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Le mouvement des Indignados espagnols
Analyse d’une mobilisation
Par Arcadi Oliveres, professeur d’économie appliquée à l’Université autonome de Barcelone
Le 15 mai 2011, les Espagnols ont envahi massivement les places publiques. Autant à Madrid,
qu’à Barcelone et à Valence, ils étaient plus de 250 000 à sortir dans la rue. Ils avaient plusieurs
raisons de s’indigner :
- le chômage élevé des jeunes, qui touche plus de 50% de la population des moins de 30 ans;
- les nombreuses personnes chassées de leur maison à la suite de la spéculation immobilière;
ces personnes se sont retrouvées non seulement expulsées de leur domicile mais également
criblées de dettes;
- les mesures d’austérité adoptées par le gouvernement pour faire face aux difficultés
économiques, mesures qui se sont traduites par des coupures dans les services sociaux et de
santé ainsi que dans l’éducation; or ces mesures auraient pu être remplacées par des coupures
dans trois autres domaines :
- les revenus des grandes entreprises et les fraudes fiscales
- les dépenses militaires
- l’argent versé par l’État pour renflouer les coffres des banques à la suite de la crise
- la représentation électorale non équitable
- la dégradation de l’environnement et le danger écologique
Les gens sont donc sortis dans la rue pour manifester leur indignation mais fait nouveau : ils sont
restés sur place plutôt que de rentrer chez eux. Ils ont campé durant presque deux mois,
occupant les places publiques jour et nuit. La grande leçon de cette occupation : la volonté des
gens de parler ensemble de leur avenir politique, social et économique. Ils réfléchissaient
ensemble lors de discussions sur la place publique ainsi que sur les réseaux sociaux. Il y avait
toutefois des irritants : les divergences d’opinion, les difficultés d’organisation et le harcèlement
policier. Les campements ont été démantelés mais les gens ont continué à travailler dans des
associations de quartier.
A toutes les semaines, dans tous les quartiers de Barcelone, des assemblées se sont tenues afin
de trouver des solutions concrètes à différents problèmes, par exemple comment contrer les
expulsions, comment combattre la baisse de la qualité et de l’accessibilité des soins hospitaliers.
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Il y a également eu des manifestations à toutes les semaines. Depuis le 15 mai dernier, 4
grandes manifestations se sont tenues à Barcelone, rassemblant à chaque fois un minimum de
250 000 personnes.
Une particularité de ce mouvement est l’absence de leaders qui sont remplacés par des
représentants. Il s’agit d’une nouvelle manière de faire de la politique. L’objectif n’est toutefois
pas de créer un nouveau parti mais plutôt de faire pression sur les partis existants.
Durant la dernière semaine (fin mai), des campements ont été érigés devant les banques. On
voulait ainsi montrer qu’on se dressait face au pouvoir économique. Aucune image n’a toutefois
été rapportée par les médias à cause des pressions des banques.
Quel bilan faire du mouvement?
- Le plus important : il a fait bouger l’opinion publique. Ce mouvement, né le 15 septembre 2008
(le jour où la banque américaine … Brother a tombé), a toutefois pris plus de 2 ½ ans avant de
prendre forme.
- le caractère intergénérationnel du mouvement; tous agissent ensemble
- de nouvelles formes d’économie sociale ont été expérimentées, allant jusqu’à développer leur
propre monnaie.
Ce mouvement présente certaines ressemblances avec le printemps arabe au plan social et
économique; par contre, au plan politique, la situation dans les pays arabes où on luttait contre
des dictatures est complètement différente.
Les critiques qu’on peut adresser au mouvement :
- ce mouvement vient de Madrid et les documents ne sont pas rédigés en catalan
- les nombreux immigrants, qui représentent de 13 à 14% de la population totale, n’ont pas été
intégrés
- le mouvement s’est trop distancié des syndicats; or l’union de toutes les forces est
indispensable
- les gens avaient tendance à penser qu’ils étaient les premiers et les seuls alors que de telles
luttes relèvent d’une longue histoire.
Conclusion :
Il est impérieux de changer ce système capitaliste qui produit la pauvreté, enfonce le tiers-
monde dans la misère et menace l’environnement.
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Il est nécessaire qu’il y ait une convergence entre le mouvement des indignés et le forum social
mondial pour penser ensemble la façon de changer; il est nécessaire que les mouvements
locaux convergent vers un mouvement mondial.
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