Retour sur la 5 journée annuelle des pôles

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Retour sur la 5ème journée annuelle des pôles métropolitains : 15
pôles créés, une dizaine en projet
ème
Le réseau national des pôles métropolitains a organisé la 5
édition de sa journée annuelle le
6 juillet 2015 à Lyon en partenariat avec France Stratégie. Cette manifestation qui a rassemblé
près de 200 participants a permis de constater que l’engouement pour les pôles métropolitains
est au rendez-vous de ce début de mandat et que de nouveaux projets se formalisent. Les
multiples interventions ont montré la diversité des usages des projets de coopération
métropolitaine pour rependre l’expression conclusive de l’animateur de la journée, le
géographe Philippe Estèbe.
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Accueillie au Musée des Confluences, situé à l’extrémité avale du quartier confluence à Lyon, la 5
journée des pôles métropolitains a été consacrée à la problématique de la « Diffusion territoriale de la
croissance : compétitivité, solidarité, interterritorialité ». Thématiques fort justement appropriées par
Gérard Collomb auquel est revenu le soin d’introduire cette journée. A l’inverse d’une vision
« d’aspirateur métropolitain », le président de la Métropole de Lyon et du Pôle métropolitain lyonnais a
insisté sur le puissant effet redistributif de la Métropole et mise sur la complémentarité et les forces
spécifiques de chacun des territoires afin de palier le manque de puissance vis-à-vis de Milan,
Barcelone, Manchester et les villes européennes de même rang en atteignant un seuil critique de près
de 2 millions d’habitants et de 115 000 entreprises. M. Collomb considère ainsi que l’assemblage des
caractéristiques « intensives de la Métropole et extensives du pôle métropolitain » constitue un atout
considérable qui passe par l’établissement d’une relation de confiance et de réciprocité avec les
territoires partie-prenantes du pôle.
Diffusion territoriale de la croissance
La première séquence de la journée, était organisée en association avec France Stratégie qui a fait de
ce sujet l’un des thèmes de travail de son Club de prospective territoriale pour l’année 2015. Selma
Mahfouz, commissaire générale adjointe de France Stratégie, a ainsi eu l’occasion de rappeler les
principaux résultats des travaux récemment conduits sur la nouvelle géographie de la croissance en
France par l’organisme placé auprès du Premier ministre. Le constat est désormais connu :
l’économie de la connaissance, qui constitue un important vecteur de croissance, se caractérise par
une tendance naturelle à l’agglomération. « Ceci est contre-intuitif, nous aurions pu nous attendre à
l’intensification des relations à distance » précise Mme Mahfouz « mais c’est l’inverse qui se produit,
les écosystèmes locaux sont cruciaux et ils sont souvent fondés sur des avantages initiaux ».
Plusieurs cartes et graphiques (cf. ci-dessous) indiquent précisément que les aires urbaines de plus
de 500 000 habitants bénéficient d’une forte croissance de l’emploi sur des séries longues (1968 à
2011), concourant à une polarisation renforcée de la part des établissements dans les secteurs
innovants. En prenant l’exemple des Etats-Unis, Mme Mahfouz indique alors que la division territoriale
pourrait devenir un vecteur de différenciation désormais plus structurant que l’origine sociale ou
raciale.
Prolongeant utilement ces propos, l’économiste Laurent Davezies annonce un brin provocateur que
« pour une ville moyenne, il vaut mieux être dans l’orbite d’une métropole ». Mais la relation entre les
zones centrales des systèmes métropolitains et leurs périphéries semble toutefois plus complexe d’un
simple effet de dépendance ou de hiérarchie urbaine. Selon Laurent Davezies, les métropoles doivent
en partie leur attractivité à leur territoires environnants ce qui contribue à relativiser le « qui mange
qui ». Rappelant que 60% des entreprises ne sont pas localisées dans les métropoles, Gilles Mergy,
délégué général de l’Association des Régions de France (ARF), estime qu’il n’y a pas une approche
unique du développement économique et que l’effet réseau recherché par les pôles métropolitains
pour exploiter les complémentarités entre économie de la connaissance, secteur industriel convergent
largement avec les ambitions défendues par les régions. Faisant preuve d’un courage certain dans
une salle encore échaudée par les débats sur le projet de loi NOTRe portant sur l’élaboration des
schémas régionaux de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII), M.
Mergy estime en outre que ces schémas peuvent contribuer à limiter les effets de dumping territorial.
Contribuant au débat sur la recherche d’une organisation institutionnelle optimale visant à susciter des
dynamiques de croissance, Christophe Ferrari, le président de Grenoble-Alpes Métropole, estime
que la carte des pôles métropolitains révèle une réalité et un besoin de coopération à des échelles
multiples. Il est vrai que la future région Rhône-Alpes Auvergne compte quatre pôles ou projets de
pôles autour de Lyon, Grenoble, Genève et Clermont Ferrand et que leur mise en réseau pourrait
générer de formidables atouts de coopération.
Les usages des pôles métropolitains
La deuxième partie des débats s’est centrée sur la façon dont les 15 pôles métropolitains
officiellement créés et la dizaine de pôles en cours de structuration appréhendent les enjeux
interterritoriaux. Il était dés lors intéressant de constater la permanence de certaines motivations et
l’émergence de nouveaux usages.
Le développement économique pris sous l’ange de l’attractivité, l’aménagement du territoire et les
mobilités constituent ainsi toujours les piliers des démarches de coopération métropolitaine. Patrice
Vergriete, le président de la Communauté urbaine de Dunkerque, énonce les principes simples qui
président encore au pôle métropolitain de la Côte d’Opale : « l’union fait la force, nous travaillons
ensemble car cela nous rend plus puissant et nous donne des capacités de mutualisation ». A travers
l’expérience de la Cote d’Opale il est toutefois possible de percevoir des thèmes nouveaux :
mutualisation des études et ébauches de politiques mise en œuvre en commun, notamment pour
consolider une capacité de maîtrise d’ouvrage sur les problématiques de submersion marine.
er
Dominique Adenot, 1 Vice-président du syndicat Métropole Clermont-Vichy-Auvergne, insiste
également sur la capacité des pôles à favoriser la mobilisation collective des forces vives du territoire,
au service d’une compétitivité, d’une complémentarité et d’une attractivité renforcées.
Dans certaines configurations, les pôles sont amenés à approfondir leurs actions et à intégrer des
compétences opérationnelles à l’image du pôle Le Mans Sarthe qui devient service instructeur des
autorisations d’urbanisme pour ses membres. Comme le rappelle son président Jean-Claude
Boulard, le pôle est ainsi conçu comme un outil au service d’une solidarité urbain-rural renforcée.
Que ce soit en matière de soutien à l’ingénierie ou en matière de mobilité, le pôle doit asseoir
l’efficacité métropolitaine sur une dynamique inclusive et fédératrice. Pour Gaël Perdriau, président
de Saint-Etienne Métropole, l’adhésion probable de la Communauté de l’Ouest lyonnais au Pôle
Lyonnais est ainsi une excellente opportunité pour conférer une assise métropolitaine aux 340
hectares à aménager autour de l’aéroport de Saint-Exupéry. L’intégration de compétence est
également en débat dans le cadre de l’ARC syndicat mixte qui anime le projet métropolitain du
genevois français afin de « peser face au canton de Genève qui constitue une unité administrative
très structurée » annonce Etienne Blanc, le député-maire de Divonne-les-Bains.
Parmi les pratiques émergentes, notons également le cas du pôle Centre Franche Comté qui est
devenu le lieu de discussion et d’arbitrage entre les agglomérations de Franche Comté pour la
mobilisation des enveloppes territoriales des CEPER / PO. « Il s’agissait d’une demande de la Région
qui a contribué à faire du pôle un interlocuteur et un opérateur du CPER » précise Jean-Louis
Fousseret, le président du Grand Besançon.
Un an après l’installation des nouveaux exécutifs communautaires, on peut ainsi constater que les
projets de coopération métropolitaine ne faiblissent pas là où ils étaient bien ancrés et que d’autres
territoires ont mis à profit le début du mandat pour accélérer considérablement leur implication
métropolitaine à l’image du pôle Caen Normandie Métropole, représenté par sa présidente, Sonia de
la Provôté, qui a eu l’occasion d’exposer un fonctionnement à deux niveaux du pôle : « nous
disposons d’un niveau de coopération socle avec 13 communautés, et d’un cadre de coopération plus
souple avec une vingtaine de communautés pour travailler sur des sujets plus ponctuels. Le tout au
sein d’un pôle métropolitain unique. ».
Concluant la journée dont il a été l’animateur, Philippe Estèbe estimait que « la diversité des
territoires conduits à une diversité des usages des pôles ». Par delà cette diversité, les échanges de la
journée ont révélé une constante également repérée par Philippe Estèbe : « la dynamique initiée
autour des pôles et des projets de coopération métropolitaine traduit un appétit croissant de dialogue
horizontaux entre territoires et c’est une bonne nouvelle ».
Contacts : [email protected][email protected][email protected]
Lien vers le site du réseau national des pôles métropolitains / www.poles-metropolitains.fr/
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Consulter les supports diffusés lors de la 5
Journée nationale des pôles métropolitains :
- Le support du réseau des pôles métropolitains incluant la carte à jour des pôles et projets de
pôles.
- Le support de France Stratégie sur la diffusion territoriale de la croissance.
Retrouver les dernières publications des pôles métropolitains :
- Pôle métropolitain Loire Bretagne : Liens et richesses redistribués et partagés.
- Pôle Nantes – Saint-Nazaire : Le dynamisme économique de Nantes Métropole, un atout
partagé.
- Pôle
lyonnais :
Dynamiques
de
métropolisation
/
http://www.urbalyon.org/AffichePDF/Dynamiques_de_metropolisation_-_Reperes-12046
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