Eléments de réflexion sur la performance des pôles d’innovation La mesure de la performance est une nécessité pour toute structure, que ses clients se placent dans une perspective marchande ou non, que ses actions soient collectives ou individualisées. C’est encore plus essentiel lorsque des fonds publics en assurent une partie du fonctionnement, alors même que le contexte budgétaire est particulièrement contraint. Pour les pôles d’innovation soutenus par des crédits le ministère des PME presque quadruplés au cours des trois dernières années, cette exigence de performance est désormais renforcée par la mise en œuvre de la loi organique sur les lois de finances, puisque les sommes attribuées doivent désormais être justifiées dès le premier euro et que des indicateurs de résultat doivent être mis en œuvre pour pouvoir constater les progrès réalisés et décider ou non du maintien d’une intervention économique publique. Tous les ans, il est ainsi nécessaire de présenter de manière actualisée et transparente l’intérêt du financement public. La performance se décrit d’abord au travers des moyens mis en œuvre, des résultats quantitatifs et qualitatifs obtenus, de l’efficacité des actions conduites et de leur efficience, c’est à dire de l’économie de moyens employés pour le résultat atteint. Mais lorsque l’on veut véritablement parler de performance des pôles d’innovation, il faut pouvoir faire état de mesures d’impact des actions d’accompagnement des entreprises dans leurs démarches d’innovation. Deux grands domaines sont à considérer : - la progression économique, technique et commerciale des entreprises accompagnées par les pôles d’innovation ; - la réalité du transfert de savoir vers les entreprises concernées, prises collectivement. Sur le premier point, les indicateurs ne manquent pas (chiffre d’affaires, emplois, investissements, exportation, bénéfices, part de marché, etc.), mais la difficulté est souvent réelle pour distinguer les effets attribuables à l’accompagnement et ceux qui résultent d’autres facteurs ; il faut également constituer des échantillons représentatifs d’entreprises aidées ou accompagnées et des autres entreprises comparables. Au total, on peut cependant mettre en évidence des effets individuels ou collectifs, surtout si on se place dans une perspective longue avec des méthodes stables. Cela impose aux pôles d’innovation la réalisation d’un suivi dans la durée des entreprises aidées ou accompagnées, surtout de celles qui l’ont été individuellement. Sur le second point, seules des analyses complexes et longues peuvent fournir des conclusions déterminantes. Il est donc souhaitable de procéder de manière périphérique pour obtenir des indications plus rapides sur l’adéquation des actions d’accompagnement. La combinaison des modalités suivantes peut être envisagée : - tout d’abord, la production de rapports et de fiches d’activité détaillés, clairs, lisibles et ciblés ; - ensuite la remise de rapports d’exécution réellement explicatifs, illustrés et justifiés pour les conventions pluriannuelles, faisant notamment état des progrès réalisés lors de chaque période annuelle ; - puis la mesure de la contribution des entreprises au fonctionnement de plus en plus dynamique du pôle et aux réseaux qu’il anime (évolution des retours spontanés de réactions - ou d’informations, inscriptions aux stages et journées d’étude, demande d’informations, fréquentation des sites Internet, etc.) ; enfin la réalisation d’enquêtes de satisfaction (sur la qualité des informations distribuées et des prestations reçues, sur les délais de réponse, sur l’utilité de l’accompagnement obtenu, etc.) menées de manière régulière, en prenant notamment appui sur les techniques modernes de communication. Par ailleurs, un indice de satisfaction peut également être trouvé dans la capacité des pôles d’innovation à faire accepter par les entreprises aidées individuellement le coût complet des prestations qui leur sont fournies spécialement, et donc à progresser dans l’autonomie financière. A terme, d’autres enquêtes devraient pouvoir être menées pour compléter celles qui sont réalisées dans le cadre du programme annuel examiné par le Conseil National de l’Information Statistique et qui ne concernent actuellement que les entreprises de plus de 20 salariés (et demain de plus de 10 salariés), ce qui exclut une part importante des TPE. L’ISM peut jouer un rôle central dans ces différentes perspectives, contribuant ainsi à une meilleure description du nombre et de la part des TPE innovantes, ainsi que des domaines dans lesquels leurs innovations sont réalisées (produits, procédés, services rendus à la clientèle, organisation, commercialisation, etc.), mais aussi à la vérification que les très petites entreprises sont toujours davantage convaincues des apports bénéfiques de l’innovation et de leur perception pertinente des innovations les plus récentes dans leur champ d’activité.