Présidentielle en Côte d'Ivoire
Présidentielle en Côte d'Ivoire : L'économie dans l'attente
(MFI / 02.11.10) En Côte d’Ivoire, les acteurs et observateurs économiques
espèrent surtout que les élections seront menées à leur terme pour faciliter le
retour à la confiance. Quel que soit l’élu à la présidence.
Dix années de crise politique ont peu à peu sapé le moral des investisseurs et des
partenaires économiques de la « locomotive » ouest-africaine qu'est la Côte d'Ivoire.
Certains indicateurs socio-économiques sont inquiétants, comme le taux de pauvreté
moyen des ménages qui a quintuplé entre 1985 et 2010. Un Ivoirien sur deux est
considéré comme pauvre et quatre millions de jeunes Ivoiriens, sur une population
totale de 21 millions, sont au chômage.
L’agriculture, qui reste un des premiers vecteurs de croissance, a connu un
ralentissement si net pour le cacao par exemple (1,2 million de tonnes produites) que
le voisin ghanéen (700 000 t) se rapproche chaque année un peu plus de son
concurrent direct. Le vieillissement des vergers, des années de gabegie dans la gestion
de la filière (dont les dirigeants sont actuellement en prison) sont à l’origine de cette
érosion de la production et des revenus.
Quant à l’activité extractive (50 000 barils/jour de pétrole, des espoirs dans
l’exploitation du manganèse, du fer, du cuivre), elle offre de belles perspectives à la
condition qu’Abidjan réponde aux exigences des Institutions financières
internationales (IFI) en jouant la transparence sur le montant des revenus générés et
encaissés.
Vers des lendemains plus cléments ?
L’entreprenariat privé a aussi fait les frais de la crise politique. Selon Jean-Louis
Billon, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, « La Côte d’Ivoire a
perdu la moitié de (ses) entreprises : elles étaient 26 000 en 2002, et on est passé en
2008 à 13 000 », a-t-il déclaré à l’Agence France Presse.
Le mauvais état des infrastructures routières, le racket pratiqué jusque dans la capitale
économique sur les marchandises ou les personnes (entre 95 et 150 milliards de F CFA
de bakchich en 2008, selon la Banque mondiale), les délestages électriques qui ont
frappé le pays l’an passé, ont entravé la bonne marche des entreprises.
Pour autant, avec un taux de croissance prévu à plus de 4 % pour 2011 et une inflation
ramenée de plus de 6 % en 2008 à 2,5 % en 2010, certains indicateurs permettent aux
pays d’espérer des lendemains plus cléments.
La Côte d’Ivoire a obtenu de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international
(FMI) un allégement de sa dette (12 milliards de dollars pour la dette bilatérale) au
titre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Le point
d’achèvement de ce processus est programmé pour le premier semestre 2011. Ce
premier pas vers un rééchelonnement, voire un effacement total de la dette, est
toutefois conditionné à des réformes abouties. Et à un bon déroulement du scrutin.
Frédéric Garat