recherche quentes, de corticodépendance ou corticorésistance, d’autres traitements immunosuppresseurs sont utilisés : le mycophénolate, les anticalcineurines, le cyclophosphamide ou un traitement avec un anticorps anti-CD20 dirigé contre les lymphocytes B. Aucun traitement spécifique de cette maladie n’existe actuellement et les rechutes sont fréquentes après l’arrêt ou la diminution de la corticothérapie. Une corticodépendance, ainsi que des complications de la corticothérapie et des immunosuppresseurs sont observées chez plus de 60% des patients. La physiopathologie du SNI demeure mal connue. C’est pourquoi plusieurs hypothèses et voies de recherches sont actuellement explorées. Au niveau épidémiologique, la prépondérance de la maladie chez le garçon évoquent l’existence d’un terrain génétique spécifique. Ce déséquilibre du sex-ratio dans certaines populations évoque l’implication d’un ou de plusieurs gènes portés par le chromosome X. La distribution des âges de début de la maladie est commune dans la plupart des études. La très grande majorité des cas surviennent entre 1 et 10 ans avec une incidence 4 ou 5 fois supérieure dans la tranche d’âge 1-4 ans par rapport à la tranche d’âge 10-15 ans. Par contre, l’existence de cas groupés chronologiquement et géographiquement suggère l’intervention d’un agent infectieux ou environnemental dans le premier déclenchement de la maladie. Il existe une simultanéité de l’âge du début du SNI et des primo-infections virales (virus Epstein-Barr, cytomégalovirus, adénovirus, herpèsvirus), et des infections bénignes des voies aériennes supérieures surviennent fréquemment avant une poussée. De plus, chez certains patients, des épisodes d’allergies cutanées ou respiratoires peuvent précéder les poussées de SNI. Ces observations sous-entendent qu’un disfonctionnement des défenses de l’organisme contre les agents pathogènes et/ou allergènes pourrait entraîner un SNI, mais cela reste à démontrer. Le SNI n’apparaît pas comme une maladie rénale primaire, mais comme une pathologie du système immunitaire dont le rein est la cible exclusive. L’hypothèse la plus communément admise est la présence d’un facteur circulant dans le sang jusqu’à présent non découvert et responsable de l’augmentation de la perméabilité de la barrière de filtration glomérulaire. La protéinurie et le SNI réapparaissent chez les patients transplantés pour corticorésistance secondaire. Des rémissions sont obtenues après transfert de plasma de personnes saines chez les malades. Bien que les numérations et formules sanguines des patients SNI soient normales, il existe des anomalies au niveau des globules blancs sanguins qui sont les cellules du système immunitaire. Ainsi, les polynucléaires neutrophiles sont à l’origine d’un stress oxydant augmenté jusqu’à 10 fois chez les enfants atteints de SNI, en corrélation avec le niveau de protéinurie. Lors des poussées, ainsi qu’en rémission, les cellules du système immunitaire présentes dans le sang des patients SNI, en particulier les lymphocytes T, ont une capacité à se multiplier supérieure comparativement aux mêmes cellules de personnes saines. Les arguments classiques pour un dysfonctionnement des lymphocytes T sont la corticosensibilité, les rémissions prolongées après une rougeole, l’association particulière avec les tumeurs du thymus (organe de maturation des lymphocytes T). Il faut ajouter que des immunosuppresseurs, tels que les anticalcineurines, le cyclophosphamide et le mycophénolate entrainent des rémissions prolon- gées. L’implication des lymphocytes B dans le SNI repose sur plusieurs observations, telles que les rémissions après déplétion des immunoglobulines plasmatiques (Igs), les anomalies de d istribution des sousclasses d’IgG en rémission comme en rechute, l’inhibition de la production d’Igs par le mycophénolate et l’efficacité des anticorps anti-CD20 pour prévenir les rechutes. Le SNI est aussi associé à presque tous les types de leucémie de type B. Il existe aussi des anomalies de coopération entre les lymphocytes T et B. Par ailleurs, deux études récentes ont permis de montrer que des anomalies mécanistiques impliquant certaines protéines des podocytes sont à l’origine de la protéinurie. La protéine c-mip joue un rôle dans la désorganisation de la structure des podocytes in vitro et elle est surexprimée chez les patients atteints de SNI comparé à des personnes témoins. La surexpression de l’angiopoétine-like-4 par les podocytes chez le rat peut induire un SNI. Dans ce modèle animal, il a été montré que la protéinurie était due à une hyposialylation de l’angiopoétinelike-4. La protéinurie était réversible en cas de traitement par l’acide sialique chez le rat, ce qui pourrait donc être une molécule potentiellement intéressante pour des traitements du SNI. Il a aussi été montré une surexpression de l’angiopoétine-like-4 dans les glomérules des patients SNI, comparé à des personnes témoins. Actuellement, les recherches en cours ont pour ambition d’obtenir une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques du SNI. Cela pourrait permettre la mise en évidence de nouveaux marqueurs du SNI qui pourraient ensuite être optimisés, afin d’être utilisés dans des tests de diagnostics plus spécifiques de type génétiques et/ou immunologiques. La meilleure caractérisation du SNI devrait permettre ensuite de mieux cibler des molécules qui pourraient être utilisées au niveau thérapeutique, afin d’établir de nouveaux traitements qui soient spécifiques de cette maladie, contrairement aux corticoïdes et aux immunosuppresseurs utilisés actuellement. \\\ mars -septembre 2012 - Reins-Échos n°12 /// 57