiques
étendus avec altération de la fonction systolique ventricu-
laire gauche (FEVG < 40 %) avec ou sans signe d’insuffi-
sance cardiaque ; soit des infarctus du myocarde sans
altération de la fonction systolique.
Ces études ont montré que les IEC, administrés au long
cours, n’empêchaient pas mais freinaient le remodelage
ventriculaire gauche. Il semble que le bénéfice soit ob-
servé avec les doses élevées et que l’indication précoce du
traitement, dans une situation instable, dans les 24 pre-
mières heures, peut au contraire avoir des effets délétères
comme dans Consensus II, notamment lorsqu’il est admi-
nistré à fortes doses par voie intraveineuse ou chez des
patients hypotendus. Les effets sont prolongés et retardent
ainsi la survenue d’une insuffisance cardiaque. Il semble
néanmoins qu’ils cessent lorsque les IEC sont arrêtés. Il
existe une controverse quant à savoir si tous les infarctus
du myocarde doivent recevoir ou non un IEC pour freiner
le remodelage ventriculaire gauche, en l’absence de dys-
fonction systolique. Les IEC ne sont réellement utiles pour
freiner le remodelage que s’il existe un infarctus du myo-
carde étendu, une altération significative de la fonction
systolique ventriculaire gauche ou une insuffisance car-
diaque. Dans les autres cas, les effets bénéfiques des IEC
passent plus par leurs autres effets connus, anti-
athéroscléreux notamment, que par un effet sur le remo-
delage et leur administration peut être différée.
Abréviations
ARA2 : antagonistes des récepteurs de l’angiotensine 2
FEVG : fraction d’éjection ventriculaire gauche
IEC : inhibiteurs de l’enzyme de conversion
IS : index systolique
VTDI : volume télédiastolique indexé
Figure 1.Représentation schématique du remodelage progressif d’un ventricule gauche (de profil) après un infarctus antéroapical (jaune).
L’augmentation de la circonférence aboutit à un ventricule dilaté et sphérique, sans extension de la zone nécrosée. Le but des thérapeutiques
est de freiner ou d’inverser le processus.
mt cardio, vol. 2, n° 3, mai-juin 2006 287
Dossier - Remodelage ventriculaire
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