Introduction
La réanimation est un lieu, un service à part entière où patients, familles et soignants
(médecins, infirmières, cadres de santé, aides soignantes...) se côtoient, partagent des
moments plus ou moins difficiles, et où la mort est omniprésente. Avant, le décès intervenait
chez soi, en famille. Aujourd'hui, l'hôpital est un lieu où l'on meurt suite à des défaillances
multiples, suite à la vieillesse... Nous le verrons plus bas, les services de réanimation, dans leur
histoire, sont là pour sauver et ne sont pas préparés à la fin de vie. La technique médicale sans
cesse plus performante, ne résout pas tous les problèmes mais peut aider à mieux
accompagner un décès si elle est utilisée dans le respect de chacun et de la législation en
vigueur. La limitation et arrêt de(s) thérapeutique(s) active(s) (LATA) permet sous couvert de la
justice d'accompagner la personne en fin de vie vers une mort digne. Pourtant,
l'accompagnement vers un décès proche n'est pas une décision facile pour ceux qui y
participent. La société d'aujourd'hui évite le sujet de la mort pourtant inévitable dans une vie
d'homme. Cette mort redoutée et oubliée pour certains se produit de plus en plus en service de
réanimation : nouveau paradigme pour une nouvelle mort.
1 Questionnement
La limitation et arrêt de(s) thérapeutique(s) active(s), est une phrase bien médicale et
juridique pour accompagner une personne en fin de vie. Après plusieurs expériences, je me
suis rendu compte que la loi Leonetti était peu connue, voir inconnue et pour la majorité mal
interprétée. Pourtant, ce texte est la référence en matière de non obstination des soins.
Aujourd'hui quelle place donner aux choix du patient pour une fin de vie digne dans un contexte
où il faut guérir sa propre mort ? Comment humaniser un soin quand la technique et la
performance sont les seuls mots d'ordre ? La réanimation est aujourd'hui, un des lieux où l'on
vient mourir, alors comment les professionnels se sont-ils adaptés à ces nouvelles décisions de
fin de vie dans un service où l'ont veut sauver ? Nous, soignants, sommes formés à accueillir,
éduquer, écouter, prévenir et pour globaliser, prendre soin d'une personne à part entière. Alors
sommes nous suffisamment formés et impliqués pour contribuer à la décision d'arrêt des
thérapeutiques ? Connaissons-nous suffisamment les souhaits du patient et à fortiori ceux des
proches pour prendre une telle décision ? Comment accompagner et prendre soin jusqu'à la
mort ? La famille est-elle suffisamment impliquée dans la/les décision(s) ? Comment la famille
est-elle accompagnée par les soignants dans cette décision de limitation des soins ? Le
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