Le Courrier des addictions (10) – n ° 3 – juillet-août-septembre 2008
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Les joueuses dargent : un trip sans drogue ?
Z. Domic*
Une meilleure connaissance de la problématique du jeu au
féminin ne s’inscrit pas dans la seule perspective d’offrir une
aide mieux adaptée à celles que la passion du jeu engage
dans la souffrance. Passion l’être se trouve tout entier
et douloureusement impliqué, suspendu à l’arrêt de l’autre,
psent dans toute passion. Ici, il s’appelle le hasard.
Le jeu c’est la vie !
Le jeu est synonyme de bonne santé et de
bien-être de toute société, toute culture et
tout âge. Activité de la créativité humaine
par excellence avec laquelle l’enfant dé-
couvre le monde, ses capacités, ses désirs
et ses chagrins. Rien de plus inquiétant que
lorsque l’enfant manifeste de l’indifférence
pour une activité dont le caractère ludique
est le moteur de apprentissage (pour Winni-
cott, le jeu est la preuve de la créativité qui
signifie la vie).
L’adulte reste lui-même cet enfant qui ne
cesse de lui rappeler que “la vie n’est pas
un jeu”, mais qu’elle ne peut pas exister
sans créer, inventer, chercher, se divertir.
Existe-t-il une activité humaine qui ne com-
porte pas cette dimension ? Et pourtant, tel
Janus, comme le rappelait la présentation de
* Psychiatre, centre Marmottan, 17, rue d’Armaillé,
75017 Paris.
la journée, l’homme la femme est tou-
jours attiré(e), inexorablement, par l’autre
côté.
Passion frénétique, destructrice
Le jeu peut alors devenir une véritable ma-
ladie affective. Le visage du joueur “patho-
logique” est celui de la profonde tristesse,
de l’abattement, voire de la déchéance. De
l’abrasion des sens et de soi... Pourtant, le
fait qu’une personne puisse devenir dé-
pendante (aux jeux) reste une énigme. La
souffrance psychique provoquée par cet
état de dépendance se situe au cœur d’une
subjectivité tiraillée entre le raisonnable et
l’excessif. Mais, au fait, la femme qui joue
est-elle un “homme-joueur” ? À quoi joue-
t-elle au juste ? À gagner, répond, bien sûr,
l’interrogée ! Pourquoi l’argent et le pou-
voir seraient-ils le monopole des hommes ?
L’égalité de chances dans la vie, dans la
société moderne, est au cœur de débats et
de luttes. “Le XXIe siècle est le siècle de la
femme”, déclarait Alain Touraine. Le so-
ciologue le confirme : la femme se trouve
où, autrefois, se trouvait exclusivement
l’homme. Mais pour elles, comme pour eux,
les mœurs et les pratiques changent dans un
monde le virtuel crée de nouvelles for-
mes de liens et solitudes. Les pratiques du
jeu suivent cette mutation. Elles concernent
désormais les jeunes, les femmes, et même
les “seniors”. Elles deviennent plus solitai-
res, moins socialisées. Elles touchent des
couches sociales diverses. Elles sont fré-
quemment compulsives.
Une question de santé publique
Rien d’étonnant à ce que la dépendance aux
jeux soit introduite, depuis une vingtaine
d’années, “en pathologie”, comme trouble
de l’impulsion, dans la classification des
maladies, au chapitre des “autres troubles
addictifs”. Elle est actuellement considérée
comme une véritable question de santé pu-
blique.
Une meilleure connaissance de la problé-
matique du jeu au féminin ne s’inscrit pas
dans la seule perspective d’offrir une aide
mieux adaptée à celles que la passion du
jeu engage dans la souffrance. Passion
l’être se trouve tout entier et douloureuse-
ment impliqué, suspendu à l’arrêt de l’autre
présent dans toute passion et qui s’appelle
ici le hasard.
Le gagnant de cette opération ne serait-il pas
l’enrichissement de la compréhension de
cette énigme de la dépendance humaine ?
n
Faculté de pharmacie
de l’Observatoire
27 mars 2008
Le cannabis lèse le cerveau
Une nouvelle étude menée dans le département de psychiatrie de Mel-
bourne* vient de montrer, par imagerie médicale (IRM), qu’une
consommation “soutenue” de cannabis (plus de 5 joints par jour)
était susceptible d’entraîner une perte moyenne de 12 % du vo-
lume de l’hippocampe (émotions et mémoire) et de 7 % de celui de
l’amygdale (agressivité, peur). Reste à préciser les mécanismes de
cette atteinte cérébrale, et les possibilités de récupération après
arrêt de la consommation de cannabis.
* Yücel M, Solowij N, Respondek C et al. Regional brain abnormalities associated
with long-term heavy cannabis use. Arch Gen Psychiatry 2008;65(6):694-701.
Méthadone en gélules, c’est bien compliqué !
“L’accès à la forme gélules de méthadone, en substitution des opiacés,
risque d’être découragé par la complication du circuit de distribution”,
remarque la revue Prescrire, dans son numéro de juin, qui quali-
fie par ailleurs cette nouvelle mise à disposition de “bienvenue”.
L’ingestion de méthadone peut être mortelle, mais c’est le cas de
nombreux autres médicaments, remarque la revue. “Le parcours
à suivre spécifique de la méthadone est pourtant exceptionnellement
lourd : forme gélules réservée aux patients traités depuis plus d’un an
et stabilisés avec le sirop ; prescription initiale semestrielle réservée à
certains médecins spécialisés auxquels le médecin traitant doit adresser
le patient tous les six mois ; inscription sur l’ordonnance du nom du phar-
macien dispensateur ; obligation pour le patient de suivre un protocole
de soins établi entre le médecin traitant et l’assurance maladie…”. Une
complication de l’accès à ce médicament, stigmatisante de surcroît
estime Prescrire qui risque d’avoir un effet décourageant pour des
patients qui cherchent à en finir avec l’usage illicite de drogue.
www.prescrire.org.
P.d.P.
Brèves
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