En 1935 disparaît la Fédération des membres de l’enseignement laïque, très affaiblie du fait de
passages réguliers de ses membres vers le SNI (dont le couple Cornec dont le fils fonda la fédération
des parents d’élèves FCPE). Ceci s’explique par le retour des militants de la CGTU au sein de la CGT.
Le fonctionnement du SNI se fait toutefois alors sur le modèle de la Fédération des membres de
l’enseignement laïque, à savoir le système des tendances. Celles-ci sont au nombre de trois ; leur
ordre d’importance numérique est dans l’ordre le camp où se trouvent essentiellement des
réformistes (mais aussi des syndicalistes révolutionnaires proches de Monatte comme Henri
Aigueperse ultérieurement secrétaire général du SNI de 1946 à 1953), les militants plutôt d’extrême-
gauche regroupés dans l’École émancipée et les adhérents se reconnaissant dans les idées du PCF.
Dans l’Entre-deux-guerres, le SNI peut syndiquer la presque totalité des enseignants ; en effet en plus
des instituteurs, il compte dans ses rangs les professeurs des écoles primaires supérieures qui
préparent au brevet élémentaire (passé à seize ans) et même parfois au brevet supérieur (présenté à
dix-huit ans). Les lycées, scolarisant de la grande section en terminale, sont généralement en
province un par département ; les maîtres des classes antérieures à la sixième sont syndiqués au SNI
et les professeurs des autres classes sont peu nombreux. Notons que les professeurs d’École normale
ont la possibilité d’être membres du SNI ; ils sont certes peu nombreux à adhérer mais on compte là
par exemple Léon Émery enseignant à Lyon qui donna de nombreux papiers à L’École libératrice.
Le courant pacifiste est très puissant chez les instituteurs aussi certains se firent ensuite les chantres
de la Collaboration, en adhérant généralement au RNP de Déat (rare défenseur officiel de l’école
laïque en ces temps où le SNI est interdit) ou en devenant responsable très actif au Secours national
(Auriaux issu de l’Indre-et-Loire est évoqué ici, mentionnons par nous-même Robert Jospin
professeur de cours complémentaire à Meudon et Louis Renard directeur du cours complémentaire
d’Audincourt dans le Doubs). Si les auteurs citent, pour le courant majoritaire, les noms d’André
Delmas (secrétaire général du SNI de 1932 à 1940) et Gisèle Bernadou (enseignante à Houilles en
Seine-et-Oise), ils ne mentionnent pas de syndiqués du courant de L’École émancipée. Parmi les
figures soutiens de la Révolution nationale ou du RNP, mentionnons personnellement Maurice
Wullens le militant libertaire personnalité phare de la pédagogie Freinet, Léon Émery déjà
mentionné, et le également Lyonnais André Lavenir conseiller au ministère de l’Instruction lorsqu’il
fut dirigé par Abel Bonnard Ministre de l'Éducation nationale à Vichy. Cette collaboration, largement
dénoncée par les communistes à la Libération, explique en partie la nette perte d’influence de
L’École émancipée au sein du SNI des années 1950.
Le gouvernement de Vichy transformant les écoles primaires supérieures en collège, le SNI perd une
partie de ses syndiqués potentiels à la Libération. Les professeurs de cours complémentaires
enseignent deux voire trois matières (comme mathématiques et sciences naturelles) dans des écoles
primaires et préparent au brevet, ils deviennent en 1969 des PEGC (perdant ainsi l’accès possible à la
retraite pour leur 55 ans). Le SNI, force principale d’une FEN qui a choisi l’autonomie face à la scission
de FO de la CGT, est concurrencé essentiellement par le SGEN puis aux marges par le Syndicat
national des collèges (créé en lien avec la revendication de la création du corps à venir des PEGC) et
par l’USNEF (qui deviendra le SNE) fondé en 1962 par des militants venant d’organisations qui ont
désapprouvé en particulier les positions du SNI vis-à-vis de l’arrivée au pouvoir de de Gaulle mais
aussi de l’indépendance de l’Algérie.
En 1976 le SNI se propose de devenir le SNI-PEGC et défend un projet d’école fondamentale où
l’enseignement ne serait pas aussi saucissonné que dans les lycées (d’où la formation polyvalente des