APPEL A COMMUNICATION COLLOQUE INTERNATIONAL : « ECONOMIE ET RELIGION » Sources théologiques et portée religieuse de la pensée économique du début des temps modernes à nos jours. Sciences-Po Lille, 15-16 janvier 2015 La philosophie économique et l'histoire de la pensée économique incitent à remonter le cours du temps et à revenir sur la prétention positiviste d'une science économique autonome. Dans ce mouvement de retour vers l'origine de la discipline, on peut compter deux moments. D'abord, l'inscription sociale de l'économie selon laquelle les coordinations marchandes se rattachent aux conventions et aux normes de la société civile. Ensuite, l'inscription éthique de l'économie selon laquelle les agents ne poursuivent pas leurs intérêts sans se trouver en même temps contraints par l'impératif de justice. A ces deux moments - qui s'expriment aujourd'hui sous la forme des théories institutionnalistes et des théories de la justice sociale - il semble légitime et urgent d'en ajouter une troisième. Il faut parler d'inscription religieuse de l'économie. Deux questions sans doute se posent immédiatement à ce point, comme autant d'objections possibles. D'abord, quel sens donner à ce mouvement de retour ? S'agit-il d'une déconstruction dans l'esprit de la philosophie de Heidegger et de ses successeurs ou encore de la levée d'un refoulement au sens utilisé par Marx ou s'agit-il au contraire d'un mouvement de régression qui fait injure à Auguste Comte et au progrès des sciences ? Ensuite, de quelle religion est-il question parmi toutes les religions passées ou présentes ou quelle notion de religion faut-il mobiliser qui puisse s'accorder au désir de richesses et à l'intérêt de l'agent des économies modernes ? Ces questions ont assurément leur pertinence, mais elles n'ont toutefois aucune raison de faire sérieusement obstacle à l'interrogation de la philosophie économique, à la curiosité de l'historien et à la recherche d'une notion d'économie élargie répondant mieux aux défis contemporains. Dans les moments précédents, il fallait de la même manière préciser le sens de l'interrogation et définir les notions de société civile, de normes, d'institutions, d'éthique ou de justice. Ici, les questions se posent ainsi : l'activité, la pensée et le langage économique ont-ils été et sont-ils encore imprégnés de rites, de mythes, de sacrifices, de prières et d'une présence avouée ou refoulée d'un divin immanent ou d'un Dieu transcendant ? On voit mal ce qui interdirait au philosophe, à l'historien et à tous ceux qui veulent éclairer le présent par les leçons du passé de prendre ces questions au sérieux. Il faut cependant à l’évidence limiter le champ de l'investigation. C'est ce que propose de faire un prochain colloque qui se tiendra à Sciences-Po Lille le 15 et 16 janvier 2015. L'appel à communication avance trois directions – elles-mêmes situées dans le cadre d'une période de temps allant des débuts de l'époque moderne jusqu'à nos jours et dans l'espace circonscrit de l'Occident. D'abord, des études relatives aux auteurs et aux doctrines : quelles sources et quelles traces théologiques peut-on trouver dans la pensée économique de Boisguillebert, d'A. Smith, de Marx, de Keynes ou d'autres encore – cités ici simplement à titre d'exemples ? Quelle portée religieuse aurait eu le développement des doctrines économiques sur les institutions et la vie religieuse des sociétés modernes ? Ensuite, des analyses relatives à des thèmes où les notions économiques semblent déborder au-delà du social et de l'éthique vers la théologie ou le religieux. On pense ici, par exemple, à ce qui a été dit sur la valeur spirituelle du travail, le caractère idolâtre de l'argent, l'angoisse religieuse de l'entrepreneur, l'interdit du taux d'intérêt, le cri sacré du pauvre ou la résonance apocalyptique des catastrophes écologiques. Enfin, une réflexion sur l'épistémologie, la rhétorique ou la forme d'esprit à même d'abriter ces relations où la poétique du divin et les analogies du témoin, du prêtre ou du prophète se distinguent du sobre langage de l’économie, de la rationalité austère de l'agent et de la logique sévère de l'économiste. Déjà, dans les moments précédents de l'institutionnalisme et de l'économie de la justice, l'analyse s'éloigne des causalités entre grandeurs et se libère des mathématiques. Avec le moment de l'inscription religieuse de l'économie, la question se pose de savoir si la pensée économique ne s'exprime pas alors aussi dans des formes non théoriques et essentiellement littéraires où prévalent le récit et la métaphore. CALENDRIER PREVISIONNEL Date limite de soumission des propositions 15 juin 2014 Date de réunion du Comité scientifique 6 septembre 2014 Date de réponse du Comité aux auteurs 15 septembre 2014 Date limite de remise des textes 20 décembre 2014 Date du colloque 15/16 janvier 2015 COMMUNICATIONS Les soumissions peuvent être effectuées en français ou en anglais en ligne à l’adresse suivante : [email protected] Les auteurs sont invités à proposer un projet de 500 mots environ, accompagné d’un bref CV et des adresses postales et électroniques. Comité d’organisation : Arnaud Berthoud – Annette Disselkamp – Patrick Mardellat – Delphine Pouchain – Marlyse Pouchol Comité scientifique : Arnaud Berthoud (Université Lille1-CLERSE) Elodie Bertrand (PHARE) Dominique Bourg (Université de Lausanne) François Dermange (Université de Genève) Daniel Diatkine (Université d'Evry-Val-d'Essonne-PHARE) Annette Disselkamp (Université Lille1-CLERSE) Ragip Ege (Université de Strasbourg-BETA) Céline Ehrwein Nihan (HEIG du Canton de Vaud-Unité RHM) Olivier Favereau (Université Paris Ouest-Nanterre La Défense-EconomiX) André Lapidus (Université Paris1-PHARE) Patrick Mardellat (Sciences Po Lille-CLERSE) Denis Müller (Universités de Genève et Lausanne) Jean-Yves Naudet (Université d'Aix-Marseille III-CREEADP) Claire Pignol (Université Paris1-PHARE) Delphine Pouchain (Sciences Po Lille-CLERSE) Marlyse Pouchol (Université de Reims-CLERSE) Birger Priddat (Universität Witten-Herdecke) Nathalie Sartou-Lajus (Revue Etudes) Stefano Solari (Universita di Padova) Ramon Tortajada (Université PMF Grenoble2)