Rachmaninov, Richard Clayderman, les discours de l'ayatollah Khomeiny ou encore les chants du
IIIe Reich : on trouve de tout parmi les cassettes empilées dans la voiture d'Ahmed Huber. Au
abord, l'homme est affable et courtois. Une sorte de grand père à la démarche claudicante, tout en
rondeurs et en cheveux blancs. Il reçoit dans son pavillon de banlieue à Muri, près de Berne, à
proximité du nouveau siège du ministère public suisse. Ancien administrateur de la société al-Taqwa
, Ahmed Huber a été placé, le 7 novembre 2001, sur la "liste noire" américaine du
terrorisme. On ne peut pas dire que cela le perturbe. "Vous voulez mon CV ? J'ai des photos, aussi,
"
Il fut un temps où Ahmed s'appelait Albert. Fils d'une famille bourgeoise suisse, Albert Huber étudie
le droit et rejoint les rangs du Parti socialiste de son pays dans les années 1950. "On m'a dit :
camarade Huber, on a besoin de toi comme rédacteur pour notre journal. Tu travailleras auprès du
gouvernement et du Parlement.
" En novembre 1959, Albert Huber héberge trois Algériens du FLN,
poursuivis par la police pour avoir acheté des armes. "C'était un ordre du parti. Ces trois hommes
brillants m'ont éclairé. De leur bouche, j'ai entendu pour la première fois parler des Frères
musulmans." Dès lors, Albert Huber lit, s'instruit, écoute. En 1962, il se convertit au Centre islamique
de Genève, créé par Saïd Ramadan, dont le fils Hani a pris la succession. Le poste d'observation du
journaliste Huber, au sommet du pouvoir
suisse, est privilégié. Sa conversion intéresse fortement les
autorités égyptiennes. Il est invité à l'ambassade, puis au Caire, haut lieu du panarabisme. "J'ai été
reçu par Nasser, un homme formidable. Il m'a dit qu'un seul autre pays avait lutté contre nos trois
ennemis que sont la décadence occidentale, le marxisme et le judaïsme sioniste : l'Allemagne."
L'Allemagne nazie. C'est alors qu'Albert devient "Ahmed" et que le socialiste se transforme en un
militant de synthèse, mélange d'islamisme, de panarabisme et d'antisionisme. "Vous connaissez ce
livre ? Il est passionnant ", sourit Ahmed Huber, en brandissant Le Croissant et la croix gammée, de
Roger Faligot et Rémi Kauffer, ouvrage consacré aux "secrets de l'alliance entre l'islam et le nazisme
de Hitler à nos jours". Ahmed Huber ne cache rien de ses opinions : il les étale comme les cartes d'un
ans, il jubile et revendique ses accointances sulfureuses, comme celle avec
Johannes von Leers, adjoint de ses anciens compagnons le banquier suisse François Genoud,
sympathisant nazi ami de l'Egypte et créateur de la Banque commerciale arabe à Lausanne.
Marié à une Egyptienne, père d'un avocat et d'un informaticien ayant combattu les Soviétiques en
Afghanistan pendant quelques mois, Ahmed Huber entretient son carnet d'adresses depuis trente ans,
dans le monde arabe, en participant à des conférences sur l'islamisme. C'est au cours d'une de ces
conférences, organisée en Iran en 1988, qu'il aurait rencontré Youssef Nada. "Il m'a proposé de
devenir conseiller d'Al-Taqwa Management. Il avait besoin d'un Suisse, spécialiste des médias,
face en cas de problème." C'est également à l'occasion de conférences à
six ans,qu'Ahmed Huber fait la connaissance de proches d'Oussama Ben Laden. "Deux ou trois fois,
la famille Ben Laden a été le sponsor d'al-Taqwa. C'est normal : il s'agit de la plus grande
compagnie de construction du monde musulman. Mais ils se sont désolidarisés d'Oussama." Ahmed
Huber ne se fait aucun souci pour la suite de l'enquête conduite par les autorités suisses. "Au parquet
fédéral, ce sont des gens bien
", dit-il.
Ahmed Huber parie sur une issue favorable, jurant qu'aucun lien
ne peut être établi entre al-Taqwa et des organisations terroristes. Heureux de ses effets, Ahmed
Huber disserte sur les bons et les mauvais juifs, la disparition "nécessaire" de l'Etat d'Israël et assure
que ses idées comptent des partisans dans toutes les sphères de la société suisse. "Bush et ses
conseillers sionistes ont commis une grave erreur en s'attaquant aux financiers arabes, liés aux
grandes familles d'Arabie saoudite, de Jordanie, du Maroc ou des émirats du
Golfe. Ils désavouent
ainsi leurs propres alliés. On dirait vraiment un éléphant dans un magasin de porcelaine."
C'est peu dire que la présence du candidat d'extrême droite au second tour de l'élection présidentielle
française réjouit l'ancien administrateur d'Al-Taqwa. "C'est formidable comme résultat ! Il n'y a plus
qu'à surmonter les manifestations de rue marxistes !" Ahmed Huber connaît le leader du Front
http://fr.metapedia.org/wiki/Ahmed_Huber