Robert J. Vallerand, Ph.D., FRSC Laboratoire de Recherche sur le Comportement Social Université du Québec à Montréal La psychologie de la passion : théorie et recherche Résumé “Ah, sa passion lui a coûté cher”; “Il a bien réussi car il est passionné”. Le concept de passion est utilisé régulièrement dans notre quotidien, parfois pour expliquer des comportements adaptatifs et parfois pour expliquer des comportements posant problème. Qu’en est-il dans les faits? La passion est-elle bonne ou néfaste pour la personne? Jusqu’à tout récemment, aucune théorie en psychologie n’existait pour permettre de répondre à cette question. En effet, même si les philosophes ont longtemps discouru sur ce sujet, la psychologie avait négligé cette dimension pourtant importante de notre quotidien. Vallerand et ses collègues (2003) ont proposé la première théorie sur le sujet. Selon cette théorie, le Modèle Dualiste de la Passion (Vallerand, 2010; Vallerand et al., 2003), la passion représente une vive inclination envers une activité qu’une personne aime, juge importante et dans laquelle elle investit régulièrement temps et énergie. La passion représente donc une importante force motivationnelle. De plus, le modèle postule l’existence de deux types de passion. La passion obsessive représente ce puissant désir de faire l’activité qui en vient à contrôler la personne et à la rendre en quelque sorte esclave de l’activité qu’elle aime. En revanche, la passion harmonieuse représente un vif désir de faire l’activité mais qui demeure sous le contrôle de la personne. Il en découle donc que la passion puisse mener à des bienfaits ou des méfaits selon le type de passion en cause; la passion harmonieuse menant à des conséquences adaptatives et la passion obsessive à des conséquences nettement moins adaptatives et parfois carrément nocives. Plus d’une centaine d’études réalisées de par le monde ont permis de soutenir cette hypothèse de base en ce qui concerne une pléiade d’activités et de conséquences. L’exposé permettra d’illustrer cette perspective sur la passion. Biographie Le Professeur Vallerand a obtenu le doctorat de l'Université de Montréal et réalisé des études postdoctorales à l'Université de Waterloo (Ontario). Il a enseigné à l’Université de Guelph et à l’Université McGill. Il est présentement Professeur Titulaire en psychologie sociale et Directeur du Laboratoire de Recherche sur le Comportement Social à l’Université du Québec à Montréal. Il fut Directeur du département de psychologie à l’UQAM et de celui du Department of Educational and Counselling Psychology à l’Université McGill. Il fut également Président de la Société québécoise pour la recherche en psychologie, de la Société Canadienne de Psychologie et de la International Positive Psychology Association (IPPA). Le Professeur Vallerand est reconnu comme l’un des chercheurs les plus influents dans le secteur des processus motivationnels où il a développé des théories sur la motivation intrinsèque et extrinsèque ainsi que sur la passion envers des activités. Ses travaux portent présentement surtout sur le concept de passion. Il a publié ou édité 7 livres et environ 300 articles et chapitres scientifiques. Ses travaux ont été cités largement (plus de 27,000 fois) et il a reçu plusieurs millions ($) en subventions de recherche. Il a été Conférencier Invité (Keynote) dans de nombreux congrès nationaux et internationaux. Il a supervisé plusieurs étudiants aux études avancées dont 20 qui sont maintenant professeurs universitaires au Canada et en Europe. Le Professeur Vallerand a reçu plusieurs prix et honneurs. Ainsi, il est Fellow d’une douzaine de sociétés savantes dont la American Psychological Association, la Association for Psychological Science, la Society for Personality and Social Psychology, la Société Royale du Canada, et plusieurs autres. Il a aussi reçu le Prix de Carrière AdrienPinard de la Société québécoise pour la recherche en psychologie, le Donald O. Hebb de la Société Canadienne de Psychologie pour l’ensemble de ses contributions à la Science Psychologique (les prix en recherche les plus reconnus pour un psychologue au Québec et au Canada, respectivement), et le Prix Scientifique du Comité International Olympique (CIO).