Mariano Delgado
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positif de la tolérance sur « la dignité intangible de la personne humaine » et
parlait du « devenir un du monde »3. La Déclaration du Concile commencera
plus tard par ces mots qui sont tout un programme : « Les hommes de notre
temps prennent une conscience de plus en plus vive de la dignité de la
personne humaine [...] » (DH 1)4.
Les hommes de notre temps, en tout cas ceux qui sont marqués par
l’Occident et/ou par le christianisme, sont particulièrement sensibles aux
violations de la liberté religieuse. Cela apparaît entre autres dans ce que le
gouvernement américain et le Vatican, même si les motifs sont différents,
s’expriment de plus en plus à ce sujet et sont devenus les avocats mondiaux de
la liberté religieuse. Rappelons simplement le rapport annuel de la « United
States Commission on International Religious Freedom » (USCIRF) qui fut
présenté en mai 20065. On y classe les pays dans lesquels, d’après la
compréhension occidentale, la liberté religieuse est violée, en deux catégories :
« les pays avec une situation préoccupante » (en 2006 : la Birmanie, la Corée
du Nord, l’Erythrée, l’Iran, la Chine, l’Arabie Saoudite, le Soudan et le
Vietnam), et « les pays qu’il faut continuer à surveiller » (en 2006 : la
Biélorussie, Cuba, l’Egypte, l’Indonésie, le Nigeria, le Bangladesh et
l’Afghanistan). L’Eglise catholique, dans le rapport annuel de l’organisation
« Aide à l’Eglise en détresse », attire l’attention sur les pays qui limitent la
liberté religieuse surtout des catholiques et d’autres chrétiens6. A la base de ces
jugements sur les violations de la liberté religieuse se trouve la conviction que
celle-ci, telle qu’elle est comprise dans l’espace culturel de l’Occident chrétien,
est un « droit universel et indivisible de l’homme » qui est enraciné dans la
dignité inaliénable de la personne humaine.
3 Jérôme HAMER, Histoire du texte de la Déclaration, dans : Jérôme HAMER / Yves CONGAR
(Dirs.), La liberté religieuse. Déclaration « Dignitatis humanae personae ». Texte latin et traduction
française, Paris 1967, 53-110. Sur l’histoire du texte et son contenu cf. aussi Pietro PAVAN dans :
Lexikon für Theologie und Kirche², supplément : Das Zweite Vatikanische Konzil, Konstitutionen,
Dekrete und Erklärungen, Lateinisch und Deutsch, Kommentare, vol. 2, Freiburg i.B./Basel/Wien
1967, 704-748 ; Roman A. SIEBENROCK, Theologischer Kommentar zur Erklärung über die religiöse
Freiheit Dignitatis humanae, dans : Peter HÜNERMANN / Bernd Jochen HILBERATH (Eds.), Herders
theologischer Kommentar zum Zweiten Vatikanischen Konzil, vol. 4, Freiburg 2005, 125-218 (avec
de nombreuses références) ; cf. aussi : John T. FORD (Ed.), Religious liberty. Paul VI and Dignitatis
humanae. A Symposium sponsored by the Istituto Paolo VI and the Catholic University of America,
Washington, D.C., 3-5 June 1993, Brescia/Roma 1995 (Pubblicazioni dell’Istituto Paolo VI 16) ;
Gwendoline JARCZYK, La liberté religieuse. 20 ans après le Concile, Paris 1984 ; Gabrio LOMBARDI,
Persecuzioni, laicità, libertà religiosa. Dall’Editto di Milano alla « Dignitatis humane », Roma
1991 ; Franz Xaver BISCHOF, Die Erklärung über die Religionsfreiheit Dignitatis humanae, dans : ID.
/ Stephan LEIMGRUBER (Eds.), Vierzig Jahre II. Vatikanum. Zur Wirkungsgeschichte der
Konzilstexte, Würzburg 2004, 334-354.
4 Les documents de Vatican II sont cité d’après : Le Concile Vatican II. Edition intégrale et
définitive, Paris 2003.
5 Cf. par exemple sous : http://www.uscirf.gov.
6 Cf. entre autres : Rapporto 2006 sulla Libertà Religiosa nel Mondo, Roma 2006.