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la zone libre au sud) ainsi que le siège du gouvernement de Pétain à Vichy, avec un statut un peu
flou, oscillant entre la dépendance et l’autonomie12. ”
L’Article 13 du traité d’armistice prévoyait que le gouvernement français se charge, dans les
régions devant être occupées par la Wehrmacht, de remettre aux troupes allemandes tous les
moyens et voies de communication, en particulier le réseau ferroviaire, les routes et les voies
fluviales, en état. À la demande du commandement en chef allemand, tous les travaux de
reconstruction nécessaires devaient être également assurés. Le gouvernement français devait en
outre veiller à ce qu’il y ait dans la zone occupée les mêmes effectifs de personnel spécialisé
nécessaire, de matériel ferroviaire et autres moyens de communication qu’en temps de paix.13
Dès le 18 juillet 1940, le ministre allemand des Transports, Julius Dorpmüller (1869-1945),
se rendit à Paris et prononça une allocution devant les cheminots militaires à la gare de l’Est
(figure 15)14. Au cours de ces semaines, outre les transports de la Wehrmacht, l’approvisionnement
des villes en denrées alimentaires et de l’industrie en charbon jouèrent un rôle important. A partir
du 1er août 1940, la SNCF reprit la direction de l’exploitation, ce qui entraîna le retrait d’une grande
partie du personnel ferroviaire allemand. À la mi-août, un trafic civil modeste pouvait être de
nouveau assuré15. Le 2 août 1940, l’Alsace et la Lorraine furent intégrées dans le Reich allemand,
leurs chemins de fer attribués à la direction des chemins de fer du Reich de Karlsruhe et de
Sarrebruck. Dans ces régions, “ il s’avérait indispensable de restructurer l’ensemble de
l’administration selon les principes allemands et d’occuper tous les postes à responsabilité par des
fonctionnaires allemands ”16. A ce propos, on peut se référer à la communication de Joël Forthoffer
et Eugène Riedweg dans le présent volume17.
2. Les chemins de fer français sous contrôle allemand
Avec l’armistice, le commandement militaire en France devint une sorte de gouverneur
régional chargé de gouverner sans troupes particulières. L’“ administration de surveillance ” placée
sous l’autorité du commandant militaire était censée assurer la continuité de l’ensemble des
activités exercées par les autorités françaises placées sous le contrôle des officiers d’occupation
allemands. Cela supposait que le gouvernement français, ses employés et la population soient prêts
à une coopération forcée, ce qui d’une certaine manière était déjà le cas depuis la défaite militaire18.
Ainsi, pour Paris, environ 200 officiers allemands et fonctionnaires supérieurs de l’administration
militaire, et environ 1 000 dans la zone occupée suffisaient pour gouverner le pays conformément
aux principes allemands. Parmi ces fonctionnaires se trouvaient environ 60 à 70 cadres supérieurs
de la Reichsbahn19.
Le contrôle politique sur les transports français fut assuré au sein de l’état-major
administratif du commandement militaire par le groupe 10 du “ département administratif ” sous la
12 Ulrich Herbert, Best. Biographische Studien über Radikalismus, Weltanschauung und Vernunft 1903-1989, Bonn,
1996, p. 251.
13 Pour le texte allemand de l’armistice, voir les actes de la politique extérieure allemande : Akten zur deutschen
Auswärtigen Politik 1918-1945, série D, tome IX, Die Kriegsjahre, tome 2, 18 mars- 22 juin 1940, Francfort/Main,
1962, document n° 523, pp. 554-558. Pour le texte français, voir La Délégation française auprès de la Commission
d’armistice, Paris, 1947, tome 1, p. 8.
14 Voir Alfred Gottwaldt, Julius Dorpmüller, die Reichsbahn und die Reichsautobahn. Verkehrspolitik und Leben des
Verkehrsministers bis 1945, Berlin, 1995, p.95.
15 Durand, op. cit., p. 128 ; Kreidler, op. cit., pp. 58-61.
16 Voir la note "Die Eisenbahnen in Elsass, in Lothringen und in Luxemburg", Z.V.M.E.V., tome LXXXI (1941), p.
73-74.
17 Voir, Durand, op. cit., p. 173-183.
18 Voir Lucien Steinberg, Les Allemands en France, 1940-1944, Paris, 1980, pp. 19-26.
19 Voir Herbert, op. cit., p. 251 ; voir Durand, op. cit., p.123.