Ibrahim Diarra, Eric, Kouadio koffi, Yaya Ouattara Mariam

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5- LES POLITIQUES DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET LEURS IMPLICATIONS SUR LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE ET SOCIAL DE LA COTE D’IVOIRE
IbrahimDiarra,Eric,Kouadiokof,YayaOuattaraMariam
Maiga, Zakaria Berte
Résumé
La question qui nous intéresse dans cet article est celle : de l’implication
de l’enseignement supérieure dans le développement économique et sociale
d’un pays. Le développement de toute nation passe nécessairement par une
valorisation de ses ressources humaines. A l’instar des pays en développement,
cette préoccupation a amené la Côte d’Ivoire à faire de l’éducation une priorité
dans son programme de développement. Cependant, depuis les années 80, le
système éducatif ivoirien est en crise. Cette crise continue d’avoir des répercussions
sans précédent sur la qualité de l’élite ivoirienne, appelée à être le moteur du
développement économique et social durable.
Cette étude est une revue des principales formes menées dans l’Enseignement
Supérieur et se fonde sur une recherche et analyse documentaire. Les analyses sont
appuyées par des statistiques sur le secteur. Des investigations menées, il ressort
que les réformes du système éducatif entreprises dans les années 90 qui avaient
pour objectif de consolider la politique de l’éducation nationale n’ont pas eu les
résultats escomptés. Aux problèmes relatifs à l’engorgement des universités, les
conditions de travail et d’étude s’ajoutent ceux des logements et des conditions
de vie. Malgré ces difcultés et l’inadéquation entre la formation et les besoins de
développement du pays, l’université a joué un grand rôle dans le développement
économique et social. Elle a développé des valeurs socioprofessionnelles qui
servent les bases de la construction d’une Côte d’Ivoire qui sort lentement d’une
crise économique et politico-militaire.
Mots clés : Education, développement économique, enseignement supérieur,
adéquation des formations aux réalités
Abstract
The topic discussed in this paper is the involvement of higher education in economic
and social development of a country. The development of any nation is necessarily a value
of its human resources. Like the developing countries, this concern has led Côte d’Ivoire
to make education a priority in its development program. However, since the 80s, the
Ivorian education system is in crisis. This crisis continues to have unprecedented impact
on the quality of the Ivorian elite.
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This study is a review of major reforms in higher education and is based on research
and literature review. The analysis is supported by statistics on the sector. Investigations
conducted show that the educational reforms undertaken in the 90s which aimed to
consolidate the national education policy did not produce relevant results. Problems related
to overcrowding of the universities, working conditions and study, one can add those related
to housing and living conditions. Despite these difculties and the mismatch between
training and development needs of the country, the university has played a major role in
economic and social development. It has developed values that serve the construction of a
country which is slowly emerging from an economic and politico-military crisis.
Keywords : Education, economic development, higher education, adequate training
to social realities
Introduction
La réalisation des objectifs du millénaire pour le développement
constitue le dé majeur qui interpelle toutes les Nations. Combattre la
pauvreest devenu le leitmotiv de la communauté internationale. Mais cet
objectif ne sera atteint qu’avec une valorisation des ressources humaines.
En effet, la qualité du développement économique et social d’une nation
est fonction de la qualité de ses ressources humaines et la façon dont
elles servent dans la mise en œuvre des politiques de développement.
C’est ce constat qui a inspiré les nations modernes dans leurs politiques
de développement de l’éducation nationale de façon générale et
particulièrement des systèmes éducatifs universitaires.
Contexte de l’étude
En Côte d’Ivoire, la société reste toujours malade de son école depuis
les années 80 (début des Programmes d’Ajustement Structurel). Depuis,
les polémiques continuent d’alimenter les réexions sur les causes
réelles de la crise du système éducatif ivoirien qui a des répercussions
sans précèdent sur l’université. Mais, il semble que le système éducatif
universitaire ivoirien continue de souffrir de l’orientation politique de
l’éducation nationale. L’on se demande aujourd’hui si le système tel qu’il
fonctionne est toujours en adéquation avec les besoins de l’économie qui,
comme la mondialisation, ne cesse de subir des mutations importantes.
Problématique
En Côte d’Ivoire, l’éducation a toujours occupé une place de choix
dans le budget de l’Etat. Sur la période 1960-1990, le pays a alloué
environ 44% de son budget général annuel de fonctionnement au secteur
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Education/Formation (Bih et al. 2003). Les investissements de l’Etat
dans l’éducation nationale ont permis de doter le pays d’infrastructures
socio-éducatif sur presque l’étendu du territoire national. L’objectif est de
soutenir le développement économique et social par une éducation de
qualité. Avec le concours du système de l’Enseignement Supérieur, la
Côte d’Ivoire a pu mener jusqu’à son terme sa politique « d’ivoirisation
des cadres » par la formation de hauts cadres ivoiriens directement
recrutés par l’administration depuis son indépendance politique en 1960
jusqu’aux années 80.
Cependant, malgré les efforts fournis par le gouvernement ivoirien
dans le domaine de l’éducation, l’on note depuis les années 1980,
une inadéquation du système de l’Enseignement Supérieur avec les
objectifs de développement du pays qui gure toujours parmi les pays
sous-développés. Les lières classiques de formation sont inadaptées
aux besoins du marché du travail (Massicotte, 1997). L’on forme un
grand nombre d’étudiants dans des domaines sans intérêt direct avec
les secteurs d’activité de l’économie alors que des emplois restent
non pourvus faute de personnes qualiées. Qu’est ce qui explique
cette inadéquation de l’Enseignement Supérieur avec les objectifs de
développement ? Sur le plan social, quelles valeurs ce système véhicule-
t-il ? Ces valeurs peuvent-elles constituer les bases d’un développement
économique et social ?
Objectifs de l’étude
L’objectif visé est d’analyser la cohérence entre les politiques
de l’Enseignement Supérieur en Côte d’Ivoire et le développement
économique et social de la Côte d’Ivoire depuis l’indépendance.
De façon spécique, l’étude vise à :
- décrire les politiques et les valeurs de l’Enseignement Supérieur mise
en œuvre en Côte d’Ivoire depuis l’indépendance.
- analyser le prol des sortants de l’université en rapport avec l’objectif
de développement.
- analyser les valeurs véhiculées par l’université sur la période 1966-
2002.
Justication de l’étude
En vue d’assurer un développement durable et harmonieux de la Côte
d’Ivoire, les autorités ivoiriennes ont entrepris depuis l’indépendance des
politiques économiques et sociales qui visaient un équilibre régional. Pour
soutenir ces politiques, l’accent est mis sur l’agriculture et l’exportation
des principaux produits agricoles du pays à savoir le café, le cacao
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et le bois notamment. De 1960 à 1974, la Côte d’Ivoire a connu une
croissance économique qui offrait aux autorités les moyens d’envisager un
développement économique et social. En terme réel, le Produit Intérieur
Brut (PIB) a connu une croissance moyenne proche de 8% par an.
Cette période qualiée de « miracle ivoirien » a hissé le pays au rang
des pays à revenu intermédiaire. Au niveau sectoriel, on note au cours
de cette période que le secteur primaire (agriculture, élevage, forêts et
pêches), avec une progression de 6,4% par an a une contribution au PIB
qui est passée de 46,8% en 1960 à 32,3% en 1969. Dans le même temps,
les secteurs secondaire et tertiaire, avec des taux annuels de croissance
respectifs de 15,7 En outre, 50 à 80% du budget d’investissement de
l’éducation nationale furent consacrés à lEnseignement Surieur
qui a également reçu 15% des dépenses courantes en 1983. (PNUD,
op.cit.).
Cependant, ce modèle connaîtra des difcultés au l du temps avec
l’accentuation des problèmes économiques et la croissance du nombre
des étudiants. Face aux difcultés constatées dans son fonctionnement
et pour cadrer avec les objectifs de développement et ajuster la stratégie
aux nouveaux dés, plusieurs politiques verront le jour. Par exemple,
l’Enseignement Supérieur a connu plusieurs réformes dont celle de 1995
à travers La loi N° 95-696 du 7 septembre 1995. D’autres réformes sont
évoquées ci-dessous en ce qui concerne le domaine de l’Enseignement
Supérieur et le développement socioéconomique de la Cote d’Ivoire.
Notre étude procédera, après avoir posé la problématique et déni
les objectifs et la méthodologie, à une revue des différentes politiques
menées au sein du système de l’Enseignement Supérieur. Un rappel de la
stratégie de développement adoptée par la Côte d’Ivoire sera également
fait. Enn, sur le plan social l’étude analysera les valeurs véhiculées par
le système de l’Enseignement Supérieur dans le développement de la
Côte d’Ivoire.
Cadre conceptuel
Le cadre conceptuel dénit le champ d’analyse et les concepts clés
de l’Enseignement Supérieur et les valeurs sociales véhiculées par cet
ordre d’enseignement.
L’Enseignement Supérieur
Après les réformes issues de la Loi N° 95-696 du 7 septembre 1995
relative à l’Enseignement Supérieur, un plan national de développement
du secteur « éducation formation » (PNDEF) sur la période 1998-2010 a
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été élaboré en 1997 et en 2002 le plan stratégique de développement de
l’Enseignement Supérieur appelé « Plan quinquennal 2004-2008 » a été
déni également. Ces plans n’ont pas produit les résultats escomptés.
Les études réalisées à la demande du Gouvernement en zones
Centre-Nord-Ouest (CNO), zone ex-assiégée, montrent que les centres
universitaires encore existants nécessitent une réhabilitation coûteuse
liée respectivement aux coûts de mise en état des amphis, des chaises,
des toitures, et du système électrique.
Jusqu’en janvier 2008, on dénombre trois (3) universités publiques
(2 URES), 4 Grandes Ecoles Publiques et 167 structures privées
d’Enseignement Supérieur dont 26 Universités, 167 grandes écoles (voir
tableau 1). L’ensemble du système public souffre d’un état d’obsolescence
avancé de ses infrastructures: les équipements disponibles sont
inutilisables ou inadaptés, et les établissements de formation en nombre
insufsant et vétustes.
En outre, il n’y a pas eu de création de nouveaux établissements
publics depuis (sauf quelques amphithéâtres dans certaines universités
existantes pour accueillir les étudiants déplacés), l’approvisionnement
en fournitures techniques est très difcile, enn le matériel didactique
est presque inexistant et les bibliothèques sont en nombre insufsant et
peu fournies. Cette situation est accentuée par la crise avec des locaux,
des ateliers et matériels didactiques saccagés en zones CNO. Tous ces
travers conduisent à une baisse de la qualité de l’enseignement et une
remise en causes des valeurs sociales héritées et transmises.
Tableau N0 1: Evolution du nombre d’universités et des Grandes éco-
les en Côte d’Ivoire de 1997 à janvier 2008
1997-1998 2004-2005 Janvier 2008
Universités publiques 3 3 3
Universités privées - 6 26
Grandes écoles publiques 4 4 4
Grandes écoles privées 47 108 167
Total 54 121 200
Source : MES, 2008
Kanvaly et Bakayoko (2006) montrent qu’en moins de 15 ans, les
effectifs d’étudiants ont plus que doublé passant de 29.000 à 79.000
étudiants sur la période 1991-2005. L’effectif des enseignants n’a pas
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