-PHILO EN SEGPA
101
LE FONCTIONNEMENT DE L’ATELIER DANS LA CLASSE
Comment est-ce organisé dans la classe ? Il n’y a pas de moment institution-
nel normalement intitulé « philosophie » dans les instructions en SEGPA. Comment
avez-vous trouvé la cohérence avec les programmes. Comment se déroule le mo-
ment philo dans la classe ?
KM : Sur le plan des programmes, on arrive toujours à trouver des compé-
tences à construire avec les élèves, par exemple en éducation civique, ou du point de
vue de l’apprentissage de la parole collective. Nous avons à travailler sur le débat en
français. Avec la lecture des textes, on peut justifier ce travail sur le plan institu-
tionnel mais, au delà de tout cela, je vois la réaction des élèves et ce que cela peut
leur apporter. Ils me réclament ce moment là. Dans ma classe, cela se fait une fois
par semaine et lorsque je ne le fais pas, les élèves le demandent. Bien sûr, ce ne
serait pas suffisant pour le justifier mais c’est avec ces réactions là que j’ai vu qu’ils
savaient que cela leur apportait quelque chose. Au début j’ai commencé avec la
classe entière et j’ai occupé tous les postes du débat : président, secrétaire. Mais cela
s’organisait difficilement. J’ai scindé le groupe en deux et cela a fonctionné beau-
coup mieux. Les échanges étaient meilleurs, j’avais 8 élèves par groupe. Et à la fin
de l’année, je suis revenue à la classe entière, cela été beaucoup plus facile.
IR : Dans les I.O., on peut se référer à la maîtrise de la langue orale, c’est
important. Je propose de mettre les chaises en cercle. Quand j’étais en classe de
philo, jamais un professeur n’a laissé sa place à un élève pour mener la séance donc
j’estime que c’est à moi de mener la séance. Beaucoup participent mais c’est un
groupe où il y a toujours trois, quatre élèves qui ne prennent jamais la parole, même
sollicités. Ce sont des élèves qui sont bons dans d’autres matières mais là ils sont
complètement perdus, ils ne savent pas quoi répondre, c’est trop abstrait pour eux.
Sinon, prendre la parole ne pose pas de problèmes, attendre, ne pas intervenir. Par-
fois, il arrive — ce n’est pas fréquent mais c’est très agréable — qu’un élève dise :
« moi je voudrai revenir sur ce que X vient de dire ».
KM : J’ai aussi remarqué que certains élèves considérés comme bons, très
studieux en classe, étaient complètement déstabilisés dans cet atelier et à l’inverse
d’autres beaucoup moins scolaires, sont les premiers à être intéressés. C’est vrai, il y
un rapport complètement différent au savoir.
LA CIRCULATION DE LA PAROLE
Prenons un moment pour réfléchir à cet aspect-là : des élèves ne prennent
pas la parole lors de l’atelier philo et sont par ailleurs bons élèves. Est-ce que cela
se passe ainsi pour toutes ?
FL : Pour moi ce n’est pas entre les personnes que se fait la différence c’est
pour la personne elle-même. Elle peut sortir de ce schéma qu’elle a du rôle de
l’élève pour se donner le droit de penser, se donner d’autres capacités dans cet ate-
lier-là. Mes élèves pensent que la classe c’est fait pour compter, pour lire, et elles
savent que sur ce point-là elles ne sont pas terribles, elles ne croient pas que, dans
ces disciplines-là, elles peuvent devenir bonnes. Mais avec la philo, avec les études