exode qui aurait pu être désastreux pour notre commune s’il s’était généralisé. A cet effet, dans
l’après-midi du 19 juin, le Maire accompagné de M. Bruneaux, conseiller municipal, fit une
tournée dans toute la commune, encourageant ceux qui étaient restés chez eux et envisageant
aussi les mesures à prendre pour la sauvegarde des biens de ceux qui étaient partis. Cette panique
ne dura pas très longtemps et voyant que les Allemands ne faisaient de mal à personne, quelques-
uns ne tardèrent pas à rentrer ; les autres les suivront de semaine en semaine.
Le 22 juin 1940, dans la matinée, un fort détachement motorisé, accompagné d’officiers en
voiture, monta la route de Saint-Denis ; dans l’après-midi huit avions allemands protégeant les
troupes se déplaçant vers le Sud-ouest, survolèrent notre commune. Ce furent les premiers avions
qui apparurent dans notre ciel et malheureusement pas les derniers, car pendant cinq ans des
milliers d’autres de tous genres, suivront leur sillage.
C’est le 24 juin 1940, que fut signé l’armistice avec l’Italie, mettant fin aux derniers combats. Des
réfugiées, mis en confiance, reprirent les routes du Nord, rentrant à pied chez eux. Et l’on vit de
nouveau de pauvres gens voyageant, à pied, portant de lourdes valises ou poussant des véhicules
à bras de tous genres, chargés de bagages de toutes sortes, quelquefois même, de jeunes enfants
ou de vieillards extenués ! Ces convois inspiraient la compassion et trouvaient assez facilement sur
leur route le ravitaillement qui leur était nécessaire.
Les journées de 24, 25 et 26 juin 1940 furent calmes. Le passage des troupes se ralentit beaucoup
en même temps qu’augmentait celui des réfugiés.
Le 27 juin, une grande canonnade se fit entendre dans la direction du Nord-Ouest ; de nombreux
avions allemands prirent cette direction.
Du 29 juin au 2 juillet 1940, l’on entendit de fréquent bombardement vers le Nord. Le Havre,
paraît-il, en était l’enjeu. Un matériel de guerre imposant, passant par Vimoutiers, allait dans cette
direction. Le mois de juillet resta assez calme, mais une grande activité d’avions se fit remarquer
journellement dans toutes les directions.
Le mois d’août débuta par la même activité et le 5 août deux cents avions protégèrent des troupes
passant à La Bruyère-Fresnay et se dirigeant vers le Nord. Le 6 août, une école de Cadets s’installa
au château d’Osmond et n’y resta que peu de temps. Un phare tournant, installé dans la direction
de Gacé, fonctionna chaque nuit jusqu’au 15 août, balayant le ciel de ses grands rayons lumineux.
Le 17 août, un avion en difficultés mécaniques, se délesta de deux bombes dans une cour du
Bocage, à Roiville, sans causer de grands dégâts.
Du 28 août au 5 septembre 1940, le château d’Osmond fut occupé par un poste de quatre soldats
allemands, radio-télégraphistes de l’aviation, chargés d’opérations de repérage d’avions. Le 6
septembre, une avant-garde de soixante-cinq soldats arriva au château. Leur nombre augmenta
rapidement ; le 10 octobre, ils étaient deux cent dix, toujours employés à la radio. (Ils quittèrent
Osmond, le 27 octobre, à neuf heures du matin.) L’activité de l’aviation, qui s’était ralentie les
jours précédents, reprit de nouveau, surtout pendant la nuit.
Le lendemain, 28 octobre 1940, le château reçut, à 10 heures du matin, une dizaine d’hommes et
cinq camions de la Formation L 22606. Le 16 août, un nouveau contingent de cent dix hommes vint
renforcer le premier. Pendant ce temps, l’arrivée à Osmond de soldats allemands augmentait
graduellement, si bien qu’à leur départ, les 5 et 11 mars 1941, ils étaient trois cents. Le château,
devenu vacant, fut mis sous la surveillance des Allemands de Gacé qui venaient le visiter
journellement. Il restera réquisitionné, à cause du mobilier allemand qu’il renfermait, jusqu’au 1er
novembre 1943, jour de son enlèvement par une Formation cantonnée à Argentan. Les Allemands
ne reparaîtront pas dans notre commune pendant plus d’un an.