MISE AU POINT
La Lettre du Neurologue - vol. VIII - n° 8 - octobre 2004
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diaques principalement valvulaires (atteinte rhumatismale, fibrose
ou calcifications). Les autres anomalies telles que cardiomyopa-
thie hypertrophique, anévrysme aortique ou affections cardiaques
congénitales sont plus rares.
Manifestations cliniques et diagnostic
Les manifestations neurologiques sont l’expression la plus fré-
quente des FEP localisés aux cavités gauches : accidents isché-
miques cérébraux transitoires ou constitués, occlusion de l’artère
centrale de la rétine (13). Les autres complications telles que la
mort subite, l’angor ou l’infarctus du myocarde, le bloc auriculo-
ventriculaire ou les embolies systémiques sont plus rares. Dans
les localisations droites, dyspnée et embolie pulmonaire ont été
rapportées.
Le mécanisme des complications cliniques est d’origine throm-
botique. Les FEP apparaissent comme un réseau formant un point
d’appel thrombotique, avec migration de thromboses récentes de
petite taille rendant compte des tableaux neurologiques répétés, le
plus souvent régressifs. Il est exceptionnel que le FEP se détache
en bloc et soit retrouvé au cours d’une désobstruction, comme
cela a été rapporté au niveau de l’artère poplitée.
L’échocardiographie réalisée par voie transœsophagienne assure
le diagnostic et permet d’éliminer d’autres lésions morphologique-
ment voisines : végétations d’endocardite infectieuse, fibrome ou
thrombus pédiculé, myxome de petite taille, fenestrations com-
missurales des sigmoïdes aortiques. La lésion échocardiographique
apparaît ronde ou ovalaire d’apparence irrégulière, aux limites bien
identifiées, et le plus souvent mobile (figure 6).
Traitement
Nous ne disposons pas de données significatives évaluant le rôle
préventif des traitements antithrombotiques dans le cadre des
FEP symptomatiques. Il semble cependant que ces traitements
soient impuissants dans la prévention des récidives.
Les FEP des cavités gauches symptomatiques relèvent d’un trai-
tement chirurgical. Dans les formes asymptomatiques, la taille de
la tumeur et sa mobilité sont des facteurs à prendre en compte
dans la décision chirurgicale éventuelle. Pour certains auteurs, la
chirurgie est conseillée en présence d’un FEP de découverte fortuite
si sa taille est ≥1 cm, en particulier chez un sujet jeune à faible
risque de complications chirurgicales et particulièrement s’il existe
d’autres anomalies cardiaques.
L’exérèse chirurgicale est le traitement de référence, le plus sou-
vent en conservant la valve native. La vidéochirurgie, d’intro-
duction récente, peut parfois être proposée selon la morphologie
de la lésion. Elle procède d’un abord limité et respecte le plus
souvent l’appareil valvulaire. L’évolution après exérèse chirurgi-
cale est le plus souvent favorable et sans risque de récidive, tant
clinique qu’échocardiographique.
L’indication chirurgicale pour les FEP localisés aux cavités droites
est plus discutée. Elle semble justifiée pour les FEP volumineux
à haut risque hémodynamique et/ou embolique, en particulier en
présence d’un foramen ovale perméable favorisant l’embolie
paradoxale d’un fragment tumoral.
■
Remerciements
Nous remercions les docteurs Martine Barthelet (laboratoire
d’échocardiographie), Françoise Thivolet (service d’anatomie
pathologique), Robert Loire (service d’anatomie pathologique)
et Olivier Jegaden (service de chirurgie cardiaque) de l’hôpital
cardiologique de Lyon pour leur aide iconographique.
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Figure 6. Aspect échocardiographique d’un FEP.