Note clinique : la culpabilité de Montezuma lors de l`écroulement de

Note clinique : la culpabilité de Montezuma lors de l'écroulement de l'empire Aztèque
Extrait du Recherche clinique PSY
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Note clinique : la culpabilité de
Montezuma lors de
l'écroulement de l'empire
Aztèque
- ILLUSTRATIONS CLINIQUES : DOCUMENTS ANCIENS ET CONTEMPORAINS
- Date de mise en ligne : samedi 4 septembre 2010
Recherche clinique PSY
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Note clinique : la culpabilité de Montezuma lors de l'écroulement de l'empire Aztèque
> Ce texte est une illustration de l'article : La vie spirituelle : IV - Clinique de la vie religieuse
- DEUXIEME TABLEAU CLINIQUE : LES ABUS DE CONFIANCE DU GROUPE
PHYSICIEN (à paraître)
L'empire aztèque
15e siècle : l'empire Aztèque, ou empire Mexica, se développe en Amérique centrale de façon incroyable en
quelques générations. Ses plus lointaines colonies sont à 1000 km de sa capitale Mexico-Tenochtitlan. Comme pour
tout empire, il faut que rien ne bouge des rapports sociaux solidaires-inégalitaires, au fur et à mesure de son
développement spatio-temporel. Le puissant s'affilie une clientèle qui doit lui rendre une obéissance aveugle en
proportion des largesses qu'il lui distribue. Cela lui permet aussi de montrer sa puissance et de garder sa place vis à
vis des rivaux internes à son groupe social. Pour cela, « un chef devait s(y) montrer très généreux, voire humilier ou
obliger ses rivaux par ses prodigalités. Si ceux-ci n'étaient pas en mesure d'en faire autant, ils perdaient la face et
admettaient leur infériorité. » [1]
L'Etat lui même, « de plus en plus puissant, devait pouvoir tenir son rang.... L'Etat devait donc se défendre et payer
(ou récompenser). Pour cela, il lui fallait s'emparer de richesses de plus en plus importantes au fur et à mesure que
l'empire grandissait. Il était pris dans un cercle vicieux. Pour conserver les nouvelles acquisitions, il fallait des
armées, des alliés et donc des tributs. Pour se procurer ces moyens, il fallaît conquérir et accroître l'empire. Pour
protéger ces nouvelles conquêtes, il fallait de nouveaux trésors et de nouvelles guerres... » [2].
Le cercle vicieux dont parle le Pr Graulich, spécialiste bien connu des Aztèques, est caractéristique, en fait, des
empires en développement. L'extension spatiale à tout prix devient un but en soi, à mesure que se radicalise l'abus
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de confiance de la formation « physicienne ». Le temps y reste circulaire, répétitif, pris dans le collage aux récits
mythiques. C'est sa faiblesse intrinsèque car l'imprévu ne peut y exister que s'il est tout de même prévu dans la
répétition du temps, celle du mythe du Serpent à plumes !
> Voir à ce sujet l'article : Le temps circulaire du mythe chez les Aztèques
Tout réel vraiment imprévu sera, du coup, à l'origine d'une crise inouïe. C'est ce qui se passe pour les Aztèques avec
l'arrivée des Espagnols. L'effondrement d'un empire mêle toujours des causes internes et externes. Ici, ce sont les
causes externes qui amènent les plus grands bouleversements par l'arrivée d'étrangers nettement plus évolués
techniquement, puisque les Aztèques ne connaissent pas la roue.
Au début du 16e siècle, en 1502, Montezuma II (1480 ? - 1520) [3], devient empereur après avoir été formaté,
comme il le fallait, pour tenir son rôle de chef conquérant sans scrupule. Il va avoir, comme politique, de soumettre
les dernières enclaves échappant à l'empire et de mettre au pas les dernières cités alliées. Il n'est réellement
intronisé qu'après avoir fait sa première guerre et ramené quelques milliers de prisonniers d'une ville voisine, qu'il
peut alors sacrifier sur la pyramide du Grand Temple de Mexico. Il extraie lui-même le cÅ“ur de ses prisonniers
personnels. Il liquide ses frères et les serviteurs déjà en place du palais pour prendre à son service, comme otages
et pour les conditionner, les enfants des puissants de l'empire. On est exécuté si on le regarde en face ou si on entre
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dans son palais avec des sandales. Et c'est cet empereur absolu, au faîte de sa gloire et de son pouvoir, à qui on
obéit sans broncher même pour être sacrifié et mangé, qui va s'écrouler de honte devant un aventurier imprévu, lui
aussi sans scrupule : Fernando Cortés Monroy Pizarro Altamirano ou encore appelé Hernando Cortés (dit pour nous
Cortez).
Hernando Cortés
Les espagnols débarquent en Amérique centrale en 1519, en petite troupe de soldats aguerris par les guerres
européennes. Ils fondent aussitôt une cité, la Villa Rica de Vera Cruz. Cela permet à Cortez de se libérer de ses
allégeances au gouverneur de Cuba et de se faire nommer capitaine général. Il réquisitionne les troupes et part à la
conquête de l'empire des mexica. Il profite du fonctionnement mythique de l'empire où les changements de pouvoir,
dans les cités-états, se font dans des substitutions régulières du pouvoir. Un pouvoir prend l'ascendant sur l'autre et,
grâce au sang versé de quelques milliers de victimes sacrifiées en guise de rachat, les puissants restent en place
dans leurs cités sous la surveillance d'un gouverneur qui s'assure qu'ils paieront tribu à l'empereur. Cortez bat par
les armes des cités soumises et des peuples tributaires à l'empire. Il en fait des alliés, plus ou moins convertis au
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christianisme et qui restent anthropophages, notamment en mangeant les guerriers ennemis capturés. Ils vont l'aider
à foncer droit jusqu'à Mexico.
L'effondrement de l'empire
Montezuma II voit, sous ses yeux, s'effondrer son empire. Les peuples soumis et opprimés se révoltent les uns après
les autres, avec, à leur tête, ces incroyables guerriers en armures et épées, dont une trentaine de cavaliers. Les
batailles les plus énormes avec des dizaines de millier d'indiens, les traquenards les plus incroyables, les trahisons
les plus sombres, les ruses les plus perfides, les dons intéressés d'or, de femmes et d'esclaves à sacrifier et à cuire,
les interventions machiavéliques des magiciens, rien n'y fait. Cortez entre, avec sa troupe et ses alliés indiens, dans
l'immense capitale de l'empire. Comme celle-ci a son cÅ“ur bâtie sur une île, l'empereur va essayer d'en faire une
nasse en prétendant sa soumission pour mieux arriver à amollir les chrétiens et les assassiner. Toutefois, la
conscience de son infidélité foncière à l'alliance qu'il aurait du suivre et sa culpabilité angoissée, transparaissent bien
dans son discours de réception et d'allégeance à l'Empereur du Saint Empire romain germanique, Charles Quint, roi
de Castille, dont Cortez se prétend indûment l'envoyé.
Ainsi parle Montezuma II, selon les paroles rapportées par Cortez lui-même [4] : « Il y a bien longtemps que, par nos
livres, nous avons appris de nos ancêtres que ni moi ni aucun de ceux qui habitent cette contrée n'en sommes les
naturels ; nous sommes étrangers et nous sommes venus de pays lointains. Nous savons aussi que ce fut un grand
chef, dont tous étaient vassaux, qui nous amena dans ce pays (Quetzalcóatl) ; il retourna dans sa patrie d'où il ne
revint que longtemps après, et si longtemps qu'il retrouva ceux qu'il avait laissés derrière lui mariés avec les femmes
de la contrée et vivant en famille dans les nombreux villages qu'ils avaient fondés. Il voulut les emmener avec lui,
mais ils s'y refusèrent et ne voulurent même pas le reconnaître comme seigneur.
« Alors il repartit. Nous avons toujours cru, depuis, que ses descendants reviendraient un jour pour soumettre ce
pays et faire de nous ses sujets ; et d'après la partie du monde d'où vous me dites venir, qui est celle où le soleil se
lève, et les choses que vous me contez de ce grand seigneur ou roi qui vous a envoyés, nous croyons et tenons
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