La microstructure de l`os : un paramètre essentiel

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Dossier Ostéoporose
XXXe European Symposium on Calcified Tissue
Encore insuffisamment diagnostiquée et traitée, l’ostéoporose a
pourtant bénéficié d’avancées fondamentales et cliniques.
Le congrès, que vient d’organiser à Rome du 8 au 12 mai la
European Calcified Tissue Society (ECTS), a permis d’aborder bon
nombre d’entre elles.
Plusieurs communications ont ainsi porté sur les techniques
d’analyse de la microarchitecture osseuse, dont on sait
maintenant qu’elle module le risque de fractures ostéoporotiques
et participe au mode d’action des médicaments.
Sur un plan plus pratique, les rhumatologues ont souligné
l’importance de l’exercice physique dans la prévention de la
maladie. Des nouveautés thérapeutiques ont également fait
l’objet de communications. Après l’alendronate, le risédronate est
disponible sous la forme d’une prise hebdomadaire.
D’autres bisphosphonates, à l’administration mensuelle ou
trimestrielle, sont en cours de développement, l’objectif étant là
aussi l’amélioration de l’observance thérapeutique.
Enfin, on a abondamment parlé pendant cette manifestation
scientifique des effets d’un analogue peptidique de la
parathormone, déjà utilisé pour traiter des ostéoporoses sévères
aux Etats-Unis, qui possède l’intérêt de présenter une importante
action ostéogénique.
La microstructure de l’os :
un paramètre essentiel
L’ostéoporose fait actuellement l’objet d’une
recherche active. Un des apports récents concerne la
SOMMAIRE
22 LA DMO
REMISE EN CAUSE
24 AMÉLIORER
L’OBSERVANCE
DES PATIENTS
OSTÉOPOROTIQUES
26 THS : UNE ACTION
ANTIFRACTURAIRE DÈS
LES PREMIÈRES ANNÉES
28 RISÉDRONATE :
UNE EFFICACITÉ PRÉCOCE
ET PROLONGÉE
30 RECHERCHE : STIMULER
LA CROISSANCE OSSEUSE
PAR ULTRASONS
densité minérale osseuse. Si elle offre l’avantage d’être
assez facile à mesurer, cette méthode ne constitue
cependant qu’un marqueur approximatif des phénomènes pathologiques caractérisant la maladie et il
serait préférable de s’intéresser à la qualité de l’os dans
son ensemble. L’ostéoporose se traduit en effet non
seulement par une diminution de la densité osseuse,
mais aussi par des modifications de la microstructure
osseuse, avec notamment des détériorations des molécules de pontage du collagène osseux et une augmentation de la taille des cristaux d’hydroxyapatite.
Ces changements de la qualité osseuse sont importants à prendre en considération car ils modulent la
résistance de l’os aux chocs et interviennent dans
la capacité des médicaments à prévenir la survenue de
fractures. Reste que la mesure de ce nouveau paramètre requiert la réalisation de biopsies osseuses, ce qui
en réserve encore l’emploi à la recherche clinique.
Pour surmonter ce problème, les chercheurs tentent
d’apprécier indirectement la qualité osseuse, grâce, par
exemple, à l’utilisation de marqueurs biologiques du
remodelage.
La recherche génétique fait également des progrès.
Plusieurs gènes candidats (collagène, récepteur de la
vitamine D…) ont été identifiés dans l’ostéoporose et
une vaste étude européenne, Genomos, est en cours
auprès de 20 000 personnes afin de mieux connaître les
facteurs génétiques impliqués dans cette affection.
L’étude européenne Genomos devrait permettre de mieux
connaître les facteurs génétiques impliqués dans cette
affection.
Les scientifiques s’intéressent plus particulièrement au
gène codant pour le récepteur LRP5, un récepteur des
ostéoblastes qui régulerait chez l’homme la masse
osseuse et dont l’altération semble déterminer, selon
les cas, l’apparition de syndromes pathologiques s’associant à une ostéoporose (pseudo-gliome avec ostéoporose) ou, au contraire, de maladies rares se traduisant
par une masse osseuse exagérée.
D R C ORINNE T UTIN
D’après les communications de C. H. Turner (université de
l’Indiana, Indianapolis, Etats-Unis), P. Delmas (unité Inserm
403, Lyon, France), R. Baron (université de Yale,
New Haven, Etats-Unis).
N ° 4 89 5 / 0 5 J U I N 2 0 0 3 / PA N O RA M A D U M É D EC I N
/ 21
DOSSIER OSTÉOPOROSE
La DMO remise en cause
Phanie
Si la densité minérale osseuse (DMO) est un para- processus augmente mais le bilan entre formation
mètre à prendre en compte dans la prise en charge et résorption devient négatif. Les travées osseuses
de l’ostéoporose, de plus en plus de spécialistes recon- s’affinent, perdent leur connexion, l’épaisseur de l’os
naissent que ce critère est insuffisant pour mesurer cortical diminue et sa porosité s’accroît. Des microprécisément l’efficacité antifracturaire d’un traitement dommages apparaissent dans l’os interstitiel ancien
et s’accordent à dire que la qualité de l’os doit égale- tandis que l’os nouvellement formé est moins minéralisé, ce qui réduit sa résistance.
ment être évaluée.
Les traitements antiostéoporotiques doivent corriger
L’os doit être suffisamment rigide pour résister à la
déformation induite par les contraintes liées aux ces différents processus pour avoir un effet antifracturaire optimal. Les médicaments
charges et à la propulsion tout
qui inhibent la résorption
en gardant une certaine flexiEn Savoir Plus
osseuse en diminuant le remobilité, qui lui permette d’absor. La plupart des
delage osseux favorisent la
ber l’énergie et de la restituer
médicaments contre
minéralisation et le comblepour
retrouver
sa
forme
et
sa
l’ostéoporose réduisent de
ment des unités de remodelataille initiales. Il doit par
30 à 50% le risque de
survenue d’une nouvelle
ge, ils préservent le volume
ailleurs être léger pour facilifracture vertébrale chez les
osseux trabéculaire et sa microter la rapidité du mouvement
femmes ostéoporotiques,
architecture ainsi que l’épaiset en même temps solide pour
mais leur capacité à
seur de l’os cortical. Pour
supporter
les
charges.
C’est
augmenter la DMO est très
autant, il existe un seuil (50%)
par sa composition et ses prodifférente, allant de 1 à 7%
selon le médicament.
au-delà duquel l’inhibition de
priétés structurelles qu’il peut
. Les inhibiteurs de la
la résorption n’apporte pas
répondre à ces exigences
résorption induisent, en 3 à
de bénéfice et peut même favoparadoxales. La minéralisa6 mois, un ralentissement
riser l’apparition de microdomtion
de
l’os,
qui
est
de
65
%
du remodelage objectivé
mages osseux ou ralentir leur
chez l’homme, détermine sa
par la modification du taux
des marqueurs osseux.
réparation.
rigidité. Un taux de remodeLa valeur de la DMO ne reflète qu’en partie le
Par ailleurs, la mesure de la
lage trop élevé la diminue, risque fracturaire.
densité minérale osseuse utilirend l’os trop flexible et favosée pour apprécier l’efficacité
rise sa déformation et sa fracture. A l’inverse, une trop grande minéralisation des inhibiteurs de la résorption a une valeur discutainduite par la suppression du remodelage le rend ble. Sous bisphosphonates, la diminution du risque
fracturaire est en effet précoce, maximale au terme de
trop rigide et cassant.
Avec l’âge, les propriétés matérielles et structurelles la première année, alors que l’augmentation de la
de l’os se dégradent. Le remodelage osseux répare les densité osseuse est plus lente, et n’atteint après un an
microdommages osseux. Après la ménopause, ce que la moitié du gain obtenu à plus long terme. De
fait, de récentes études en microradiographie ont
révélé que l’essentiel sinon la totalité de l’augmentation de densité observée sous bisphosphonate était
Doser les marqueurs du remodelage osseux
liée à un accroissement de la densité minérale par
➥ Un meilleur moyen de juger de l’effet antifracturaire
unité de volume osseux plutôt que par un gain de
des traitements antirésorptifs est le dosage des marqueurs
masse osseuse proprement dite et que seule une
de formation et de résorption osseuses, bon reflet du
petite fraction (moins de 30 %) de l’efficacité antiremodelage osseux.
fracturaire des bisphosphonates était expliquée par
➥ Dans l’étude More (Multiple Outcome Raloxifène Evaluation),
des modifications de la DMO. Cela est encore plus
chez les patients qui avaient bénéficié d’un dosage des marqueurs
vrai avec le raloxifène. L’étude de plusieurs modèles
osseux, il existait en effet une relation significative entre la
statistiques a en effet permis de montrer que le gain
décroissance du remodelage osseux observée sous raloxifène et
de densité intervenait pour moins de 10 % dans
le risque de fracture vertébrale (voir aussi page 26). Des résultats
l’effet antifracturaire de ce modulateur sélectif de
similaires ont été observés avec le risédronate et l’alendronate.
l’activation des récepteurs aux estrogènes (Serm).
➥ D’autres mécanismes d’action des inhibiteurs de la résorption
osseuse incluant notamment leurs effets sur la structure des
différentes enveloppes de l’os mériteraient d’être explorés de
manière non invasive (tomodensitométrie quantitative).
22 /
PA N O R A M A D U M É D EC I N / 0 5 J U I N 2 0 0 3 / N ° 4 89 5
D R C ATHERINE B AILLY
D’après les communications d’Ego Seeman (Melbourne,
Australie) et Pierre Delmas (Inserm U 403, hôpital
Edouard-Herriot Lyon), au cours du symposium organisé
par les laboratoires Lilly.
DOSSIER OSTÉOPOROSE
En Savoir Plus
. Le développement
de bisphosphonates
administrables sous forme
hebdomadaire, trimestrielle
ou même annuelle
s’explique par le fait que
ces médicaments ont
la propriété de se fixer
à l’intérieur du squelette
car leur structure est
proche de celle des
pyrophosphates.
. Une fois liés avec le
minéral en formation,
les bisphosphonates sont
absorbés par les
ostéoclastes dont ils
favorisent l’apoptose.
C’est ce mécanisme
qui permet de freiner
la résorption osseuse.
. L’affinité pour le
squelette des différents
bisphosphonates dépend
de leur structure.
Nombreux sont les rhumatologues qui ont insisté
pendant ce congrès sur la mauvaise prise en charge
globale de l’ostéoporose. « Seulement, 20 à 25% des
patients ostéoporotiques bénéficient, en effet, d’un
traitement adapté», indique le Dr Roland Chapurlat,
praticien hospitalier universitaire aux Hospices civils
de Lyon. « Le dépistage de l’ostéoporose n’est pas non
plus organisé de façon cohérente et on estime par
exemple que les deux tiers des fractures vertébrales ne
sont pas reconnues initialement, poursuit ce spécialiste.
Cela est lié en partie au non-remboursement de l’ostéodensitométrie dans de nombreux pays développés,
dont la France, mais aussi à un défaut d’information.»
Une autre difficulté est l’observance thérapeutique
qui demeure insuffisante chez les patients ostéoporotiques. Les résultats de l’étude Impact, détaillés à Rome
par le Pr Pierre Delmas, ont pourtant montré pour la
première fois que le fait de doser les marqueurs du
remodelage osseux pouvait améliorer l’observance
chez certains patients. Cette étude a été entreprise
durant 1 an auprès 2 302 femmes de 65 à 80 ans atteintes d’ostéoporose. Ces patientes recevaient 5 mg/j
de risédronate en sus de 500 mg/j de calcium et de
400 UI/j de vitamine. Certaines bénéficiaient en plus
d’un programme de soutien à la prise du traitement qui
se fondait sur le dosage des marqueurs du turn-over
osseux entrepris aux semaines 10 et 22. Les résultats
ont montré une action dans l’ensemble modeste de ce
programme. Cependant, chez les patientes à faible
risque évolutif, ce type de suivi a permis de renforcer
BSIP
Améliorer l’observance
des patients ostéoporotiques
Des traitements par injection trimestrielle ou même
annuelle de bisphosphonates à l’étude.
l’adhésion au traitement de façon significative en diminuant d’un tiers les arrêts de traitement.
Par ailleurs, l’arrivée de l’ibandronate, un bisphosphonate qui pourrait être administré sous forme d’un traitement cyclique d’un mois sur trois ou, peut-être même,
d’une seule injection intraveineuse par trimestre, pourrait aider à améliorer l’observance. Le zolédronate, un
autre bisphosphonate, auquel plusieurs communications ont été consacrées pendant ce congrès, semble
faire encore mieux. Certaines études de phase II ont,
en effet, suggéré que ce médicament augmente la densité osseuse et modifie les marqueurs du remodelage
osseux de manière comparable aux autres bisphosphonates avec seulement une injection par an ! Une étude
de phase III est actuellement en cours pour évaluer ses
effets préventifs vis-à-vis des fractures ostéoporotiques.
D R C ORINNE T UTIN
D’après un entretien avec le Dr Roland Chapurlat (service de
rhumatologie du Pr Pierre Delmas, Hospices civils de Lyon).
Les promesses de la 1-34 parathormone
Les spécialistes européens attendent avec
beaucoup d’impatience, pour le traitement
des formes sévères d’ostéoporose, l’arrivée
d’un peptide dérivé de la parathormone, la
1-34 PTH. Déjà commercialisé aux EtatsUnis sous le nom de Forteo, cet analogue
de la parathormone s’utilise en injections
sous-cutanées journalières. Il se comporte
comme un puissant ostéoformateur en permettant à la fois d’augmenter les travées
osseuses et d’élargir le diamètre des os
longs, et les études cliniques laissent penser
qu’il diminue dans des proportions importantes le risque fracturaire osseux.
24 /
Néanmoins, sa tolérance au long cours
devra être étroitement surveillée. En effet,
les études de toxicologie ont mis en
évidence dans un modèle de rat, particulièrement sensible il est vrai au développement de tumeurs, un accroissement de la
survenue des ostéosarcomes après utilisation de très fortes doses de produit. La FDA
a tout de même autorisé le médicament,
jugeant que le risque n’était pas significatif
et que ce nouveau médicament était d’un
réel intérêt thérapeutique dans l’ostéoporose. Cependant, Forteo ne peut être
prescrit plus de 2 ans chez les patients
PA N O R A M A D U M É D EC I N / 0 5 J U I N 2 0 0 3 / N ° 4 89 5
ostéoporotiques. Par ailleurs, on ne sait pas
encore quelles seront ses conditions pratiques d’utilisation, par exemple s’il devra
être administré avant ou après les bisphosphonates ou pourra être donné en
même temps.
Un autre médicament, le ranélate de
strontium, pourrait aussi apparaître
prochainement sur le marché européen.
A la différence de la parathormone, ce
produit possède à la fois des propriétés
ostéogéniques et la capacité d’inhiber la
résorption osseuse.
D R C. T.
D’après un entretien avec le Dr Roland Chapurlat.
DOSSIER OSTÉOPOROSE
THS: une action antifracturaire
dès les premières années
En Savoir Plus
. L’effet du THS sur la
densité minérale osseuse
augmente avec la dose
d’estrogène.
Si l’on sait depuis longtemps que le traitement hormonal substitutif (THS) exerce une action favorable
sur l’os chez les femmes ménopausées, sa capacité à
diminuer le risque fracturaire ostéoporotique était
jusqu’ici moins bien évaluée. De plus, les données de
certaines études laissent penser qu’une prise pendant 5 ans au minimum du THS est requise pour
observer cet effet protecteur. Or, on le sait, la majorité des Françaises ne prennent pas le traitement
pendant cette durée. Une situation qui ne risque
guère de se modifier, avec la publication récente des
résultats globalement négatifs de l’étude Women
Health Initiative (WHI), et ce même si cet essai est
aussi la première étude d’intervention à avoir
démontré formellement une diminution de fréquence des fractures du col du fémur sous THS (risque
relatif de 0,66).
Or, voici qu’une étude des spécialistes danois de
l’ostéoporose du centre de Ballerup vient d’apporter
une note optimiste en matière de traitement hormonal substitutif. Ces médecins ont analysé l’évolution
de la masse osseuse et de la maladie ostéoporotique
chez 263 femmes récemment ménopausées parmi
les 347 qui avaient participé à quatre essais randomisés contre placebo et qui avaient reçu un THS ou
un placebo pour une durée maximale de deux à trois
ans sans bénéficier d’aucun autre traitement par la
suite.
Dans ces études, les patientes avaient subi des
radiographies du thorax et des vertèbres ainsi
qu’une ostéodensitométrie. Ces investigations
avaient été pratiquées lors de l’inclusion, à la fin du
traitement et lors du suivi.
Les données observées dans ces essais suggèrent
que l’administration d’un THS pendant deux à trois
ans exerce déjà des effets positifs sur l’os.
Après cessation du traitement, la perte osseuse
est redevenue équivalente à celle observée normalement après la ménopause et plus de quinze ans
après l’arrêt du THS, la masse osseuse demeurait
supérieure de plus de 4 % à celle mesurée dans le
groupe placebo. De plus, le risque de fracture
ostéoporotique était fortement diminué (odds
ratio de 0,42).
D R C ORINNE T UTIN
D’après la communication de Y.Z. Bagger et coll. (Centre de
recherche fondamentale et clinique de Ballerup, Danemark).
Raloxifène: l’étude More confirme un rapport
bénéfices/risques favorable
En Savoir Plus
. Un travail vient d’être
réalisé auprès d’un
sous-groupe de
1 369 femmes ménopausées
de l’étude More présentant
initialement deux fractures
vertébrales (J. Farrerons
et coll., Espagne).
. Les résultats mettent
en évidence une réduction
à 3 ans de 34% du risque
de nouvelles fractures
vertébrales chez
les 917 femmes traitées
par raloxifène.
26 /
Une nouvelle analyse de l’étude
More (Multiple Outcomes of
Raloxifene Evaluation) vient d’être
présentée lors de ce congrès par le
Pr Elizabeth Barrett-Connor (EtatsUnis).
L’originalité de son travail est de
reposer sur un index d’évaluation
globale qui prend en compte toute
première survenue d’événements
pathologiques divers graves (infarctus et mortalité coronaire, AVC,
embolie pulmonaire, cancer du sein
invasif, cancer de l’endomètre, cancer colo-rectal, fracture de hanche,
décès d’autres causes). Cet index
permet d’estimer l’intérêt d’ensem-
PA N O R A M A D U M É D EC I N / 0 5 J U I N 2 0 0 3 / N ° 4 89 5
ble d’un traitement après la ménopause, même si, comme l’admet
E. Barrett-Connor, «il est imparfait,
notamment parce qu’il ne tient pas
compte de l’apparition des phlébites et des fractures vertébrales».
Avec un risque relatif abaissé
à 0,75 chez les 2576 femmes ayant
reçu 60 mg/j de raloxifène, cette
évaluation semble favorable pour
ce Serm et il n’a pas été noté de différence sur ce point entre les sousgroupes constitués en fonction de
l’âge des femmes, de leur index
de masse corporelle, de l’existence
ou non d’une hystérectomie et de la
mesure de la masse osseuse (pré-
sence d’une ostéopénie ou déjà
d’une ostéoporose).
De façon plus détaillée, les résultats mettent en évidence une réduction du cancer du sein (risque relatif
de 0,23) et une tendance à la diminution du nombre d’AVC (0,59) et à
la réduction de la mortalité totale
(0,61) alors que le nombre de fractures de hanche est peu modifié. « Mais
ces données ne peuvent être généralisées aux femmes dénuées de
risque ostéoporotique», a souligné
E. Barrett-Connor.
D R C. T.
D’après la communication de E. BarrettConnor (université de Californie,
San Diego, Etats-Unis).
DOSSIER OSTÉOPOROSE
En Savoir Plus
. Actonel 35 mg est
remboursé à 65% depuis
avril dernier pour le
traitement de l’ostéoporose
avérée avec au moins une
fracture ostéoporotique.
. Le coût d’un
traitement par Actonel
35 mg (37,53 euros TTC)
est équivalent à celui
d’un traitement journalier
avec Actonel 5 mg.
. Actonel 35 mg est
indiqué dans le traitement
de l’ostéoporose
postménopausique pour
diminuer le risque
de fractures vertébrales
ainsi que dans le
traitement de l’ostéoporose
postménopausique avérée
pour réduire le risque
de fracture de hanche.
Le risédronate (Actonel) est l’un des bisphosphonates
les plus utilisés actuellement pour le traitement de
l’ostéoporose. Ce médicament commercialisé par
l’Alliance pour une meilleure santé osseuse, qui rassemble les laboratoires Aventis et Procter & Gamble, bénéficie depuis mars 2003 d’une nouvelle autorisation de
mise sur le marché européenne permettant d’utiliser la
forme dosée à 35 mg en prise unique hebdomadaire.
Une conférence de presse internationale, organisée le
10 mai dernier dans le cadre du congrès de la
European Calcified Tissue Society, a permis de détailler
les données d’une étude récente effectuée avec cette
nouvelle forme de risédronate. «Cet essai, a rappelé le
Pr Steven Boonen du Centre universitaire pour les
maladies métaboliques osseuses de Leuven, a été réalisé en double aveugle chez 1 456 femmes ménopausées
d’au moins 50 ans, toutes porteuses d’une ostéoporose
confirmée (T-score lombaire ou de hanche de moins
de 2,5 déviations standards ou T-score de moins de
2 déviations standards s’accompagnant d’antécédents
de fracture vertébrale).» 480 de ces patientes ont reçu
5 mg de risédronate par jour tandis que 485 autres ont
été traitées par 35 mg de risédronate donnés chaque
semaine et 491 par 50 mg hebdomadaires de ce
bisphosphonate.
Les résultats ont conclu à l’équivalence en termes
d’efficacité et de tolérance d’Actonel 35 mg et d’Actonel
5 mg. Ces deux formes ont, en effet, permis d’obtenir
une augmentation similaire de la densité minérale
osseuse lombaire, ainsi que de la densité minérale de la
hanche, du col fémoral et du trochanter après un an de
traitement et le profil des effets secondaires n’a pas différé pour les deux formes galéniques.
D’autres essais entrepris avec la forme 5 mg/j
d’Actonel ont montré par ailleurs que le risédronate
BSIP
Risédronate : une efficacité
précoce et prolongée
Le risédronate prévient, dès le 6 e mois de traitement,
l’apparition de nouvelles fractures vertébrales.
prévient dès le 6e mois l’apparition de nouvelles fractures vertébrales. « Ce résultat est particulièrement
intéressant, a souligné le Pr S. Boonen, car la maladie
ostéoporotique évolue bien plus rapidement qu’on ne le
pense généralement .» Une étude du Pr R. Lindsay
(hôpital Helen Hayes, New York) a ainsi montré que
les femmes ayant développé une fracture vertébrale
ont une chance sur cinq de développer une nouvelle
fracture de ce type dans l’année qui suit.
De nouvelles données présentées par le Pr S. Boonen
lors de ce congrès ont également confirmé que le
risédronate conserve son efficacité préventive vis-à-vis
des fractures vertébrales et non vertébrales à 3 ans et ce
même chez des patientes de plus de 75 ans. Enfin, une
étude entreprise avec le concours du Pr O. Sorensen
(hôpital d’Hvidore, Danemark) a révélé que le risque
fracturaire demeure bas après 7 ans de traitement par
cette molécule.
D R C ORINNE T UTIN
D’après un symposium organisé par l’Alliance pour une meilleure
santé osseuse.
Une action favorable sur la qualité de l’os
n autre effet du risédronate est son
action favorable sur la qualité de l’os.
Cette conclusion provient des résultats
d’une étude entreprise par le Dr E. Paschalis
(New York) chez 19 femmes ménopausées ayant
reçu, pendant 3 ans, soit du risédronate, soit un
placebo. La réalisation de biopsies osseuses et
l’utilisation d’une technique nouvelle d’imagerie
ont permis d’analyser la cristallinité de l’os
U
28 /
trabéculaire ainsi que sa structure collagénique,
deux paramètres qui déterminent la dureté
de l’os et ses capacités de résistance.
Les 8 femmes ayant reçu le placebo ont
présenté un accroissement significatif de la
cristallinité (1,2 en fin de traitement contre
0,92 initialement) ainsi que du ratio de cross-link
du collagène (1,9 contre 1,4) témoignant d’une
dégradation de la microarchitecture osseuse.
PA N O R A M A D U M É D EC I N / 0 5 J U I N 2 0 0 3 / N ° 4 89 5
En revanche, aucune altération de la cristallinité
de l’os (0,93 versus 0,99) ou du ratio de
cross-link du collagène (1,6 versus 1,6) n’a été
observée chez les 11 femmes traitées par 5 mg/j
d’Actonel. Cette action sur la qualité osseuse n’a
pour l’instant été démontrée que pour le
risédronate et pourrait jouer un rôle notable
dans sa capacité à prévenir le risque fracturaire
ostéoporotique.
DOSSIER OSTÉOPOROSE
RECHERCHE Stimuler la croissance osseuse par ultrasons
ertaines ondes pourraient-elles stimuler la croissance osseuse?
Oui si l’on en croit les résultats rapportés par deux équipes américaines lors de ce congrès. La première de ces équipes (K.A. Hogan
et coll.) s’est intéressée aux ultrasons de faible intensité, et a exposé des
cultures d’ostéoblastes d’origine bovine à des ondes ultrasonores pendant 20 minutes, puis a examiné les modifications de l’activité phosphatase alcaline et du contenu minéral osseux.
Les effets observés ont mis en évidence une stimulation de l’ostéogenèse. Les ostéoblastes traités ont montré plus rapidement une activité
phosphatase alcaline que ceux non traités (15 jours au lieu de 21) et,
après 3-4 semaines, les cultures cellulaires soumises à ce traitement
sonore contenaient davantage de calcium. Par ailleurs, un effet-dose a
été noté, la stimulation de la minéralisation osseuse étant plus impor-
C
Le concept de Serms
(modulateurs sélectifs de
l’activation des récepteurs
estrogéniques) pourrait
permettre de développer dans
l’avenir de nouveaux
médicaments, les Sarms,
agissant de façon plus ciblée sur
l’os mais en se liant non avec un
récepteur pour les estrogènes
mais avec un récepteur pour les
androgènes. Cela permettrait de
disposer de molécules possédant
à la fois des effets bénéfiques au
niveau osseux et capables
d’inhiber la multiplication des
cellules prostatiques, donc
éventuellement de freiner
l’évolution d’un adénome ou
même d’un cancer prostatique.
Identification de
mutations coupables
Des généticiens viennent
d’identifier six nouvelles
mutations à l’intérieur du gène
LRP5 (LDL receptor-related
protein 5), gène essentiel à la
prolifération des ostéoblastes et
à leur fonctionnement.
Ces anomalies ont été isolées au
sein de 10 familles touchées par
des affections héréditaires se
traduisant par une augmentation
de la densité osseuse des os
longs (L. Van Wesenbeeck et coll.,
Anvers, Belgique).
30 /
SUJET ÂGÉ Chute interdite, activité physique conseillée
A
vec le vieillissement de la population, le nombre de fractures
osseuses s’est beaucoup accru ces
dernières décennies. «Il est donc
essentiel d’en prévenir l’apparition,
notamment en évitant les chutes,
premier facteur de risque de fracture avant l’ostéoporose», a rappelé le
Pr P. Kannus de l’université de
Tampere en Finlande. «La présence
de cette affection favorise certes
chez les sujets âgés le développement d’une fracture osseuse pour
un faible traumatisme ou une chute
sur le sol de sa propre hauteur, a
ajouté ce spécialiste, cependant,
bien d’autres paramètres interviennent qui dépendent de l’état nutritionnel du sujet, de sa consommation d’alcool et de tabac, des
pathologies associées, des médicaments reçus…»
Avant tout, c’est le maintien
d’une certaine activité physique
qui doit être encouragé. Des
essais randomisés récents ont,
en effet, montré que cette
mesure contribue à diminuer le
nombre de chutes chez les personnes âgées. De multiples facteurs sont vraisemblablement
impliqués à ce niveau comme
une augmentation de la force
musculaire, une amélioration de
l’équilibre et de la coordination
des mouvements, une diminution
du temps de réaction, tous paramètres qui continuent d’avoir un
impact favorable même à un âge
très avancé.
Une seule étude randomisée, entreprise chez des femmes ménopausées, a analysé les effets de l’exercice
physique vis-à-vis du risque fractu-
BSIP
Des Serms aux Sarms
tante pour les ostéoblastes ayant reçu 2 à 3 traitements sonores quotidiens que pour ceux qui n’avaient été exposés qu’une seule fois par
jour.
L’équipe du Dr Charles Turner (Etats-Unis) a, quant à elle, exploré les
effets de vibrations sonores de faible amplitude en association avec
l’exercice physique. Réalisée chez des souris, l’expérience s’est avérée
là aussi positive. En effet, l’exposition aux vibrations sonores a multiplié par un facteur 4 environ la réponse ostéogénique induite par
l’exercice, laquelle était évaluée en mesurant la croissance périostée
du cubitus. Cependant, les vibrations seules n’ont eu aucun effet sur la
croissance osseuse. Pour les auteurs, il est possible que des phénomènes de type résonance entrent en jeu dans l’action bénéfique de cette
combinaison thérapeutique.
D R CORINNE T UTIN
raire. Ses résultats sont convaincants: les femmes qui avaient pratiqué pendant 2 ans des exercices de
renforcement du dos ont vu leur
nombre de fractures vertébrales
réduit de 63%. Les données de nombreuses études épidémiologiques
suggèrent aussi que l’activité physique diminue de 20 à 70% la probabilité d’apparition d’une fracture de
hanche, un effet-dose étant parfois
constaté.
D R C. T.
PRATIQUE A qui proposer un protecteur de hanches?
P
our réduire les fractures du col du fémur chez le sujet
âgé qui résultent pour la majorité d’entre elles d’une
chute sur le côté avec impact direct sur le grand trochanter fémoral, l’utilisation d’un protecteur mécanique de hanches peut s’avérer utile. Un essai, réalisé
par l’équipe du Pr P. Kannus auprès de 1 801 patients, a
ainsi confirmé que l’emploi de ce type de protection
(type KPH, laboratoire HRA) réduisait de 60% la proba-
PA N O R A M A D U M É D EC I N / 0 5 J U I N 2 0 0 3 / N ° 4 89 5
bilité de fracture de hanche. «Il suffit de proposer ce
moyen de prévention à 8 personnes durant 5 ans ou 41
pendant 1 an pour éviter une fracture de hanche», a souligné P. Kannus.
En pratique, cet expert recommande donc l’emploi d’un
protecteur de hanches chez les personnes âgées à très
haut risque de chute (antécédents de chutes à répétition, trouble de l’équilibre…).
D R C. T.
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