Ce dossier a été réalisé pour des enfants. Il met en parallèle un récit individuel, celui d’un enfant âgé de 9 ans au début de la 2 ème Guerre mondiale et l’histoire générale de l’Alsace-Moselle. Des explications générales ainsi que des activités à faire dans les salles accompagnent le témoignage. 1) le récit : le visage de l’enfant apparaît à côté du texte, 2) Les activités : les questions, suggestions d’activités sont présentées en italique, accompagnées parfois d’explications, en gras. A tous ceux qui ont vécu leur enfance sous un régime totalitaire Livret réalisé par : Camille Klethi, pour les dessins, Damaris Muhlbach, pour le recueil de témoignage, la réalisation des activités et la mise en forme du dossier, Philippe Malaisé pour la mise en forme du dossier, La commission pédagogique de l’AMAM pour la lecture des textes. Merci à M. Hangouët pour sa lecture du dossier. 1 LA GALERIE DES PORTRAITS : Le récit qui sera fait tout au long du parcours est celui d’un garçon qui a 9 ans en 1939, au début de la Deuxième Guerre mondiale. Inroduction : qui suis-je ? Je me présente : mon prénom est Fernand, je suis né en 1930 dans un petit village alsacien situé près du Rhin : Boofzheim ; j’avais donc 9 ans lorsque la 2ème Guerre mondiale a commencé. Afin de te permettre de mieux comprendre comment les Alsaciens et les Mosellans ont vécu cette terrible période, je vais te raconter la vie quotidienne de ma famille et de mon village : Mes premiers souvenirs datent de 1935-1936 : on nous faisait des récits de guerre, de bombes. Dans mon village, il y avait un va-et-vient de militaires ; de grands appareils circulaient. « Ils dessinent le village pour le reconstruire comme avant, s’il est détruit » disait-on. A partir de 1937 on a commencé à entendre parler d’évacuation, ainsi que d’une lettre à la mairie contenant le nom du lieu où nous devrions aller. L’année suivante, les choses se précisent, on commence à emporter des affaires dans les Vosges. Début 1939, la tension augmente, puis diminue à nouveau. Durant l’été, on nous distribue des masques à gaz, un représentant de la mairie donne à chaque famille des cartes de réfugiés. Un problème se pose alors : on nous avait prévenus que l’évacuation serait annoncée par la sonnerie des cloches du village. Or les cloches sonnent tous les jours à 3 heures de l’aprèsmidi ; souvent, quand on est à l’extérieur, on se demande s’il est simplement 3 heures ou si le signal du départ est donné. 2 1) Combien de portraits sont représentés dans cette salle ? ………….. 2) Relie les mots suivants à la partie de la salle qui convient : Reichsland Première Guerre mondiale (début) Première Guerre mondiale (fin) 3 Montée des périls (=dangers) LE DISCOURS DE HITLER : 1) Qui est-ce ? …………………............................... 2) Comment est-il habillé ? ……………………………………….. 3) Quel pays dirige-t-il en 1939 ? ……………………………………………….. Le 1er septembre 1939 Hitler envahit la Pologne, ce qui déclenche la Deuxième Guerre mondiale. 4 Extrait d’une brochure distribuée aux alsaciens pendant l’annexion. LA GARE : 1)L’évacuation : (le hall) : Le 1er septembre, par une belle journée d’automne, un temps splendide, les paysans de mon village travaillent aux champs, rentrent le regain, c’est-à-dire la deuxième coupe du foin. Pas un nuage à l’horizon… Tout à coup, le mot tombe : « mobilisation générale » ou plutôt en alsacien : « Mobilmachung ». C’est là que tout a changé ! On charge les 30 kg de bagages autorisés, puis les matelas et un peu de ravitaillement (du chocolat, des biscuits, des conserves). Vers la fin de l’après-midi, les paysans attèlent les chevaux aux charrettes. Tout le monde se rassemble sur la place du village, le cœur serré à l’idée d’abandonner le bétail, les chiens, les chats, …son chez-soi. Le signal du départ est alors donné ! Les charrettes partent en convoi les unes derrière les autres. Je voyage aux côtés de mon père sur notre charrette, tandis que le reste de la famille part à bicyclette, ma petite sœur Colette voyageant sur le porte-bagages de ma mère. On prend alors prend la direction de Benfeld. Arrivés à la hauteur de notre champ le plus éloigné du village, les chevaux veulent tourner pour s’y rendre, comme si tout était comme « avant ». Mais rien n’est plus comme avant. Mon père leur fait simplement regagner le convoi. Le soir, nous arrivons à Stotzheim, où nous sommes hébergés pour la nuit. Là, nos hôtes font de leur mieux pour nous recevoir. Le lendemain, le voyage reprend en direction du Val de Villé. Après huit jours, embarquement en gare de Villé : c’est alors la même situation pour de nombreux Alsaciens et Mosellans qui ont été obligés de quitter leur foyer. Départ pour le sud-ouest : pour nous, le bout du monde. Je n’oublierai jamais l’inscription figurant sur les wagons que nous devons alors prendre : « hommes 40, chevaux 8 ». Le voyage dure 3 jours et 3 nuits, entrecoupés de nombreux arrêts dans des gares ou en pleine nature. Durant les arrêts, différentes organisations s’occupent de nous comme par exemple la Croix rouge, les Scouts, la Cimade. Ces gens pourvoient à nos besoins en nourriture et de santé. Quel réconfort physique, mais aussi moral ! Alors que la guerre a éclaté, que nous sommes loin de chez nous, nous avons grâce à eux tout ce qu’il nous faut. 5 Parmi les objets ci-dessous dessinés : - barre ceux qui ne peuvent être emportés par Fernand et sa famille, - ceux qui peuvent être emportés, relie les aux bagages. 6 Colorie la région de départ en rouge Colorie la région d’arrivée en bleu Quelle inscription figure sur certains wagons ? Reproduis-la : Après 3 jours de voyage, nous arrivons à Eymet, puis nous sommes acheminés vers SaintAubin. Un repas copieux et chaud nous est servi dans un restaurant à côté de la gare. Quel réconfort ! Nous passons la première nuit, tous les six chez le garde-barrière, heureux de ne pas être séparés. Le lendemain, nous rejoignons les autres familles alsaciennes dans le bourg. Là, des paysans viennent avec des charrettes pour nous emmener chez eux, à Saint-Aubain, puis à Rouquette ; une autre vie commence ici pour nous. 7 3) La vie dans le sud-ouest : (le train) L’adaptation à notre nouvel environnement se fait assez vite pour nous, gens de la campagne, malgré des différences que nous notons çà et là : les grandes fermes sont disséminées dans la campagne, alors que nous sommes habitués aux villages groupés en Alsace ; les animaux paissent tranquillement à l’extérieur, alors que nos bêtes vivent surtout à l’étable ; différences aussi en ce qui concerne la manière de cuisiner (nous avons découvert la soupe de potirons et nos hôtes apprennent qu’on fait de la tarte à l’oignon), enfin des différences en ce qui concerne le parler, puisque nous nous exprimons surtout en alsacien, d’où le surnom qu’on nous donne : les « yaya». Mais il y a aussi les moments de tristesse ou d’inquiétude. Cette année là, Noël, pourtant célébré à l’Eglise d’Eymet, et malgré le petit avion à remonter que j’ai reçu, n’est pas un jour de joie.Un souvenir positif me reste cependant : le pasteur nous raconte la légende du sapin de Noël qui trouve son origine en Alsace ! 8 LA LIGNE MAGINOT : Les Français croient être à l’abri d’une offensive allemande derrière la Ligne Maginot. D’après le film, au fond de la salle, ce but est-il atteint ? ………………………… A quoi doit servir la ligne Maginot ? ……………………………………………. ……………………………………………. 9 SAS : L’ARMISTICE : Aucune mention n’est faite de l’Alsace-Moselle lors de la signature de l’armistice ; les 3 départements sont pourtant germanisés, puis nazifiés. LE RETOUR DES EVACUES : Pour mes parents, il est évident que nous rentrons, malgré les bruits qui courent (les Allemands vont-ils nous envoyer dans un autre pays, la Pologne, qu’ils ont envahie l’année précédente ?) et même si nous ne sommes pas sûrs que notre maison soit entière. Le retour se fait à la mi-août. Trois jours dans le train, dans l’autre sens, mais pas dans les mêmes conditions : cette fois-ci, pas de croix rouge, pas de Cimade pour s’occuper de nous lors des arrêts. Un climat de peur s’installe qui grandit à mesure que les kilomètres défilent. Lorsque nous franchissons en pleine nuit la ligne de démarcation qui sépare désormais la France en deux, des soldats allemands ouvrent avec fracas les portes du train et hurlent « sind Juden dabei ? » (Y a-t-il des Juifs parmi Vous ?) A mesure que nous nous approchons de chez nous, les signes de changements sont de plus en plus évidents : dans toutes les gares, nous voyons des soldats en uniforme, des symboles nazis –des croix gammées- sont visibles partout. A Mulhouse, un repas chaud nous est servi par des infirmières en uniforme qui chantent en chœur, au moment de notre départ, des chants de guerre. Estomacs noués, gorges qui se serrent. .. Durant les derniers kilomètres, la tension augmente : nous sommes partagés entre la joie de nous retrouver chez nous et la crainte de ce que nos allons découvrir. Le voyage se termine en autocar, enfin nous voilà à Boofzheim. Le bruit des cloches de l’église nous accueille et nous rappelle notre départ un an plus tôt. Emotion, sanglots. 10 Lorsque l’Alsace est annexée de fait, les noms français sont traduits en allemand. Relie les noms français des villes alsaciennes à leur traduction sur la carte : Wissembourg devient… Strasbourg devient … Colmar devient … Mulhouse devient … Altkirch devient … 11 Nous voilà dans notre rue et contre toute attente, la maison est toujours là. Mais quel désordre dans la cour : celle-ci est traversée par des tranchées, telles d’immenses blessures et des fagots sont jetés de ci, de là. A l’intérieur ce n’est pas mieux : un indescriptible désordre règne partout et « tout ce qui était facilement transportable a disparu » ; cette phrase nous l’entendons souvent… Notre tristesse est totale : on ne sait plus qui on est, on se sent perdu. Les adultes résument ce sentiment en répétant sans cesse : « so oder so ! », ce qui signifie : « comme ci ou comme ça », c'est-à-dire que quoiqu’on fasse, on est pris dans les filets de l’ennemi. L’affiche « Hinaus... » est placardée sur de nombreux murs à partir de mai 1941, elle montre la germanisation de la région. 1) Quels symboles manquent ? ……………….. …………………………………………………….. 12 Le film au bout du couloir courbe montre qu’en juillet et en décembre 1940, des gens indésirables pour les Allemands sont chassés de la région. Dans la liste suivante, entoure ceux qui sont chassés : JUIFS NOIRS TZIGANES FRANÇAIS DE L’INTERIEUR FRANCOPHILES COMMUNISTES IMMIGRES HAUTS FONCTIONNAIRES RELIGIEUX Que remarques-tu ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… 13 L’ETE 1940 : Photo extraite du livret : fête de la reconnaissance et de la libération. 7 septembre 1947 Nous avons commencé par remettre de l’ordre dans les maisons qui avaient été occupées pendant la Drôle de guerre par des soldats français. Ce sont d’ailleurs des Français, prisonniers des Allemands qui ont comblé les tranchées creusées durant notre absence. On doit aussi reconstruire certaines habitations, comme celle de notre voisin charron, fabricant de charrettes. Quant aux champs, ils sont complètement dévastés : les mauvaises herbes les ont envahis, les trous d’obus les ont abîmés, des munitions traînent çà et là... Quelle aubaine pour des garçons de 10 à 15 ans ! Nous avons ouvert les cartouches, vidé la poudre, puis nous y avons mis le feu. Un jour, nous avons même rempli une bouteille de poudre, puis fabriqué une mèche que nous avons ensuite allumée. Un camarade a soulevé notre engin de fortune, l’a secoué, soudain on a entendu un drôle de bruit … Tchhhh !…il l’a alors rapidement jeté, juste avant qu’il n’éclate en mille morceaux. Quelques instants de plus et il était blessé. On n’a plus recommencé ! 14 Le mur penché montre que les Alsaciens sont sous un régime dans lequel on est surveillé, contrôlé. LA NAZIFICATION : 1) l’école allemande : A la rentrée scolaire de 1940, on ne parle plus français, mais les cours sont faits uniquement en allemand ; c’est pourquoi mon instituteur est allé 3 mois en formation en Allemagne pour suivre une sorte de « remise à niveau ».Tout ce qui est français, livres, journaux doit être jeté. Hinaus mit dem welschen Plunder, disent-ils. Même l’écriture change : nous apprenons à écrire en gothique –à l’époque on appelait cela le Sutterlin- ; mais étant donné les difficultés, cette écriture est rapidement abandonnée. De retour, notre instituteur fait classe entièrement en allemand. Mais cela n’est pas suffisant : on le remplace par un vieil enseignant venu d’Allemagne qui porte l’insigne du parti nazi. 2) La Hitlerjugend (= jeunesse hitlérienne) : La jeunesse n’échappe pas à l’embrigadement par les Nazis dans une organisation qui s’appelle la Hitlerjugend. Pour les garçons de 10 à 14 ans, il y a les Pimfe, la véritable Jeunesse hitlérienne allant de 14 à 18 ans. Les filles appartiennent à une organisation semblable : le Bund deutscher Mädel. On est obligé d’aller à la HJ, car si on n’y participe pas, on ne peut faire d’études. A 14 ans, on prête serment au führer au cours d’une cérémonie. Suite à cela on reçoit des diplômes. Comme on les a déchirés, mon cousin et moi, on s’est demandés si on ne serait pas empêchés de faire des études. On a quand même pu continuer. Les activités consistent surtout à assister à des réunions dans lesquelles on apprend : à marcher au pas, à chanter des chants patriotiques, …à marcher au pas en chantant des chants patriotiques ! Durant ces réunions, on reçoit aussi des formations concernant le führer et le livre qu’il a écrit : Mein Kampf. 15 Dans le bureau décrivant l’école, trouve le document suivant : indique son numéro :……….. 3) Les manifestations nazies : Chez nous, seuls les adultes participent aux Kreistage, à Sélestat. A de rares occasions, on doit marcher au pas, dans notre village, comme dans tous les villages. LES COLLECTES : Dessin reproduisant une page de livre utilisé en Alsace Moselle pendant l’annexion Pour le Winterhilfswerk (œuvre d’aide pour l’hiver), nous les gamins, nous recevons des tirelires et nous devons vendre des insignes en plastique. A ce propos, nous plaisantons en disant que si les Allemands ont conquis la Norvège, où il fait plus froid que chez nous c’est pour pouvoir continuer le WHW en été, plaisanterie due au fait qu’il faut sans arrêt collecter pour les Allemands. 16 LE RAD : Dans mon environnement le RAD n’a pas posé beaucoup de problèmes : on sait qu’on doit y aller pour 6 mois, mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus terrible. Ceux qui sont partis reviennent sains et saufs. On sait seulement qu’ils font des exercices, travaillent armés de pelles et qu’ils subissent une instruction. Ce n’est pas comme l’incorporation de force. Sur les photos, entoure ce qui montre que le RAD est une sorte préparation militaire. 17 L’INCORPORATION DE FORCE : Mon village n’échappe pas à l’incorporation de force à partir de 1942. Je me souviendrai toujours de ces départs : les jeunes montent dans des camions qui vont les emmener on ne sait où, je n’oublierai pas la tristesse de ces jeunes, de leurs familles, souvent au moment des adieux, je me souviendrai de ces gorges serrées, desquelles aucun son ne sort alors qu’on aurait tant de choses à se dire. Puis les questions : quand reviendront-ils ? Reviendront-ils ? Angoisse ! Des cousins, puis mon frère partent … Le risque pour ceux qui refusent de partir, les réfractaires, est énorme pour eux, mais aussi pour leurs familles qu’on punit alors parce qu’on les considère aussi comme responsables. Pourquoi mourir pour une cause qui n’est pas la sienne ? Comment y échapper ? Peut-on y échapper ? Voilà des questions que ces jeunes se posent alors. Les réponses apportées sont différentes, selon les personnes, les situations. 18 La table avec les casquettes montre le conseil de révision devant lequel les futurs soldats devaient obligatoirement passer avant d’être incorporés dans l’armée allemande. Ceux qui sont incorporés de force sont aussi appelés : 13 – 1 – 12 – 7 – 18 – 5 14 – 15 – 21 - 19 Sachant que A=1, B=2, C=3 …, trouve comment les incorporés de force étaient aussi appelés : 19 RALLIEMENTS ET RESISTANCES, REPRESSION : Quelques rares personnes qui souhaitent la victoire du nazisme deviennent des cadres des organisations nazies. On se sent alors surveillés il faut faire attention. Par exemple, un jour une jeune fille, invitée de notre voisine, arrive dans notre ferme pour chercher du lait. Or radio-Londres vient d’annoncer une avancée de l’armée russe, ennemie des nazis. Ma mère, toute contente, lui dit : « Tu as entendu ? Ils ont progressé en Russie », et celle-ci de lui répondre « mais non, ils ont reculé » ; ma mère insiste jusqu’au moment où elle se rend compte qu’elles n’ont pas le même point de vue, et se dépêche de changer de sujet de conversation. Un jour, un jeune du village ayant été surpris entrain de parler français avec un prisonnier polonais a écopé de trois mois d’enfermement. Il n’en a jamais parlé par peur de la répression, se contentant de nous faire passer le message suivant : « faites ce que vous pouvez pour que cela ne vous arrive jamais ». Quant à Berthe, une jeune fille qui s’était occupée de moi lors d’une maladie avant-guerre, elle a aussi été envoyée à Schirmeck, mais n’en est pas revenue : elle est sans doute morte des suites d’une pneumonie, vivant dans le froid et devant se laver à l’eau glacée là-bas. De résistance organisée (FFI) nous n’entendons pas parler avant l’été 1944, même si elle existe bien avant. Il est seulement question de partisans en Russie, en France ou en Grèce. Je sais par contre qu’il y a de nombreux petits actes de résistance individuelle. 20 Voici l’image d’un mirador. Trouve dans la salle 4 éléments qui montrent l’enfermement des prisonniers. - ……………………….. - ……………………….. - ……………………….. - ………………………... Dessin reproduisant un mirador du camp de Schirmeck Un camp de concentration pour les opposants politiques existe en Alsace annexée à partir de 1941 : c’est le camp du Struthof. 21 LA GUERRE TOTALE : A partir de 1943, la guerre devient totale, c'est-à-dire que tout tourne autour de la guerre. Après le Débarquement allié et le début de la Libération du territoire français, nous sommes obligés nous les hommes de 14 à 65 ans (qui ne sont pas incorporés de force) de creuser des tranchées. Il n’est pas question de se désister : (à Herbsheim, village voisin, une personne qui a voulu s’y soustraire a failli être pendue). On nous rassemble sur la place du village, des camions sont là ainsi que des hommes avec des fusils mitrailleurs. Il n’y a pas d’incidents. A partir du mois d’octobre et jusqu’à la Libération, nous y allons tous les jours ; mon père, lui se désiste assez rapidement, ce qui lui vaut une critique publique du responsable local. Malgré la surveillance militaire, notre faible enthousiasme est évident : nous disons par exemple qu’il faut cesser de travailler 10 MN avant de transpirer. A partir de novembre, à l’approche du front, nous devons aussi construire des sortes de barricades. Il n’y a plus de militaires, seulement le maire ; la bouteille de schnaps circule… Ces barrages n’empêchent pas le passage des chars de la 2ème DB, dans la nuit du 30 novembre. 22 La Libération : Qui libère l’Alsace ? …………………………. La déportation raciale et politique : vers quels camps les déportés sont-ils envoyés ? ……………………………….. Combien de Juifs alsaciens sont morts pendant la guerre ? ……………………………………. La résistance à l’étranger : dans quels pays ? ………………………………... La résistance en Alsace-Moselle annexée : la forêt montre les …………………. 23 Le 1er décembre 1944, à l’aube, après avoir passé la nuit à la cave, nous allons comme d’habitude nourrir les bêtes, traire les vaches, changer les litières … Lorsque, tout à coup, s’abat sur le village une pluie d’obus, ce qui nous oblige à retourner nous réfugier à la cave. En fonction du bruit et des silences, nos remontons …et redescendons rapidement les escaliers. Quand tout à coup, mon père resté en haut, nous rejoint précipitamment et crie « on les entend ! On les entend ! ».Effectivement, après être montés quatre à quatre, nous entendons des voix qui crient, qui s’interpellent. Impossible pourtant de comprendre ce qui est dit, elles sont trop loin. Une seule certitude : ce ne sont pas des voix de soldats allemands. Puis ma grande sœur Fridel se met à crier : « il y en a deux dans la cour ! » Sans plus attendre, mon père sort à la rencontre de ces hommes vêtus de l’uniforme des G.I. américains, l’un portant un bazooka, l’autre avec une mitraillette au bras. Il les salue alors en criant « good morning ! » et s’entend répondre dans un excellent français « Y en a-t-il encore (des Allemands) ? » Nous répondons alors en chœur « non » même si nous ne sommes pas tout à fait sûrs qu’il n’y en ait plus. Un peu plus tard, d’autres soldats, aussi vêtus de l’uniforme des G.I. passent dans la rue en file indienne …ô surprise, ils parlent tous français. Lorsqu’ils s’arrêtent au bout de la rue dans une cour qui fait un excellent poste d’observation, nous allons les rejoindre. Nous apprendrons bientôt que nous avons été libérés par une division française qui se bat aux côtés des Américains, la 2ème Division blindée (ou division Leclerc) ! Quelle joie d’être enfin libres ! 24 Dessine ce qui représente pour toi la paix, aujourd’hui : 25