Economie / Afrique de l’Ouest La Côte d’Ivoire met toute la région en danger (MFI / 22.03.11) La reprise qui s’amorçait en Afrique de l’Ouest est menacée par la crise en Côte d’Ivoire, affirme le Fonds monétaire international. Analysant la situation de la région à la lumière des événements d’Abidjan, le FMI s’inquiète de l’aggravation de l’impact de la situation ivoirienne sur l’économie des pays qui constituent l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo : l’ensemble des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) semblaient avoir retrouvé leur niveau de croissance d’avant la crise financière mondiale. Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), l’activité économique de la zone devait atteindre 4,5 % cette année, contre 4 % en 2010 et 3 % en 2009. De fait, depuis la flambée des prix des produits alimentaires et de l’énergie en 2007-2008, les politiques de relance, une production agricole satisfaisante et un regain d’activité en Guinée-Bissau et au Togo sont allées dans le sens d’une reprise de la croissance. Mais la crise ivoirienne pourrait tout remettre en cause. Une chute de la production en Côte d’Ivoire de la même ampleur qu’en 2000 ramènerait la croissance régionale en dessous de 3 %, entrainant une baisse du revenu par habitant et, donc, une augmentation de la pauvreté. Des liens financiers accrus Pour le FMI, pas de doute, la stabilité politique de la région est une condition nécessaire à une reprise économique vigoureuse. Car le désordre qui perdure en Côte d’Ivoire présente des risques pour les pays voisins, qu’il s’agisse des échanges de biens et de personnes, de l’envoi des fonds par les migrants ou des relations financières qui les unissent. Si depuis la précédente crise ivoirienne, il y a une dizaine d’années, des itinéraires commerciaux évitant la Côte d’Ivoire se sont mis en place, rendant ces pays moins dépendants, les liens financiers, en revanche, se sont beaucoup accrus. La dette publique ivoirienne est détenue pour l’essentiel par des banques de l’UEMOA. Et la fermeture des locaux ivoiriens de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), comme celle de la plupart des banques du pays, ont plongé le système bancaire ivoirien dans le désordre. Il a donc été décidé, pour éviter que l’ensemble des banques de la région ne soient impliquées, de prolonger les titres de la dette ivoirienne qui arrivent à échéance. Faute de pouvoir se faire rembourser, les banques de la région risquaient de nuire à leur solvabilité et de voir s’installer une crise de liquidités. Le ralentissement de l’activité économique, en 2009, avait déjà dégradé la qualité de leurs actifs et elles n’ont certainement pas besoin de cela. En outre, les pays voisins de la Côte d’Ivoire, en particulier le Liberia, sont confrontés à l’afflux de réfugiés, ce qui pèse lourdement sur leurs finances. Francine Quentin