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Les antécédents familiaux de trouble de l’humeur ont
été plus fréquemment notés chez les bipolaires, et ce
d’autant plus qu’il s’agit d’antécédents de trouble bipo-
laire.
En effet, la plupart des études confirment ces résultats et
avancent l’argument de l’importance des facteurs généti-
ques dans la maladie bipolaire [4, 5].
86,5 % des patients bipolaires étaient décrits comme
sociables, actifs et syntones. Ces traits de personnalité
pourraient refléter la présence d’un tempérament hyperthy-
mique.
En effet, ce dernier, quand il est associé à des dépres-
sions récurrentes fait partie du spectre bipolaire [1, 7, 11,
14].
Concernant les conduites addictives, leur association
aux troubles bipolaires est très fréquente, atteignant
même les 60 % selon certains auteurs [7]. Ce taux est lar-
gement supérieur à celui retrouvé dans notre étude (8,7 %).
Cela est très probablement en rapport avec une sous-
estimation de cette co-occurrence dans notre pays, du fait
du caractère illicite de la consommation de toxiques. Nous
n’avons pas relevé de différence entre les deux groupes
concernant ce paramètre. Ce résultat pourrait être expliqué
en partie par le fait que nous avons exclu de notre échan-
tillon les patients bipolaires type II, qui seraient selon cer-
tains auteurs plus vulnérables à l’abus de substance.
Caractéristiques cliniques
des épisodes dépressifs majeurs
La dépression bipolaire se distinguait de façon signifi-
cative par un début brutal et par l’hypersomnie ; deux fac-
teurs considérés par Akiskal comme prédictifs de bipolarité
[4].
Quant à la présence de signes atypiques au début en
post-partum et à la présence de caractéristiques psychoti-
ques, ils ont été plus fréquemment retrouvés chez les bipo-
laires, mais la différence n’était pas significative. Cela
pourrait être lié à l’effectif réduit de notre échantillon (46
dépressions bipolaires vs 37 dépressions unipolaires).
Ces facteurs ont été rapportés par plusieurs auteurs
comme étant discriminants [6], en particulier les deux der-
niers, qui ont été reconnus par Akiskal puis validés par
d’autres auteurs comme facteurs prédictifs de bipolarité
[4].
Mitchell, Parker et al. [16], en étudiant la symptomato-
logie des dépressions unipolaires et bipolaires au travers de
nombreuses publications d’auteurs sur le sujet, précisent
que les traits psychotiques seraient plus fréquents dans les
dépressions bipolaires (Guze et al. en 1975), en revanche,
les idées de référence et les hallucinations auditives se ver-
raient plus souvent dans les dépressions unipolaires (Broc-
kington et al. en 1981).
De nombreuses études signalent que les formes unipo-
laires de dépression paraissent caractérisées par des épiso-
des plus longs et plus sévères, avec des symptômes moins
variables, une insomnie initiale, une perte de poids, une
confusion des pensées, des plaintes somatiques et des
intentions suicidaires. L’activité psychomotrice y serait
plus grande.
La dépression bipolaire, quant à elle, paraît s’accompa-
gner de variations nycthémérales (diurnalité), d’aggrava-
tion matinale, de labilité de l’humeur et de déréalisation.
Elle se caractériserait également par moins d’anxiété et
d’agitation.
Dans notre étude, nous avons pu vérifier certains de ces
facteurs et notamment l’agitation, la durée plus longue et
les tentatives de suicide qui étaient plus souvent associés
aux dépressions unipolaires.
Caractéristiques évolutives des troubles
L’âge de début dans notre échantillon était significati-
vement plus bas chez les bipolaires (25,9 ans vs 36,4 ans).
Les auteurs situent l’âge de début entre 18 et 33 ans pour
le trouble bipolaire et 27 et 41,6 ans pour le trouble unipo-
laire [9, 12, 19, 20].
De plus, 57 % de nos patients bipolaires démarraient
leur trouble avant l’âge de 25 ans.
Le début avant 25 ans est un facteur prédictif de bipola-
rité [1, 7].
Le nombre total d’accès thymiques était plus important
chez les bipolaires, donnée partagée par de nombreux
auteurs.
Autant pour Bourgeois ce résultat serait dû au fait que
les bipolaires débuteraient plus tôt leur trouble et auraient
ainsi une durée d’évolution de la maladie plus longue [9] ;
autant pour d’autres auteurs, les récurrences thymiques
seraient liées à des facteurs génétiques [5, 12].
Par ailleurs, nous avons relevé deux fois plus de virage
sous antidépresseur dans le groupe des bipolaires. Akiskal
considère que le virage sous antidépresseur est rare dans les
dépressions unipolaires [11]. Dans la même optique,
Ghaemi a publié récemment des critères diagnostiques
pour le spectre bipolaire parmi lesquels figure la manie
ou l’hypomanie pharmaco-induite [14, 15].
Quant aux intervalles, nous avons relevé dans notre tra-
vail qu’ils étaient de moins bonne qualité en cas de trouble
unipolaire avec persistance d’une irritabilité et d’une tris-
tesse chronique pouvant évoquer une symptomatologie
dysthymique. En effet, plusieurs études ont montré une
plus forte association dysthymie-trouble unipolaire par rap-
port à la dysthymie-trouble bipolaire. (12,1 % vs 2,2 %
Gassab et al.), (42 % vs 5 à 14 % Akiskal et al., Gershon
et al., Schatzberg et al.) [12, 13, 20].
Intérêt des critères prédictifs de bipolarité
Dans une étude rétrospective, D.L Dunner et al. trou-
vent que 21 % des patients bipolaires type I et bipolaires
Trouble unipolaire –trouble bipolaire : comparaison clinique et évolutive
L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 85, N° 3 - MARS 2009 271
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