Dossier Ostéoporose XXXe European Symposium on Calcified Tissue Encore insuffisamment diagnostiquée et traitée, l’ostéoporose a pourtant bénéficié d’avancées fondamentales et cliniques. Le congrès, que vient d’organiser à Rome du 8 au 12 mai la European Calcified Tissue Society (ECTS), a permis d’aborder bon nombre d’entre elles. Plusieurs communications ont ainsi porté sur les techniques d’analyse de la microarchitecture osseuse, dont on sait maintenant qu’elle module le risque de fractures ostéoporotiques et participe au mode d’action des médicaments. Sur un plan plus pratique, les rhumatologues ont souligné l’importance de l’exercice physique dans la prévention de la maladie. Des nouveautés thérapeutiques ont également fait l’objet de communications. Après l’alendronate, le risédronate est disponible sous la forme d’une prise hebdomadaire. D’autres bisphosphonates, à l’administration mensuelle ou trimestrielle, sont en cours de développement, l’objectif étant là aussi l’amélioration de l’observance thérapeutique. Enfin, on a abondamment parlé pendant cette manifestation scientifique des effets d’un analogue peptidique de la parathormone, déjà utilisé pour traiter des ostéoporoses sévères aux Etats-Unis, qui possède l’intérêt de présenter une importante action ostéogénique. La microstructure de l’os : un paramètre essentiel L’ostéoporose fait actuellement l’objet d’une recherche active. Un des apports récents concerne la SOMMAIRE 22 LA DMO REMISE EN CAUSE 24 AMÉLIORER L’OBSERVANCE DES PATIENTS OSTÉOPOROTIQUES 26 THS : UNE ACTION ANTIFRACTURAIRE DÈS LES PREMIÈRES ANNÉES 28 RISÉDRONATE : UNE EFFICACITÉ PRÉCOCE ET PROLONGÉE 30 RECHERCHE : STIMULER LA CROISSANCE OSSEUSE PAR ULTRASONS densité minérale osseuse. Si elle offre l’avantage d’être assez facile à mesurer, cette méthode ne constitue cependant qu’un marqueur approximatif des phénomènes pathologiques caractérisant la maladie et il serait préférable de s’intéresser à la qualité de l’os dans son ensemble. L’ostéoporose se traduit en effet non seulement par une diminution de la densité osseuse, mais aussi par des modifications de la microstructure osseuse, avec notamment des détériorations des molécules de pontage du collagène osseux et une augmentation de la taille des cristaux d’hydroxyapatite. Ces changements de la qualité osseuse sont importants à prendre en considération car ils modulent la résistance de l’os aux chocs et interviennent dans la capacité des médicaments à prévenir la survenue de fractures. Reste que la mesure de ce nouveau paramètre requiert la réalisation de biopsies osseuses, ce qui en réserve encore l’emploi à la recherche clinique. Pour surmonter ce problème, les chercheurs tentent d’apprécier indirectement la qualité osseuse, grâce, par exemple, à l’utilisation de marqueurs biologiques du remodelage. La recherche génétique fait également des progrès. Plusieurs gènes candidats (collagène, récepteur de la vitamine D…) ont été identifiés dans l’ostéoporose et une vaste étude européenne, Genomos, est en cours auprès de 20 000 personnes afin de mieux connaître les facteurs génétiques impliqués dans cette affection. L’étude européenne Genomos devrait permettre de mieux connaître les facteurs génétiques impliqués dans cette affection. Les scientifiques s’intéressent plus particulièrement au gène codant pour le récepteur LRP5, un récepteur des ostéoblastes qui régulerait chez l’homme la masse osseuse et dont l’altération semble déterminer, selon les cas, l’apparition de syndromes pathologiques s’associant à une ostéoporose (pseudo-gliome avec ostéoporose) ou, au contraire, de maladies rares se traduisant par une masse osseuse exagérée. D R C ORINNE T UTIN D’après les communications de C. H. Turner (université de l’Indiana, Indianapolis, Etats-Unis), P. Delmas (unité Inserm 403, Lyon, France), R. Baron (université de Yale, New Haven, Etats-Unis). N ° 4 89 5 / 0 5 J U I N 2 0 0 3 / PA N O RA M A D U M É D EC I N / 21 DOSSIER OSTÉOPOROSE La DMO remise en cause Phanie Si la densité minérale osseuse (DMO) est un para- processus augmente mais le bilan entre formation mètre à prendre en compte dans la prise en charge et résorption devient négatif. Les travées osseuses de l’ostéoporose, de plus en plus de spécialistes recon- s’affinent, perdent leur connexion, l’épaisseur de l’os naissent que ce critère est insuffisant pour mesurer cortical diminue et sa porosité s’accroît. Des microprécisément l’efficacité antifracturaire d’un traitement dommages apparaissent dans l’os interstitiel ancien et s’accordent à dire que la qualité de l’os doit égale- tandis que l’os nouvellement formé est moins minéralisé, ce qui réduit sa résistance. ment être évaluée. Les traitements antiostéoporotiques doivent corriger L’os doit être suffisamment rigide pour résister à la déformation induite par les contraintes liées aux ces différents processus pour avoir un effet antifracturaire optimal. Les médicaments charges et à la propulsion tout qui inhibent la résorption en gardant une certaine flexiEn Savoir Plus osseuse en diminuant le remobilité, qui lui permette d’absor. La plupart des delage osseux favorisent la ber l’énergie et de la restituer médicaments contre minéralisation et le comblepour retrouver sa forme et sa l’ostéoporose réduisent de ment des unités de remodelataille initiales. Il doit par 30 à 50% le risque de survenue d’une nouvelle ge, ils préservent le volume ailleurs être léger pour facilifracture vertébrale chez les osseux trabéculaire et sa microter la rapidité du mouvement femmes ostéoporotiques, architecture ainsi que l’épaiset en même temps solide pour mais leur capacité à seur de l’os cortical. Pour supporter les charges. C’est augmenter la DMO est très autant, il existe un seuil (50%) par sa composition et ses prodifférente, allant de 1 à 7% selon le médicament. au-delà duquel l’inhibition de priétés structurelles qu’il peut . Les inhibiteurs de la la résorption n’apporte pas répondre à ces exigences résorption induisent, en 3 à de bénéfice et peut même favoparadoxales. La minéralisa6 mois, un ralentissement riser l’apparition de microdomtion de l’os, qui est de 65 % du remodelage objectivé mages osseux ou ralentir leur chez l’homme, détermine sa par la modification du taux des marqueurs osseux. réparation. rigidité. Un taux de remodeLa valeur de la DMO ne reflète qu’en partie le Par ailleurs, la mesure de la lage trop élevé la diminue, risque fracturaire. densité minérale osseuse utilirend l’os trop flexible et favosée pour apprécier l’efficacité rise sa déformation et sa fracture. A l’inverse, une trop grande minéralisation des inhibiteurs de la résorption a une valeur discutainduite par la suppression du remodelage le rend ble. Sous bisphosphonates, la diminution du risque fracturaire est en effet précoce, maximale au terme de trop rigide et cassant. Avec l’âge, les propriétés matérielles et structurelles la première année, alors que l’augmentation de la de l’os se dégradent. Le remodelage osseux répare les densité osseuse est plus lente, et n’atteint après un an microdommages osseux. Après la ménopause, ce que la moitié du gain obtenu à plus long terme. De fait, de récentes études en microradiographie ont révélé que l’essentiel sinon la totalité de l’augmentation de densité observée sous bisphosphonate était Doser les marqueurs du remodelage osseux liée à un accroissement de la densité minérale par ➥ Un meilleur moyen de juger de l’effet antifracturaire unité de volume osseux plutôt que par un gain de des traitements antirésorptifs est le dosage des marqueurs masse osseuse proprement dite et que seule une de formation et de résorption osseuses, bon reflet du petite fraction (moins de 30 %) de l’efficacité antiremodelage osseux. fracturaire des bisphosphonates était expliquée par ➥ Dans l’étude More (Multiple Outcome Raloxifène Evaluation), des modifications de la DMO. Cela est encore plus chez les patients qui avaient bénéficié d’un dosage des marqueurs vrai avec le raloxifène. L’étude de plusieurs modèles osseux, il existait en effet une relation significative entre la statistiques a en effet permis de montrer que le gain décroissance du remodelage osseux observée sous raloxifène et de densité intervenait pour moins de 10 % dans le risque de fracture vertébrale (voir aussi page 26). Des résultats l’effet antifracturaire de ce modulateur sélectif de similaires ont été observés avec le risédronate et l’alendronate. l’activation des récepteurs aux estrogènes (Serm). ➥ D’autres mécanismes d’action des inhibiteurs de la résorption osseuse incluant notamment leurs effets sur la structure des différentes enveloppes de l’os mériteraient d’être explorés de manière non invasive (tomodensitométrie quantitative). 22 / PA N O R A M A D U M É D EC I N / 0 5 J U I N 2 0 0 3 / N ° 4 89 5 D R C ATHERINE B AILLY D’après les communications d’Ego Seeman (Melbourne, Australie) et Pierre Delmas (Inserm U 403, hôpital Edouard-Herriot Lyon), au cours du symposium organisé par les laboratoires Lilly. DOSSIER OSTÉOPOROSE En Savoir Plus . Le développement de bisphosphonates administrables sous forme hebdomadaire, trimestrielle ou même annuelle s’explique par le fait que ces médicaments ont la propriété de se fixer à l’intérieur du squelette car leur structure est proche de celle des pyrophosphates. . Une fois liés avec le minéral en formation, les bisphosphonates sont absorbés par les ostéoclastes dont ils favorisent l’apoptose. C’est ce mécanisme qui permet de freiner la résorption osseuse. . L’affinité pour le squelette des différents bisphosphonates dépend de leur structure. Nombreux sont les rhumatologues qui ont insisté pendant ce congrès sur la mauvaise prise en charge globale de l’ostéoporose. « Seulement, 20 à 25% des patients ostéoporotiques bénéficient, en effet, d’un traitement adapté», indique le Dr Roland Chapurlat, praticien hospitalier universitaire aux Hospices civils de Lyon. « Le dépistage de l’ostéoporose n’est pas non plus organisé de façon cohérente et on estime par exemple que les deux tiers des fractures vertébrales ne sont pas reconnues initialement, poursuit ce spécialiste. Cela est lié en partie au non-remboursement de l’ostéodensitométrie dans de nombreux pays développés, dont la France, mais aussi à un défaut d’information.» Une autre difficulté est l’observance thérapeutique qui demeure insuffisante chez les patients ostéoporotiques. Les résultats de l’étude Impact, détaillés à Rome par le Pr Pierre Delmas, ont pourtant montré pour la première fois que le fait de doser les marqueurs du remodelage osseux pouvait améliorer l’observance chez certains patients. Cette étude a été entreprise durant 1 an auprès 2 302 femmes de 65 à 80 ans atteintes d’ostéoporose. Ces patientes recevaient 5 mg/j de risédronate en sus de 500 mg/j de calcium et de 400 UI/j de vitamine. Certaines bénéficiaient en plus d’un programme de soutien à la prise du traitement qui se fondait sur le dosage des marqueurs du turn-over osseux entrepris aux semaines 10 et 22. Les résultats ont montré une action dans l’ensemble modeste de ce programme. Cependant, chez les patientes à faible risque évolutif, ce type de suivi a permis de renforcer BSIP Améliorer l’observance des patients ostéoporotiques Des traitements par injection trimestrielle ou même annuelle de bisphosphonates à l’étude. l’adhésion au traitement de façon significative en diminuant d’un tiers les arrêts de traitement. Par ailleurs, l’arrivée de l’ibandronate, un bisphosphonate qui pourrait être administré sous forme d’un traitement cyclique d’un mois sur trois ou, peut-être même, d’une seule injection intraveineuse par trimestre, pourrait aider à améliorer l’observance. Le zolédronate, un autre bisphosphonate, auquel plusieurs communications ont été consacrées pendant ce congrès, semble faire encore mieux. Certaines études de phase II ont, en effet, suggéré que ce médicament augmente la densité osseuse et modifie les marqueurs du remodelage osseux de manière comparable aux autres bisphosphonates avec seulement une injection par an ! Une étude de phase III est actuellement en cours pour évaluer ses effets préventifs vis-à-vis des fractures ostéoporotiques. D R C ORINNE T UTIN D’après un entretien avec le Dr Roland Chapurlat (service de rhumatologie du Pr Pierre Delmas, Hospices civils de Lyon). Les promesses de la 1-34 parathormone Les spécialistes européens attendent avec beaucoup d’impatience, pour le traitement des formes sévères d’ostéoporose, l’arrivée d’un peptide dérivé de la parathormone, la 1-34 PTH. Déjà commercialisé aux EtatsUnis sous le nom de Forteo, cet analogue de la parathormone s’utilise en injections sous-cutanées journalières. Il se comporte comme un puissant ostéoformateur en permettant à la fois d’augmenter les travées osseuses et d’élargir le diamètre des os longs, et les études cliniques laissent penser qu’il diminue dans des proportions importantes le risque fracturaire osseux. 24 / Néanmoins, sa tolérance au long cours devra être étroitement surveillée. En effet, les études de toxicologie ont mis en évidence dans un modèle de rat, particulièrement sensible il est vrai au développement de tumeurs, un accroissement de la survenue des ostéosarcomes après utilisation de très fortes doses de produit. La FDA a tout de même autorisé le médicament, jugeant que le risque n’était pas significatif et que ce nouveau médicament était d’un réel intérêt thérapeutique dans l’ostéoporose. Cependant, Forteo ne peut être prescrit plus de 2 ans chez les patients PA N O R A M A D U M É D EC I N / 0 5 J U I N 2 0 0 3 / N ° 4 89 5 ostéoporotiques. Par ailleurs, on ne sait pas encore quelles seront ses conditions pratiques d’utilisation, par exemple s’il devra être administré avant ou après les bisphosphonates ou pourra être donné en même temps. Un autre médicament, le ranélate de strontium, pourrait aussi apparaître prochainement sur le marché européen. A la différence de la parathormone, ce produit possède à la fois des propriétés ostéogéniques et la capacité d’inhiber la résorption osseuse. D R C. T. D’après un entretien avec le Dr Roland Chapurlat. DOSSIER OSTÉOPOROSE THS: une action antifracturaire dès les premières années En Savoir Plus . L’effet du THS sur la densité minérale osseuse augmente avec la dose d’estrogène. Si l’on sait depuis longtemps que le traitement hormonal substitutif (THS) exerce une action favorable sur l’os chez les femmes ménopausées, sa capacité à diminuer le risque fracturaire ostéoporotique était jusqu’ici moins bien évaluée. De plus, les données de certaines études laissent penser qu’une prise pendant 5 ans au minimum du THS est requise pour observer cet effet protecteur. Or, on le sait, la majorité des Françaises ne prennent pas le traitement pendant cette durée. Une situation qui ne risque guère de se modifier, avec la publication récente des résultats globalement négatifs de l’étude Women Health Initiative (WHI), et ce même si cet essai est aussi la première étude d’intervention à avoir démontré formellement une diminution de fréquence des fractures du col du fémur sous THS (risque relatif de 0,66). Or, voici qu’une étude des spécialistes danois de l’ostéoporose du centre de Ballerup vient d’apporter une note optimiste en matière de traitement hormonal substitutif. Ces médecins ont analysé l’évolution de la masse osseuse et de la maladie ostéoporotique chez 263 femmes récemment ménopausées parmi les 347 qui avaient participé à quatre essais randomisés contre placebo et qui avaient reçu un THS ou un placebo pour une durée maximale de deux à trois ans sans bénéficier d’aucun autre traitement par la suite. Dans ces études, les patientes avaient subi des radiographies du thorax et des vertèbres ainsi qu’une ostéodensitométrie. Ces investigations avaient été pratiquées lors de l’inclusion, à la fin du traitement et lors du suivi. Les données observées dans ces essais suggèrent que l’administration d’un THS pendant deux à trois ans exerce déjà des effets positifs sur l’os. Après cessation du traitement, la perte osseuse est redevenue équivalente à celle observée normalement après la ménopause et plus de quinze ans après l’arrêt du THS, la masse osseuse demeurait supérieure de plus de 4 % à celle mesurée dans le groupe placebo. De plus, le risque de fracture ostéoporotique était fortement diminué (odds ratio de 0,42). D R C ORINNE T UTIN D’après la communication de Y.Z. Bagger et coll. (Centre de recherche fondamentale et clinique de Ballerup, Danemark). Raloxifène: l’étude More confirme un rapport bénéfices/risques favorable En Savoir Plus . Un travail vient d’être réalisé auprès d’un sous-groupe de 1 369 femmes ménopausées de l’étude More présentant initialement deux fractures vertébrales (J. Farrerons et coll., Espagne). . Les résultats mettent en évidence une réduction à 3 ans de 34% du risque de nouvelles fractures vertébrales chez les 917 femmes traitées par raloxifène. 26 / Une nouvelle analyse de l’étude More (Multiple Outcomes of Raloxifene Evaluation) vient d’être présentée lors de ce congrès par le Pr Elizabeth Barrett-Connor (EtatsUnis). L’originalité de son travail est de reposer sur un index d’évaluation globale qui prend en compte toute première survenue d’événements pathologiques divers graves (infarctus et mortalité coronaire, AVC, embolie pulmonaire, cancer du sein invasif, cancer de l’endomètre, cancer colo-rectal, fracture de hanche, décès d’autres causes). Cet index permet d’estimer l’intérêt d’ensem- PA N O R A M A D U M É D EC I N / 0 5 J U I N 2 0 0 3 / N ° 4 89 5 ble d’un traitement après la ménopause, même si, comme l’admet E. Barrett-Connor, «il est imparfait, notamment parce qu’il ne tient pas compte de l’apparition des phlébites et des fractures vertébrales». Avec un risque relatif abaissé à 0,75 chez les 2576 femmes ayant reçu 60 mg/j de raloxifène, cette évaluation semble favorable pour ce Serm et il n’a pas été noté de différence sur ce point entre les sousgroupes constitués en fonction de l’âge des femmes, de leur index de masse corporelle, de l’existence ou non d’une hystérectomie et de la mesure de la masse osseuse (pré- sence d’une ostéopénie ou déjà d’une ostéoporose). De façon plus détaillée, les résultats mettent en évidence une réduction du cancer du sein (risque relatif de 0,23) et une tendance à la diminution du nombre d’AVC (0,59) et à la réduction de la mortalité totale (0,61) alors que le nombre de fractures de hanche est peu modifié. « Mais ces données ne peuvent être généralisées aux femmes dénuées de risque ostéoporotique», a souligné E. Barrett-Connor. D R C. T. D’après la communication de E. BarrettConnor (université de Californie, San Diego, Etats-Unis). DOSSIER OSTÉOPOROSE En Savoir Plus . Actonel 35 mg est remboursé à 65% depuis avril dernier pour le traitement de l’ostéoporose avérée avec au moins une fracture ostéoporotique. . Le coût d’un traitement par Actonel 35 mg (37,53 euros TTC) est équivalent à celui d’un traitement journalier avec Actonel 5 mg. . Actonel 35 mg est indiqué dans le traitement de l’ostéoporose postménopausique pour diminuer le risque de fractures vertébrales ainsi que dans le traitement de l’ostéoporose postménopausique avérée pour réduire le risque de fracture de hanche. Le risédronate (Actonel) est l’un des bisphosphonates les plus utilisés actuellement pour le traitement de l’ostéoporose. Ce médicament commercialisé par l’Alliance pour une meilleure santé osseuse, qui rassemble les laboratoires Aventis et Procter & Gamble, bénéficie depuis mars 2003 d’une nouvelle autorisation de mise sur le marché européenne permettant d’utiliser la forme dosée à 35 mg en prise unique hebdomadaire. Une conférence de presse internationale, organisée le 10 mai dernier dans le cadre du congrès de la European Calcified Tissue Society, a permis de détailler les données d’une étude récente effectuée avec cette nouvelle forme de risédronate. «Cet essai, a rappelé le Pr Steven Boonen du Centre universitaire pour les maladies métaboliques osseuses de Leuven, a été réalisé en double aveugle chez 1 456 femmes ménopausées d’au moins 50 ans, toutes porteuses d’une ostéoporose confirmée (T-score lombaire ou de hanche de moins de 2,5 déviations standards ou T-score de moins de 2 déviations standards s’accompagnant d’antécédents de fracture vertébrale).» 480 de ces patientes ont reçu 5 mg de risédronate par jour tandis que 485 autres ont été traitées par 35 mg de risédronate donnés chaque semaine et 491 par 50 mg hebdomadaires de ce bisphosphonate. Les résultats ont conclu à l’équivalence en termes d’efficacité et de tolérance d’Actonel 35 mg et d’Actonel 5 mg. Ces deux formes ont, en effet, permis d’obtenir une augmentation similaire de la densité minérale osseuse lombaire, ainsi que de la densité minérale de la hanche, du col fémoral et du trochanter après un an de traitement et le profil des effets secondaires n’a pas différé pour les deux formes galéniques. D’autres essais entrepris avec la forme 5 mg/j d’Actonel ont montré par ailleurs que le risédronate BSIP Risédronate : une efficacité précoce et prolongée Le risédronate prévient, dès le 6 e mois de traitement, l’apparition de nouvelles fractures vertébrales. prévient dès le 6e mois l’apparition de nouvelles fractures vertébrales. « Ce résultat est particulièrement intéressant, a souligné le Pr S. Boonen, car la maladie ostéoporotique évolue bien plus rapidement qu’on ne le pense généralement .» Une étude du Pr R. Lindsay (hôpital Helen Hayes, New York) a ainsi montré que les femmes ayant développé une fracture vertébrale ont une chance sur cinq de développer une nouvelle fracture de ce type dans l’année qui suit. De nouvelles données présentées par le Pr S. Boonen lors de ce congrès ont également confirmé que le risédronate conserve son efficacité préventive vis-à-vis des fractures vertébrales et non vertébrales à 3 ans et ce même chez des patientes de plus de 75 ans. Enfin, une étude entreprise avec le concours du Pr O. Sorensen (hôpital d’Hvidore, Danemark) a révélé que le risque fracturaire demeure bas après 7 ans de traitement par cette molécule. D R C ORINNE T UTIN D’après un symposium organisé par l’Alliance pour une meilleure santé osseuse. Une action favorable sur la qualité de l’os n autre effet du risédronate est son action favorable sur la qualité de l’os. Cette conclusion provient des résultats d’une étude entreprise par le Dr E. Paschalis (New York) chez 19 femmes ménopausées ayant reçu, pendant 3 ans, soit du risédronate, soit un placebo. La réalisation de biopsies osseuses et l’utilisation d’une technique nouvelle d’imagerie ont permis d’analyser la cristallinité de l’os U 28 / trabéculaire ainsi que sa structure collagénique, deux paramètres qui déterminent la dureté de l’os et ses capacités de résistance. Les 8 femmes ayant reçu le placebo ont présenté un accroissement significatif de la cristallinité (1,2 en fin de traitement contre 0,92 initialement) ainsi que du ratio de cross-link du collagène (1,9 contre 1,4) témoignant d’une dégradation de la microarchitecture osseuse. PA N O R A M A D U M É D EC I N / 0 5 J U I N 2 0 0 3 / N ° 4 89 5 En revanche, aucune altération de la cristallinité de l’os (0,93 versus 0,99) ou du ratio de cross-link du collagène (1,6 versus 1,6) n’a été observée chez les 11 femmes traitées par 5 mg/j d’Actonel. Cette action sur la qualité osseuse n’a pour l’instant été démontrée que pour le risédronate et pourrait jouer un rôle notable dans sa capacité à prévenir le risque fracturaire ostéoporotique. DOSSIER OSTÉOPOROSE RECHERCHE Stimuler la croissance osseuse par ultrasons ertaines ondes pourraient-elles stimuler la croissance osseuse? Oui si l’on en croit les résultats rapportés par deux équipes américaines lors de ce congrès. La première de ces équipes (K.A. Hogan et coll.) s’est intéressée aux ultrasons de faible intensité, et a exposé des cultures d’ostéoblastes d’origine bovine à des ondes ultrasonores pendant 20 minutes, puis a examiné les modifications de l’activité phosphatase alcaline et du contenu minéral osseux. Les effets observés ont mis en évidence une stimulation de l’ostéogenèse. Les ostéoblastes traités ont montré plus rapidement une activité phosphatase alcaline que ceux non traités (15 jours au lieu de 21) et, après 3-4 semaines, les cultures cellulaires soumises à ce traitement sonore contenaient davantage de calcium. Par ailleurs, un effet-dose a été noté, la stimulation de la minéralisation osseuse étant plus impor- C Le concept de Serms (modulateurs sélectifs de l’activation des récepteurs estrogéniques) pourrait permettre de développer dans l’avenir de nouveaux médicaments, les Sarms, agissant de façon plus ciblée sur l’os mais en se liant non avec un récepteur pour les estrogènes mais avec un récepteur pour les androgènes. Cela permettrait de disposer de molécules possédant à la fois des effets bénéfiques au niveau osseux et capables d’inhiber la multiplication des cellules prostatiques, donc éventuellement de freiner l’évolution d’un adénome ou même d’un cancer prostatique. Identification de mutations coupables Des généticiens viennent d’identifier six nouvelles mutations à l’intérieur du gène LRP5 (LDL receptor-related protein 5), gène essentiel à la prolifération des ostéoblastes et à leur fonctionnement. Ces anomalies ont été isolées au sein de 10 familles touchées par des affections héréditaires se traduisant par une augmentation de la densité osseuse des os longs (L. Van Wesenbeeck et coll., Anvers, Belgique). 30 / SUJET ÂGÉ Chute interdite, activité physique conseillée A vec le vieillissement de la population, le nombre de fractures osseuses s’est beaucoup accru ces dernières décennies. «Il est donc essentiel d’en prévenir l’apparition, notamment en évitant les chutes, premier facteur de risque de fracture avant l’ostéoporose», a rappelé le Pr P. Kannus de l’université de Tampere en Finlande. «La présence de cette affection favorise certes chez les sujets âgés le développement d’une fracture osseuse pour un faible traumatisme ou une chute sur le sol de sa propre hauteur, a ajouté ce spécialiste, cependant, bien d’autres paramètres interviennent qui dépendent de l’état nutritionnel du sujet, de sa consommation d’alcool et de tabac, des pathologies associées, des médicaments reçus…» Avant tout, c’est le maintien d’une certaine activité physique qui doit être encouragé. Des essais randomisés récents ont, en effet, montré que cette mesure contribue à diminuer le nombre de chutes chez les personnes âgées. De multiples facteurs sont vraisemblablement impliqués à ce niveau comme une augmentation de la force musculaire, une amélioration de l’équilibre et de la coordination des mouvements, une diminution du temps de réaction, tous paramètres qui continuent d’avoir un impact favorable même à un âge très avancé. Une seule étude randomisée, entreprise chez des femmes ménopausées, a analysé les effets de l’exercice physique vis-à-vis du risque fractu- BSIP Des Serms aux Sarms tante pour les ostéoblastes ayant reçu 2 à 3 traitements sonores quotidiens que pour ceux qui n’avaient été exposés qu’une seule fois par jour. L’équipe du Dr Charles Turner (Etats-Unis) a, quant à elle, exploré les effets de vibrations sonores de faible amplitude en association avec l’exercice physique. Réalisée chez des souris, l’expérience s’est avérée là aussi positive. En effet, l’exposition aux vibrations sonores a multiplié par un facteur 4 environ la réponse ostéogénique induite par l’exercice, laquelle était évaluée en mesurant la croissance périostée du cubitus. Cependant, les vibrations seules n’ont eu aucun effet sur la croissance osseuse. Pour les auteurs, il est possible que des phénomènes de type résonance entrent en jeu dans l’action bénéfique de cette combinaison thérapeutique. D R CORINNE T UTIN raire. Ses résultats sont convaincants: les femmes qui avaient pratiqué pendant 2 ans des exercices de renforcement du dos ont vu leur nombre de fractures vertébrales réduit de 63%. Les données de nombreuses études épidémiologiques suggèrent aussi que l’activité physique diminue de 20 à 70% la probabilité d’apparition d’une fracture de hanche, un effet-dose étant parfois constaté. D R C. T. PRATIQUE A qui proposer un protecteur de hanches? P our réduire les fractures du col du fémur chez le sujet âgé qui résultent pour la majorité d’entre elles d’une chute sur le côté avec impact direct sur le grand trochanter fémoral, l’utilisation d’un protecteur mécanique de hanches peut s’avérer utile. Un essai, réalisé par l’équipe du Pr P. Kannus auprès de 1 801 patients, a ainsi confirmé que l’emploi de ce type de protection (type KPH, laboratoire HRA) réduisait de 60% la proba- PA N O R A M A D U M É D EC I N / 0 5 J U I N 2 0 0 3 / N ° 4 89 5 bilité de fracture de hanche. «Il suffit de proposer ce moyen de prévention à 8 personnes durant 5 ans ou 41 pendant 1 an pour éviter une fracture de hanche», a souligné P. Kannus. En pratique, cet expert recommande donc l’emploi d’un protecteur de hanches chez les personnes âgées à très haut risque de chute (antécédents de chutes à répétition, trouble de l’équilibre…). D R C. T.