En effet, leur progression socioprofessionnelle est bien souvent dégradée. Dans près de la
moitié des cas, la capacité à travailler est amoindrie, avec un surcroît de chômage, un sous
emploi et une perte de productivité, entraînant une perte de revenus (Dardennes, Thuile,
Even, Friedman, Guelfi, 2006).
Les conséquences socio-affectives sont également importantes. Par rapport à la population
générale, ils sont 2 fois plus nombreux à être célibataires et 4 fois plus nombreux à être
divorcés (Coryell, Scheftner, Keller, 1993). Aux Etats-Unis, plus de la moitié des proches
s’occupant des problèmes de santé d’un patient bipolaire rapportent une détresse sévère
sur un des aspects de leur vie (Perlick, Clarkin, Sirey, 1999).
La parution de l’étude Global Burden of Diesease a sans aucun doute marqué un tournant
des politiques de santé publique. En effet, cette étude a comparé l’ampleur du handicap
créé par 200 maladies et causes de handicap. Les maladies mentales se sont alors révélées
parmi les principales causes de handicap dans la population mondiale. En particulier, le
trouble bipolaire s’est révélé être la sixième cause mondiale de handicap pour la population
âgée de 15 à 44 ans. Si le trouble bipolaire est devancé dans cette classe d’âge par la
dépression et l’alcoolisme, le handicap estimé est du même ordre que celui de la
schizophrénie, classée 9e (Dardennes, Thuile, Even, Friedman, Guelfi, 2006). De plus, les
coûts engendrés par les troubles bipolaires sont très importants. Ils sont de l’ordre d’un coût
moyen par patient sur la vie de 252 212 $ avec des extrêmes allant de 12 000 $ à 600 000 $
(Kessler, Mc Gonagle, Zhao, 1994).
Le diagnostic de psychose maniaco-dépressive s’est transformé en diagnostic de bipolarité.
Dans le même temps, c’est toute la problématique du diagnostic précoce et de prise en
charge qui a été questionné.
La prise en charge de ces troubles associe médicaments et travail psychothérapeutique
et/ou éducation thérapeutique. Actuellement, les traitements thymorégulateurs constituent
la réponse médicamenteuse la plus fréquemment associée à ce trouble.
Pour le traitement pharmacologique des dépressions bipolaires, la prescription
d’antidépresseurs en monothérapie aggraverait le pronostic du trouble bipolaire en