Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume VI, n° 3, mai-juin 2002
L’
hormone lutéinique (LH), l’hormone
folliculostimulante (FSH) et la thyréosti-
muline (TSH) sont des éléments clés du sys-
tème endocrinien hypothalamo-hypophysaire.
Avec la choriogonadotropine (CG) placen-
taire, elles forment la famille des hormones
glycoprotéiques. Ces hormones sont des
hétérodimères formés de sous-unités αet β,
unies entre elles par des ponts disulfures. La
sous-unité αest identique pour toutes ces
hormones, porte la spécificité d’espèce et a
un poids moléculaire de 22 kDa. La sous-
unité βest, quant à elle, responsable de la
spécificité hormonale et a un poids molécu-
laire de 18-22 kDa.
Les hormones glycoprotéiques hypophy-
saires agissent via des récepteurs membra-
naires. Les récepteurs de la LH et CG (LH-r),
de la FSH (FSH-r) et de la TSH (TSH-r)
sont tous trois des récepteurs couplés aux
protéines G. Les fortes homologies de
séquence entre ces récepteurs définissent la
famille des récepteurs aux hormones glyco-
protéiques (1-3). Ces récepteurs possèdent :
– un domaine N-terminal volumineux qui
constitue le domaine de liaison de l’hormone ;
– un domaine transmembranaire qui traver-
se sept fois la membrane où l’homologie
entre ces récepteurs est la plus grande (envi-
ron 70 %) ;
– un domaine C-terminal intracellulaire
riche en acides amines phosphorylables
(tyrosine, sérine et thréonine).
Les récepteurs aux hormones glycopro-
téiques hypophysaires sont couplés à la pro-
téine Gsα,donc ils stimulent l'adénylate-
cyclase. À forte concentration d’hormones,
ils peuvent également lier la protéine Gq/11
et stimuler la phospholipase C.
Les tissus cibles des gonado-
trophines (LH, FSH)
LH et FSH jouent en association un rôle
majeur dans la sécrétion des hormones sté-
roïdes, d’une part, et dans la production des
gamètes, d’autre part. Leurs cibles princi-
pales sont les gonades (1, 4, 5).
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Nouveau concept
✎La famille des hormones glycopro-
téiques hypophysaires regroupe l’hor-
mone lutéinique (LH), l’hormone folli-
culostimulante (FSH) et la thyréostimu-
line (TSH). Avec la choriogonadotropine
(CG), elles forment un ensemble de
glycoprotéines homologues. Ces hor-
mones agissent via des récepteurs
membranaires spécifiques : LH-r (pour
la LH et la CG), FSH-r (pour la FSH) et
TSH-r (pour la TSH).
✎Les récepteurs LH-r, FSH-r et TSH-r
constituent un sous-groupe au sein de
la grande famille des récepteurs liés
aux protéines G. Couplés à la protéine
Gs
α
, les récepteurs des hormones gly-
coprotéiques hypophysaires stimulent
l’adénylate-cyclase. Les mêmes récep-
teurs peuvent également stimuler la
phospholipase C, mais à forte concen-
tration d’hormone.
✎La LH et la FSH ont un rôle majeur
dans la production et sécrétion des
hormones stéroïdes et dans la produc-
tion des gamètes. Leurs organes cibles
sont les gonades. La TSH, quant à elle,
a comme cible la thyroïde. Elle contrôle
la synthèse et la libération des hor-
mones T3 et T4 et maintient le phénotype
différencié du thyrocyte.
✎Les hormones glycoprotéiques hypo-
physaires sont sécrétées, de manière
pulsatile, à des concentrations relati-
vement faibles dans le sang. De plus,
un maximum d’activité hormonale
nécessite la disparition rapide de ces
hormones de la circulation.
✎Pour atteindre leurs cellules cibles,
les hormones glycoprotéiques hypo-
physaires doivent franchir rapidement
et spécifiquement la barrière endothé-
liale située au niveau des microvais-
seaux des organes cibles.
✎L’endothélium microvasculaire des
organes cibles exprime des récepteurs
aux hormones glycoprotéiques hypo-
physaires. Ces récepteurs, identiques
à ceux des cellules cibles, sont impli-
qués dans le passage transendothélial
(transcytose) de l’hormone.
✎La transcytose par l’intermédiaire
de récepteurs aux hormones glycopro-
téiques hypophysaires se fait par le
biais des puits et des vésicules recou-
verts de clathrine, ce qui constitue un
mécanisme de transport complètement
différent de celui des protéines
sériques, présentes, elles, en grande
concentration dans le sang. Ce type de
mécanisme de transport n’est pas
observé dans des organes non cibles.
✎Les cellules endothéliales expriment
également des récepteurs spécifiques
pour d’autres hormones peptidiques et
protéiques. La transcytose d'hormone
peut donc constituer un niveau de
régulation hormonale.
✎Les mécanismes moléculaires (motifs
d'internalisation, signaux d'adressage
vers les pôles de l’endothélium, les
protéines associées) impliqués dans le
transport transendothélial par l’inter-
médiaire de récepteurs aux hormones
peptidiques/protéiques restent à définir.
*INSERM U135 “Hormones, gènes et reproduction”, hôpital de Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre.
Comment les hormones glycoprotéiques
hypophysaires franchissent
la barrière endothéliale pour atteindre
leurs cellules cibles
N. Ghinea*