Les joueuses d’argent : un trip sans drogue ? Z. Domic* Une meilleure connaissance de la problématique du jeu au féminin ne s’inscrit pas dans la seule perspective d’offrir une aide mieux adaptée à celles que la passion du jeu engage dans la souffrance. Passion où l’être se trouve tout entier Faculté de pharmacie et douloureusement impliqué, suspendu à l’arrêt de l’autre, de l’Observatoire 27 mars 2008 présent dans toute passion. Ici, il s’appelle le hasard. Le jeu c’est la vie ! Le jeu est synonyme de bonne santé et de bien-être de toute société, toute culture et tout âge. Activité de la créativité humaine par excellence avec laquelle l’enfant découvre le monde, ses capacités, ses désirs et ses chagrins. Rien de plus inquiétant que lorsque l’enfant manifeste de l’indifférence pour une activité dont le caractère ludique est le moteur de apprentissage (pour Winnicott, le jeu est la preuve de la créativité qui signifie la vie). L’adulte reste lui-même cet enfant qui ne cesse de lui rappeler que “la vie n’est pas un jeu”, mais qu’elle ne peut pas exister sans créer, inventer, chercher, se divertir. Existe-t-il une activité humaine qui ne comporte pas cette dimension ? Et pourtant, tel Janus, comme le rappelait la présentation de * Psychiatre, centre Marmottan, 17, rue d’Armaillé, 75017 Paris. la journée, l’homme – la femme – est toujours attiré(e), inexorablement, par l’autre côté. Passion frénétique, destructrice Le jeu peut alors devenir une véritable maladie affective. Le visage du joueur “pathologique” est celui de la profonde tristesse, de l’abattement, voire de la déchéance. De l’abrasion des sens et de soi... Pourtant, le fait qu’une personne puisse devenir dépendante (aux jeux) reste une énigme. La souffrance psychique provoquée par cet état de dépendance se situe au cœur d’une subjectivité tiraillée entre le raisonnable et l’excessif. Mais, au fait, la femme qui joue est-elle un “homme-joueur” ? À quoi jouet-elle au juste ? À gagner, répond, bien sûr, l’interrogée ! Pourquoi l’argent et le pouvoir seraient-ils le monopole des hommes ? L’égalité de chances dans la vie, dans la société moderne, est au cœur de débats et Le cannabis lèse le cerveau Brèves Une nouvelle étude menée dans le département de psychiatrie de Melbourne* vient de montrer, par imagerie médicale (IRM), qu’une consommation “soutenue” de cannabis (plus de 5 joints par jour) était susceptible d’entraîner une perte moyenne de 12 % du volume de l’hippocampe (émotions et mémoire) et de 7 % de celui de l’amygdale (agressivité, peur). Reste à préciser les mécanismes de cette atteinte cérébrale, et les possibilités de récupération après arrêt de la consommation de cannabis. *Yücel M, Solowij N, Respondek C et al. Regional brain abnormalities associated with long-term heavy cannabis use.Arch Gen Psychiatry 2008;65(6):694-701. Méthadone en gélules, c’est bien compliqué ! “L’accès à la forme gélules de méthadone, en substitution des opiacés, risque d’être découragé par la complication du circuit de distribution”, remarque la revue Prescrire, dans son numéro de juin, qui quali- de luttes. “Le XXIe siècle est le siècle de la femme”, déclarait Alain Touraine. Le sociologue le confirme : la femme se trouve là où, autrefois, se trouvait exclusivement l’homme. Mais pour elles, comme pour eux, les mœurs et les pratiques changent dans un monde où le virtuel crée de nouvelles formes de liens et solitudes. Les pratiques du jeu suivent cette mutation. Elles concernent désormais les jeunes, les femmes, et même les “seniors”. Elles deviennent plus solitaires, moins socialisées. Elles touchent des couches sociales diverses. Elles sont fréquemment compulsives. Une question de santé publique Rien d’étonnant à ce que la dépendance aux jeux soit introduite, depuis une vingtaine d’années, “en pathologie”, comme trouble de l’impulsion, dans la classification des maladies, au chapitre des “autres troubles addictifs”. Elle est actuellement considérée comme une véritable question de santé publique. Une meilleure connaissance de la problématique du jeu au féminin ne s’inscrit pas dans la seule perspective d’offrir une aide mieux adaptée à celles que la passion du jeu engage dans la souffrance. Passion où l’être se trouve tout entier et douloureusement impliqué, suspendu à l’arrêt de l’autre présent dans toute passion et qui s’appelle ici le hasard. Le gagnant de cette opération ne serait-il pas l’enrichissement de la compréhension de cette énigme de la dépendance humaine ?n fie par ailleurs cette nouvelle mise à disposition de “bienvenue”. L’ingestion de méthadone peut être mortelle, mais c’est le cas de nombreux autres médicaments, remarque la revue. “Le parcours à suivre spécifique de la méthadone est pourtant exceptionnellement lourd : forme gélules réservée aux patients traités depuis plus d’un an et stabilisés avec le sirop ; prescription initiale semestrielle réservée à certains médecins spécialisés auxquels le médecin traitant doit adresser le patient tous les six mois ; inscription sur l’ordonnance du nom du pharmacien dispensateur ; obligation pour le patient de suivre un protocole de soins établi entre le médecin traitant et l’assurance maladie…”. Une complication de l’accès à ce médicament, stigmatisante de surcroît estime Prescrire qui risque d’avoir un effet décourageant pour des patients qui cherchent à en finir avec l’usage illicite de drogue. www.prescrire.org. P.d.P. 23 Le Courrier des addictions (10) ­– n ° 3 – juillet-août-septembre 2008