Cultures potagères
JARDINS DE FRANCE DÉCEMBRE 2009
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Origine et répartition
géographique
La mouche
Phytomyza gymnostoma
, pré-
cédemment classée
Napomyza gymnos-
toma
, a été décrite pour la première fois
en Pologne, près de Poznan, par un spé-
cialiste des diptères, F. Hermann Loew, en
1858.
De 1858 jusqu’à 1979, cette mineuse
n’avait jamais été signalée comme rava-
geur des plantes cultivées. Sans que l’on
sache pourquoi, elle est devenue ravageur
significatif des poireaux et des oignons
dans différents pays européens, semble-
t-il à partir de l’Europe de l’Est.
La mouche mineuse est signalée dans un
nombre croissant de pays avec une mi-
gration d’est en ouest :
- 1986 : Hongrie.
- 1990 : Croatie, Slovaquie.
- 1992 : Serbie Monténégro.
- 1994 : Slovénie, Autriche, Allemagne.
- 1997 : Pologne.
- 1999 : Italie.
- Décembre 2003 : France (Alsace), Es-
pagne, Suisse, Turquie, Royaume-Uni.
Importance des dégâts,
évolution
probable
Il faut s’attendre à voir augmenter signifi-
cativement la présence de cette mouche
en France. Elle doit être considérée comme
un ravageur émergeant, économiquement
important.
Contrairement à d’autres insectes phyto-
phages récemment apparus dans notre
pays, le profil de son origine et de son
évolution ne semble pas être en lien avec
la tendance observée du réchauffement
climatique. Il ne faut pas non plus comp-
ter sur des séquences d’hiver plus froid
pour assurer sa destruction.
Les méthodes de lutte
Une stratégie d’observations et des études
sont nécessaires pour mieux connaître le
cycle de l’insecte, son comportement et la
dynamique des populations, dans le but
d’élaborer des méthodes de lutte cohérentes.
Dans un premier temps, la mise en place de
techniques de piégeage permettra de mieux
connaître les périodes de vol des adultes.
• La protection chimique : actuelle-
ment ce ravageur n’est pas pris en compte
par la législation européenne et, de ce fait,
aucun produit phytosanitaire ne peut être
préconisé.
• Les ennemis naturels de la mi-
neuse, parasitoïdes ou prédateurs :
en règle générale, les larves de mouches
mineuses sont souvent des hôtes de nom-
breux insectes parasitoïdes¹, notamment
des hyménoptères. Dans le cas de la
mouche mineuse du poireau, un parasi-
Quelques éléments de description et de biologie
Phytomyza gymnostoma
est classée dans les Diptères de la famille des Agromyzidae. Dans cette fa-
mille se trouvent essentiellement des mouches mineuses, avec 2 900 espèces connues dans le monde.
L’identification précise de ces mouches est difficile et délicate. Certaines sont des ravageurs poly-
phages très connus, comme la mineuse serpentine américaine :
Liriomyza trifolii.
La détermination
est affaire de spécialistes, peu nombreux, à partir d’infimes détails anatomiques tels que la forme des
organes génitaux des mâles.
L’insecte hiverne au stade pupe dans les tissus de la plante. Les premiers adultes émergent des
pupes au printemps et se présentent sous la forme de mouches grisâtres de 3 mm de long, avec une
tête jaune, et une partie ventrale de l’abdomen également jaune. L’envergure des ailes est en moyenne de 2,9 mm chez le mâle,
et de 4 mm chez la femelle. Les pattes de l’insecte sont gris foncé avec des points jaunes aux articulations.
Dans un premier temps, les femelles pratiquent sur les feuilles des piqûres d’alimentation. La distribution de ces piqûres sur le
feuillage du poireau est sans aucun doute pour le jardinier non spécialiste le moyen le plus sûr de savoir que l’on est en présence
de la mineuse. Sur les feuilles, ces piqûres se présentent sous la forme de petits points blancs jaunâtres alignés verticalement.
Après l’acquisition de la nourriture, les femelles pondent dans les points blancs au sein des tissus de la feuille, en partie basse
près du point de division fût/feuille. Les œufs donnent naissance à des larves qui ont la forme d’asticots jaunâtres de 6 mm de
long. À la fin du cycle, en partie basse de la mine, la larve va élargir légèrement la galerie pour former une logette dans laquelle
elle se nymphosera.
Les premiers insectes ayant attaqué très tôt les poireaux en fin de printemps donneront naissance à une seconde génération en
fin d’été début d’automne.
Les premiers vols de début de saison font toujours beaucoup de dégâts, car ils attaquent des plantes très jeunes, pouvant pro-
voquer leur mort (explication des pertes constatées après plantation). À cette période chaude de l’année, le cycle de dévelop-
pement de l’insecte est rapide. En cours de culture, on estime que 20 pupes par plante assurent la destruction de celle-ci.
À l’inverse, le second vol de fin d’été/début d’automne occasionne des dégâts beaucoup moins importants, car il survient sur
des plantes plus développées, avec un cycle adultes/pupes plus lent et plus court en raison de la décroissance rapide des tem-
pératures moyennes à l’automne.
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